Au cours de cet entretien, Mamadou Danhè Diallo, le porte-parole du Collectif des vendeurs de médicaments a révélé que la vente illicite des médicaments en Guinée ne date pas d’aujourd’hui et, en dépit de tout, elle a sa place dans cette société qui ne bénéficie pas de couverture sanitaire totale de la part de l’Etat.
Pour notre interlocuteur, ‘’ La vente illicite des médicaments’’ est un problème qui date de la période coloniale. Et, ça consiste à vendre et à acheter les médicaments et consommables dans les structures hors cadre. « C’est quelque chose qui impacte les activités des pharmaciens de façon négative mais qui a un avantage important pour la population guinéenne et occupé un espace vide », dit-il.
Soulignant les raisons de la pratique de cette activité, Monsieur Diallo fait savoir que : « Le constat montre que l’Etat n’était pas en mesure de répondre à l’attente de toute la population en matière de couverture sanitaire réelle. Notamment, couverture pharmaceutique. C’est ce qui a favorisé ces mutations qu’on appelle vente illicite de médicaments en Guinée », signifié-t-il.
Poursuivant, Mamadou Danhè Diallo soutient que de nos jours, ce phénomène est devenu un problème particulier parce que même l’Etat est débordé. « Son avantage et son inconvénient sont partagés. Je peux dire même qu’il a plus davantage que d’inconvénients. C’est ce qui fait que l’Etat, généralement fermé les yeux. Si les faiblesses ont été constatées notamment par la manipulation des médicaments par les non professionnels, la vente des médicaments non contrôlés, le risque de la santé de la population, le risque d’intoxication médicamenteuse bref la violation de la loi,…il est à signaler que ces structures assurent la fourniture des médicaments à bon coût à la population sur l’étendue du territoire national. C’est pourquoi d’ailleurs je peux dire que le manque de médicament tue plus que le médicament de la rue », argumente-t-il.
Abordant la question sur la persistance de cette réalité sociale, Mamadou Danhè Diallo a rappelé s qu’à chaque mesure prise pour l’éradiquer, elle ne sera qu’éphémère. « Vous savez, ce n’est pas une affaire de police qui va résoudre le problème de la vente illicite des médicaments. C’est un problème de système, de procédure, de stratégie de développement alimentée, orientée et organisée. Croire qu’on peut réussir cette réforme sans utiliser les acteurs, c’est passé à côté. S’il y’a des réformes à faire dans ce secteur, on commence d’abord par ceux qui sont là depuis 20 voire 30 ans et entraine de pratiquer cette activité ».
Incitant sur l’implication des vendeurs même dans la lutte contre le phénomène, il ajoute que toute activité menée pendant 10 ans, 20 ans et plus est sensée être une profession. Il y’a lieu d’apprivoiser les passions, de stimuler les haines, de faire poser le problème sur table et de le partager avec tous les acteurs concernés pour des initiatives citoyens qui vont intervenir pour trouver des remèdes. « C’est pour dire s’il y’a récidive, c’est parce que les gens ont cru que c’est avec la méthode de police ou de la gendarmerie ou arrêté les gens, brûler le stock. Ça sera un feu de paille qui ne va jamais réussir », martèle-t-il.
Tentant de lever l’équivoque sur un éventuel arrangement avec Thièboro pour épargner Madina des représailles, il répond : « pour jeter un discrédit ou accuser, il faut avoir quelques éléments de preuve si non, on fait des entorses à la loi qui peut nous conduire à répondre devant les autorités. S’il y’a, cela n’a pas de trace, s’il y’a des éléments de ce genre, on n’a pas connu. Imaginez quelqu’un qui a refusé 5 millions de dollars avec les narcotrafiquants au temps de Dadis. Est-ce qu’un vendeur illicite de médicaments peut corrompre ce dernier ? »,s’ interroge-t-il.
Sur le comment on gagne les médicaments, Mamadou Danhè Diallo, porte-parole du Collectif des vendeurs de médicaments dit que c’est seuls les pharmaciens sont habiletés à importer des médicaments. « Personne ne peut faire rentrer de médicaments au port s’il n’ya pas un agrément. Pour déclarer à la Douane que tu as un médicament dans ton conteneur, il faut que tu présentes les documents juridiques qui t’autorises à faire de l’importation de médicaments. On peut jouer avec tout sauf avec la Douane. Donc, je ne sais pas si les agréments sont à Madina qui ravitaille les pharmaciens ».
Faisant le point sur les conséquences des derniers événements organisés contre les vendeurs de médicaments, il a soutenu qu’actuellement, c’est lamentable. « Les servies de Thièboro sont allés raflés plus de 300 jeunes diplômés qui exercent ce métier à travers la haute banlieue avec toutes leurs marchandises qu’ils ont stocké. Ils se préparent pour aller brûler. Ces gens là sont devenus des désœuvrés, tout ce qu’ils ont été raflés et emportés. Aucune négociation possible, on dirait que c’est des étrangers », dénonce-t-il.
Concernant le marché de Madina, il confie à chaque matin, les gendarmes viennent faire la haie. « Madina est aussi sujet de toutes les tractations du monde. Mais n’oublier pas que tous les médines du monde sont les lieux protégés et sacrés. Médine à Dakar, à Abidjan, au Bénin, au Burkina, la vente des médicaments par terre est une réalité. Ce n’est pas en Guinée seulement. C’est un sujet à affaire. La population en a besoin. Ça arrange l’Etat qui n’a pas les moyens pour subventionner les travailleurs en matière de médicaments. Si l’Etat arrive à prendre en compte le médicament même si c’est à 30% pour les travailleurs, je crois qu’il pourra lutter contre ce phénomène », estime Mamadou Danhè Diallo.
Clôturant son intervention, il a appelé aux vendeurs de médicaments qui ‘on échappé aux services de Thiègboro de ne vendre que du bon médicament et d’être vigilant. Ceux qui n’ont pas réussi s’ils ont la possibilité d’abandonner, qu’ils abandonnent pour faire une autre activité lucrative meilleure que la vente des médicaments. Aux services de Thièboro de savoir qu’ils ont à faire à des Guinéens, leurs frères, leurs cousins, leurs oncles, leurs sœurs, ceux qui ont milité à la formation de la République, ceux qui ont participé à la création de l’Etat. C’est pour les rappeler qu’ils ont à faire à leur peuple.
Au peuple de Guinée tout entier, si le secteur de pharmacie parallèle a des insuffisances, il a ajouté que ce n’est pas tout qui est mauvais. Il ya beaucoup davantage par rapport au secteur de la pharmacie parallèle. « On sélectionne la meilleure façon et on vend les meilleures prestations pour que cela reste entre nous jusqu’ au moment que l’Etat ne trouve la possibilité de nous ravitailler en médicaments sur l’ensemble de l’entendu du territoire », appelé-t-il enfin.
Mouctar Diallo