Accueil Autres Actualités Diakaria Koulibaly de l’Office National des Pétroles: «Le prix à la pompe...

Diakaria Koulibaly de l’Office National des Pétroles: «Le prix à la pompe en Guinée est nettement inférieur à celui du Mali, de la Côte d’ivoire et du Sénégal»

PétroleFace à la baisse des Platt’s (tarifs du pétrole brut) à l’International et ses différentes conséquences, la Cellule de Communication du Gouvernement a rencontré  Monsieur Diakaria Koulibaly, Directeur Général de l’Office National des Pétroles (ONAP), pour une interview à bâtons rompus.

Bonjour Monsieur Koulibaly. Pouvez-vous vous présenter et nous dire en quelques mots quel est le rôle de votre Office en général et plus particulièrement en matière de structure de prix?

Bonjour. Je me nomme Koulibaly Diakaria et je suis le Directeur Général de l’Office National des Pétroles. L’Office est chargé de la  mise en œuvre de la politique du gouvernement dans le domaine des activités pétrolières aussi bien en amont qu’en aval.

En matière de structure de prix, son rôle consiste à élaborer mensuellement le prix à la pompe par référence aux paramètres constitutifs des coûts d’importation et autres frais locaux. A cet effet, l’office analyse l’impact de l’évolution des Platt’s à l’international sur le prix à la pompe et communique les résultats qui en découlent à l’autorité dans le but de lui servir d’outil d’aide à la prise de décision.

Quel est le prix moyen du litre à la pompe pratiqué actuellement à l’échelle internationale ? (Interview réalisée le 24 Janvier)

Le prix moyen  de cession du litre à la pompe pratiqué actuellement à l’échelle international est de 0,97 dollars. La conversion de ce montant en franc guinéen donne la somme de 8 342  GNF /litre par référence au fixing affiché par la Banque Centrale  à la date du 22 janvier 2016 (1 dollar =8 600 GNF) et atteste que le prix pratiqué en Guinée est dans la bonne moyenne par comparaison à celui de l’international.

Il faut préciser que ceci est une évaluation à minima d’autant plus que les activités d’importation de carburant ne sont pas couvertes en termes de devises par la Banque Centrale mais plutôt les banques primaires qui affichent encore des taux de cession  plus élevés.

Alors dites-nous pourquoi le prix à la pompe ne suit pas systématiquement la baisse du prix de baril  enregistrée à l’international ?

La raison est la suivante : nous sommes face à une interférence de deux réalités dont les impacts se désagrègent en termes d’effet.

La première est la chute considérable du prix de baril à l’international induisant ainsi  une amélioration des coûts d’importation du prix de carburant à l’international.

La deuxième réalité est l’appréciation spectaculaire  du dollar qui est la monnaie d’importation du carburant induisant un effet opposé à la première c’est à dire un renchérissement du coût d’importation lié à l’effet de change ou monétaire.

Il en résulte un effet de compensation à l’intérieur de la structure de prix qui réduit drastiquement la marge de manœuvre du gouvernement pour toute initiative de baisse du prix de carburant au risque de basculer dans la subvention du prix à la pompe.

Pour illustrer l’impact de cet effet de change sur le prix du carburant  à la pompe, ramenons le même montant du prix moyen de cession du litre à l’international c’est à dire les 0.97 dollar en Franc Guinéen par référence aux affichages de la Banque Centrale en janvier 2015 et 2016 suivant les taux de fixing respectifs de 7 050 et 8 600 GNF pour  1 dollar.

Vous trouverez respectivement les valeurs de 6 838 et 8 342 GNF et comprendrez aisément l’effet du surcoût lié à l’impact du taux de change.

Il convient de préciser que ce retrait du Franc Guinéen face au dollar en termes de parité n’est pas un phénomène isolé pour la Guinée mais plutôt une réalité mondiale et concerne toutes les monnaies du monde.

Quel est le positionnement de la Guinée en termes de prix par rapport aux pays voisins ?

A date, le prix à la pompe pratiqué en Guinée est nettement inférieur à celui en vigueur au Mali, en Côte d’ivoire et au Sénégal et ces pays affichent en moyen un prix de cession au litre de l’ordre de 9 500 GNF.

La Sierra Léone et le Libéria sont autour de 0,85 dollar soit 7 300 GNF.

J’entends certaines déclarations faire état de 6 000 GNF comme le prix à la pompe dans ces pays. Je voulais préciser que ce prix est celui affiché dans la capitale  et qu’en fonction des localités livrées et de leur éloignement de la capitale, il y a un surcoût lié au transport qui se greffe sur le prix de cession  d’où la nécessité de faire une moyenne pondérée des prix pratiqués sur toute l’étendue en parlant de ces pays.

A cela s’imbrique leur statut particulier de pays ayant connu des années  atroces de guerre civile occasionnant à leur endroit plus de souplesse et d’assistance de la part de la communauté internationale.

Alors pourquoi l’Etat ne baisserait il pas le prix à la pompe au risque même d’une subvention pour soulager la population ?

Ne demandons pas à un athlète de courir tout en lui liant les pieds! La subvention du prix à la pompe vise les catégories de populations au revenu indécent. Ces couches vulnérables -qui ne sont pas de grosses consommatrices de carburant- attendent plutôt du Gouvernement la réalisation d’équipements et infrastructures sociales de base à savoir : les  routes pour leur permettre d’acheminer leur récolte de la zone de production à celle de commercialisation, les hôpitaux, les écoles mais  aussi un accès aux denrées de première nécessité à des coûts abordables.

L’Etat ne peut faire face efficacement à ces impératifs que quand il est conforté dans sa surface financière et cela ne peut être effectif que par le bais d’une optimisation de ses recettes fiscales.

Monsieur Koulibaly, quel est votre position par rapport  à la plateforme revendicative du syndicat?

Nous sommes face à un syndicat mature, rationnel et complètement imprégné de la réalité mondiale. J’en profite d’ailleurs pour saluer leur sens du compromis à travers vos colonnes.

Ils ont la conscience que la propension pour un gouvernement de faire face aux impératifs de la demande sociale dépend de la santé économique du pays et que cette santé a été rudement malmenée par les effets pervers de l’épidémie Ebola.

J’ai l’espoir qu’un compromis idoine sera trouvé d’autant plus les préoccupations du Gouvernement et des syndicats ne sont pas antinomiques mais plutôt convergentes.

Source : Cellule de Communication du Gouvernement

Quitter la version mobile
Conakry Planéte

GRATUIT
VOIR