La presse est l’institution non gouvernementale la plus indispensable et la plus redoutable pour la démocratie. En Guinée, il n’est guère facile d’être journaliste. Mal payé, mal équipé, mal considéré, mal ou non formé, le journaliste professionnel Guinéen vit pauvrement, tout en surmontant son lot de difficultés. Des tracasseries subies au quotidien, forcent le journaliste à des contorsions mentales et professionnelles.
Les médias bénéficient d’une liberté d’expression considérable en Guinée. C’est une affirmation d’Ibrahima Koné la cinquantaine, journaliste, parton de médias et Président de l’Union de la presse libre de Guinée (UPLG) « la liberté de la presse en République de Guinée, je dirais que depuis l’avènement de la démocratie, la Guinée a fait un grand pas dans ce cadre. Je peux dire que c’est l’un des rares pays en Afrique de l’Ouest voire l’Afrique sub-saharienne a adopté la liberté totale de la presse avec la création évidemment de la Haute autorité de la communication(HAC). Depuis 2013 aucun journaliste n’a été emprisonné à cause d’une publication ou langage. En plus, il y’a une prolifération des organes de presse (Radios, télévisions, sites) à Conakry et dans les villes de l’intérieur», a-t- souligné.
Dans ce pays, les organes de presse appartiennent à des hommes politiques, des opérateurs économiques et des journalistes. Les radios, télévisions, sites et journaux poussent comme des champignons, mais aucune règle n’est respectée. Il n’y a pas de critère pour être journaliste, Il n’existe d’ailleurs pas de statistiques sur le nombre de journalistes exerçant la profession. Ils vivent de la publicité et des subventions de la part du Gouvernement. « Tout le monde sait que la presse se nourrit de publicité, d’engagements, de différents autres projets. Le marché guinéen est très pauvre. Ce sont les subventions annuelles que l’Etat accorde aux medias qui les permettent de souffler un peu à la fin d’année. Au-delà de ça, c’est très difficile » déclare Ibrahima Koné.
Abordant les conditions de travail des journalistes Guinéens, il estime qu’elles sont défavorables. « Ils ont de plus en plus d’heures de travail et ils sont sous-payés. Une large partie de leur salaire mensuel vient des indemnités de déplacement, une enveloppe d’argent que leur remettent les ministères et les entreprises, systématiquement après chaque conférence de presse. On appelle cette enveloppe’’ Le gombo’’ », dénonce-t-il.
D’ailleurs, c’est une réalité que reconnait le syndicat des journalistes. Mohamed Barry, le secrétaire chargé à la Communication pour le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), « l’un des enjeux principaux est d’ordre économique et salarial. La plupart des journalistes n’ont même pas de contrat de travail. Pour nos amis de l’intérieur du pays, le salaire minimum interprofessionnel garanti (S.M.I.G) n’est pas respecté. Il existe même des journalistes qui touchent à peine 10 euros par mois et d’autres rien du tout», a-t-il révélé.
Pour changer cette donne, il faut une amélioration des conditions de vie et de travail de ces journalistes en se formant, disposer de bons outils, s’armer pour maîtriser l’écriture et la déontologie. C’est justement dans ce cadre qu’intervient l’Office National de Formation et de Perfectionnement Professionnels (ONFPP).
Pour Lucien GUILAO, le Directeur de cette structure, l’Office a pour mission d’organiser, de financer et mettre en œuvre la formation professionnelle sur toute l’étendue du territoire. « En appliquant la politique du gouvernement sur le terrain, notre Institution accompagne ainsi les entreprises vers la compétitivité. C’est pourquoi nous organisons cette formation axée sur la maitrise des techniques d’écriture journalistique», a-t-il recommandé.
A rappeler que l’Alternative Guinée Espace Citoyen (AGEC) a tout récemment révélé à travers un rapport préliminaire de 9 pages de l’enquête sur l’emploi dans les médias privés en République de Guinée que les journalistes guinéens vivent mal du fruit de leur travail. « Sur un échantillon prévisionnel de 150 employés constitué de journalistes et techniciens de radio, l’enquête a touché 140 personnes, soit un taux de 93,33%. L’ensemble des personnes enquêtées affirment qu’elles perçoivent difficilement l’intégralité de leurs salaires. Certains affirment qu’ils ne reçoivent pas le salaire équivalant au montant consigné dans les contrats ou le montant correspondant à l’engagement pris par l’employeur. Et une dernière catégorie ne perçoit aucune forme de rémunération quand bien même disposant de contrats », a-t-il cité.
Mouctar Diallo pour conakryplanete.info
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