Pendant ces quatre jours, les 60 professionnels de la santé de la reproduction familiale venus de Conakry et de l’intérieur du pays, ont débattu des questions de santé.
Dr Namoudou Kéita, médecin spécialiste en santé public et médicine sociale, et professionnel chargé des soins de santé primaire et renforcement des systèmes de santé à l’Organisation Ouest Africain de la Santé a rappelle que, « c’est lors de la 15ème session ordinaire de l’ensemble des ministères de la santé de la CEDEAO tenue au Libéria en 2015, les ministères ont décidé d’organiser ce Forum régional de façon annuelle pour échanger entre eux et adapter les bonnes pratiques qui font marcher les programmes de santé ». Ceci, précise-t-il, permettra l’accélération de la mise en œuvre des programmes prioritaires.
Pour cet expert de l’OOAS, « chaque pays a normalement des approches, des stratégies qu’il utilise pour ses programmes prioritaires », mais certains, ferra-t-il, constater, « font bien que d’autres ». Une situation qui s’explique, selon lui, par le fait qu’ « il y a des pratiques qui marchent mieux dans certains pays que d’autres ». Mais, ajoute-t-il, qui sont méconnues.
Ainsi, indique Dr Keita, « cette plateforme d’échange va permettre de comprendre ce qui marche mieux afin de permettre aux uns et aux autres de ne pas refaire les mêmes erreur et d’apprendre rapidement».
Pour sa part, Dr Madina Rachid, médecin de santé public, chef de division santé de la reproduction à la direction nationale de santé familiale et de nutrition du ministère de la Santé, indiquera que « quatre-vingt pour cent (80%) des principales causes de décès et complications sont dues », à plusieurs facteurs. Il s’agit entre autres, du retard accusé au niveau de la prise de décision d’aller consulter les services de santé, du retard accusé avant d’arriver aux services de santé, du retard de la part des patients de recevoir les soins, la malnutrition des femmes enceintes, des grossesses précoces, nombreuses et rapprochées , des maladies métaboliques (diabète, hypertension artérielle…), des infections sexuellement transmissibles (VIH y compris), des cancers génitaux, du paludisme, des violences basées sur le genre, de l’exposition des fumées de cuisine, des souffrances et détresses individuelles.
Selon elle, cette situation est influencée par de nombreux facteurs, parmi lesquels, il convient de souligner le coût onéreux de la prise en charge des complications obstétricales pour les ménages, en particulier dans les tests de prévalence élevée de pauvreté et l’inexistence d’une couverture universelle. Soulignant que, « le recours aux soins obstétricaux engendre des dépenses immédiates directes et indirectes, qui peut aussi avoir des répercussions économiques et sociales liées au remboursement de dettes prises en urgence et à de possibles séquelles des complications obstétricales ».
C’est pourquoi, dit-elle, en 2011, en dépit des ressources gouvernementales limitées, le Président de la République s’est personnellement engagé à faire de la réduction de la mortalité maternelle et infantile l’une des priorités de son mandat.
A en croire Dr Rachid, c’est dans cette optique que le gouvernement à travers le ministère de la santé et de l’Hygiène Publique avec l’appui des partenaires techniques et financiers, a pris des mesures d’accompagnement pour l’élaboration des politiques et stratégies en santé, la formation et la supervision des prestations, la dotation des structures en kits d’accouchement, kits de césariennes et consommables, le repositionnement de la PF, distribution à base communautaire. D’après elle, ces interventions à haut impact ont fait preuve d’efficacité et d’efficience.
Elle ajoutera que, « c’est dans le but de promouvoir ces innovations en Santé de la reproduction de la Mère, du Nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent en lien avec les objectifs du développement durable, que le gouvernement en collaboration avec l’OOAS envisage l’organisation d’un atelier national de dissémination des outils méthodologiques pour orienter les acteurs nationaux et les partenaires au développement présents dans le pays, sur l’identification et la documentation d’une bonne pratique, l’élaboration d’un rapport de documentation et d’un résumé ou ostracé et la préparation d’une présentation orale ou en affiche».
Parlant des objectifs spécifiques de l’atelier, elle dira que c’est « comprendre le processus global du forum de la CEDEAO des bonnes pratiques en Santé, définir de façon opératoire une bonne pratique en santé et les critères d’évaluation, identifier et documenter une bonne pratique en santé, rédiger un abstract à partir d’une pratique documentée et l’enregistrer sur le site web de l’OOAS, s’engager à contribuer aux échanges d’expériences en bonnes pratiques tant au niveau national que régional, définir les prochaines étapes menant au premier forum de la CEDEAO des bonnes pratiques ».
Il faut rappeler qu’en Guinée, le ratio de décès maternels est de 724 pour 100 000 naissances vivantes et la mortalité néo nationale est estimée à 39 pour 1000, la mortalité infantile à 91 pour 1000 et celle infanto-juvénile à 122 pour 1000 (EDS 2012). Ces taux anormalement élevés de mortalité maternelle et infantile sont en contradiction avec le niveau de la couverture effective en consultation prénatale qui est de 80% en moyenne. Selon l’évaluation nationale des besoins en SONU réalisée en 2012, les complications obstétricales représentent 70% des causes de décès maternels.
A noter qu’un Forme est prévue du 26 au 28 octobre prochain à Abidjan, sous le thème : « promouvoir des innovations en santé de la reproduction de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent en lien avec les objectifs du développement durable (ODD) ».
Bintou MoussaTraoré