La décision des Nations unies serait ainsi liée à un ordre de virement mal formulé. Le 3 juin 2015, à la demande du ministère des affaires étrangères, un ordre de transfert de 200 millions de FCFA (305 000 euros) en faveur des Nations unies a été donné au Trésor public, selon le premier ministre. Mais « le numéro de compte communiqué n’était pas le bon. L’argent est donc retourné au Trésor. Les fonctionnaires qui ont reçu ce retour n’ont pas pris les dispositions qui s’imposaient pour corriger l’erreur. Notre diplomatie a failli », regrette Modibo Keïta.
Gestion du pays
L’opposition, qui a révélé l’affaire, ne se prive pas de faire un parallèle entre ce dossier et la gestion du pays tout entier. « Il n’a pas été géré, comme de nombreuses autres questions souvent vitales pour le Mali. Ainsi est la gouvernance actuelle du pays », déplore Djiguiba Keïta, secrétaire général du Parti pour la renaissance nationale (Parena), à l’origine de la fuite.
Lundi, dans un communiqué, le Parena avait divulgué le montant des impayés à l’ONU en ironisant sur « cette somme qui représente sept heures de vol du Boeing 737 présidentiel ». Selon le professeur Abdoulaye Niang, ancien diplomate onusien, elle correspondrait à plus de deux années de cotisation du Mali, soit la durée à partir de laquelle l’institution internationale peut prendre des sanctions. En Afrique, seuls la Libye et le Burundi ont aussi vu leur droit de vote suspendu.
Joint par téléphone, Olivier Salgado, le porte-parole du bureau communication de la Mission des Nations unies pour le Mali (Minusma), tient cependant à préciser que cette suspension n’aura aucune incidence sur le déploiement des forces onusiennes dans le pays. « Le droit de vote du Mali à l’ONU lui a été retiré en vertu d’une note technique adressée aux autorités maliennes le 18 janvier. Cette suspension, qui a des motivations financières, n’aura aucun impact sur la présence onusienne au Mali », souligne-t-il.
Le Monde