Le président américain, qui a toujours entretenu une relation particulière avec la chancelière allemande, clôt sa dernière tournée européenne à Berlin.
« S’espionner entre amis, ça ne va pas ! »
Merkel a toujours été une interlocutrice privilégiée pour Barack Obama. La diplomatie allemande a joué un rôle-clé pour façonner l’accord sur le nucléaire iranien. Sur la crise ukrainienne, Washington a fait confiance à Angela Merkel. Les deux dirigeants soutiennent le Tafta, le traité de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis. Et, sur la décision si importante pour son avenir politique d’ouvrir les portes de l’Allemagne aux réfugiés bloqués à la frontière austro-hongroise, Angela Merkel, très isolée et cible de critiques féroces, a pu compter sur le soutien de son ami américain. Barack Obama est même plein d’éloges pour un geste qui, selon lui, place Merkel « sur le bon versant de l’histoire ». Un avis que Donald Trump ne partage pas du tout, lui qui n’a pas manqué de faire savoir durant sa campagne qu’il jugeait la politique de Merkel sur la question des réfugiés « débile ».
Tant d’éloges et de points communs entre Obama et Merkel ne font pas oublier pour autant plusieurs brouilles. Que les services secrets américains aient été jusqu’à mettre sur table d’écoutes le portable de la chancelière allemande a jeté un froid glacial. « S’espionner entre amis, ça ne va pas ! » rétorqua Angela Merkel, choquée, à l’intention de son ami Barack. Sur la gestion de la crise grecque, Obama ne soutient pas la politique d’austérité dont les Allemands ne démordent pas. À Athènes, première étape de sa tournée européenne, il a d’ailleurs prôné en début de semaine l’annulation de la dette grecque.
Profession de foi à l’égard de l’Europe
À Berlin, on s’attend à ce que Barack Obama prononce un grand discours historique, une sorte de profession de foi à l’égard de l’Europe et des valeurs du Vieux Continent auquel il est tant attaché. Pour les entretiens à la chancellerie, les sujets à l’ordre du jour ne manquent pas. Mais un homme, et un seul, risque de dominer toutes les conversations : Donald Trump. Barack Obama, qui s’était préparé à venir présenter Hillary Clinton aux Européens, a dû changer son fusil d’épaule à la dernière minute. Les Européens, encore sous le choc, espèrent qu’il leur expliquera ce qu’ils doivent attendre du nouveau locataire de la Maison-Blanche. Ils aimeraient aussi être rassurés sur l’avenir des relations transatlantiques.
C’est la sixième fois que Barack Obama vient en visite officielle à Berlin. Ironie du destin : l’Allemagne aura joué un rôle symbolique au tout début et à la fin de son mandat. La première fois qu’il s’est rendu dans la capitale allemande, c’était en 2008, juste avant sa première élection. Obama avait été acclamé comme le messie par une foule en liesse qui ne souhaitait qu’une seule chose : qu’il soit élu. La boucle est bouclée : pour cet ultime voyage, aucune manifestation publique n’est prévue. Un dispositif de sécurité draconien a été mis en place. L’ambiance sera beaucoup plus morose sous un ciel gris et un petit crachin persistant.
Le Point.fr