Un pèlerin qui a requis l’anonymat et qui a raté son vol la nuit, n’a pas caché son désespoir. « J’ai un numéro qui devait voyager à bord du premier convoi, parti depuis le lundi dernier. Après le départ du 7e convoi, je suis là encore. Nous sommes cloîtrés comme des prisonniers. Depuis 5 jours, nous n’avons pas d’informations fiables par rapport à nos passeports. On ne peut pas payer de l’argent et accepter de souffrir de cette manière. Cela est injuste de la part de la Ligue Islamique», estime-t-il.
Sur la même lancée, une autre pèlerine dénonce le calvaire qu’il endure en passant la nuit comme un ‘’clochard’’. « Nous sommes comme des sans abris. Ici, on passe la nuit en plein air, sur les chaises, tables et sur les bancs avec tout ce que vous pouvez imaginer comme moustiques et autres petits insectes. Un autre problème est le manque d’un nombre suffisant de tentes en cette saison de pluies. Or, nous avons payé à la Ligue Islamique la totalité du montant réclamé ça fait aujourd’hui, trois jours, nous passons toute la journée assis. C’est ce qui fait que la plupart des femmes ont des pieds légèrement enflés. Pis, un (01) plat de riz s’achète entre 10, 15 et 20.000 francs guinéens et avec quelle qualité ? Dans cette condition, l’idéal pour bon nombre, est de remplir le ventre pour tenir la journée voire la nuit», trouve-t-elle.
En réponse, Elhadj Abdoul Karim Dioubaté, le secrétaire général des Affaires religieuse a soutenu que l’Etat est entrain de supporter les quatre vols annulés à cause du problème de visa. « C’est un montant de 250.000 USD. Et, si on annuelle quatre vols, on paye un million de dollar de dommage et intérêt pour les avionneurs. Parce que l’annulation ne vient pas d’eux ; mais, de nous-mêmes. Ne pensez pas qu’on a privilégié certains et laissé d’autres. Si on devait privilégier quelqu’un, c’est l’État. Or, l’État et sa famille, ces trois cent et quelques personnes, plus tous les imams qui sont envoyés par le Président, personne n’a voyagé encore. Alors, je vous prie à cause de Dieu, calmez-vous et restez sereins », réclame-t-il.
Venus pour la plupart d’entre eux de l’intérieur de la Guinée, ces fidèles musulmans qui tiennent à accomplir le cinquième pilier de l’islam ont traversé une période très difficile à Donka. La Guinée, pays des rendez-vous ratés se dirigent tout droit vers un autre échec. Mais comme les précédant pèlerinages, les problèmes de Hadjj sont endémiques et la Ligue Islamique, les agences de voyage et le gouvernement continuent à se rejeter la responsabilité. Et, le pauvre Guinéen reste dans sa croyance et se remet à Dieu.
Amadou Bella Diallo