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La problématique du logement en Guinée, quelques pistes de solutions(par Aliou Bah, président du parti Model)

Il est évident que dans le domaine de l’habitat, à l’instar  de plusieurs autres secteurs qui impactent directement la vie de nos concitoyens, l’absence d’une politique vertueuse de l’État réduit considérablement les chances qu’un travailleur honnête puisse s’offrir un logement durant sa carrière professionnelle.

Ce qui est à la fois incompréhensible et inacceptable d’autant plus que le droit au logement est humain et fondamental, car il relève du domaine de la dignité. Dans la vision socio libérale que nous portons pour le développement de notre pays, bien que tout le monde n’ait pas vocation à être propriétaire, la possibilité de le devenir sera grandement améliorée avec des opportunités pour toutes les catégories socio-professionnelles.

            • Comment comptons-nous procéder ?

Étant donné que les réformes nécessaires à ce secteur sont des mesures législatives et des orientations incitatives qui relèvent donc de la volonté politique, voici les axes phares de notre vision dans ce secteur :

> Réduire la spéculation immobilière et foncière en instaurant une taxe proportionnelle dans les opérations de ventes et loyers. Elle servira au financement de la viabilisation de nouvelles zones d’habitation et des participations de l’Etat dans les investissements immobiliers ;
> Réaliser les infrastructures de désenclavement en rendant les zones d’habitation plus accessibles, y mettre les services sociaux de base (écoles, hôpitaux, eau, électricité…) et par conséquent inciter à leur occupation ;
> Assainir et sécuriser le cadastre domanial en informatisant l’ensemble du système et en favorisant l’accessibilité des informations au public dans les préfectures, les communes et sur un portail numérique dédié a cet effet. Ce qui va réduire les risques de fraude par la facilitation des vérifications.
> Améliorer la législation sur le foncier en simplifiant les démarches administratives, en redistribuant les prérogatives des agents de l’État, en luttant contre la fraude documentaire et la corruption dans ce secteur  ;
> Déconcentrer les zones d’activités (administration, commerces, industries, loisirs…) pour rendre les déplacements multidirectionels dans les grandes villes;
> Rendre obligatoire à travers des lois contraignantes, le passage par les institutions financières (Banques et Assurances) toutes les opérations de location et vente dans le domaine de l’immobilier et du foncier. Ce qui aura le double avantage de réduire l’informel et permettre une meilleure mobilisation de l’épargne nationale en vue d’accroître les capacités institutionnelles de financement de l’économie réelle;
> Créer un fond public spécial a durée déterminée pour garantir certains prêts immobiliers;
> Renforcer les attributions de la SONAPI (Société Nationale d’Aménagement et de Promotion Immobilière) et élargir son champ d’action.

         • Quels sont les résultats attendus de telles réformes ?

Premièrement, aboutir à un cadre de gouvernance de l’habitat et du foncier à même de ramener la confiance auprès des acteurs immobiliers. Condition indispensable dans la mobilisation et le drainage des fonds vers ce secteur. Mais surtout, créer un cadre propice et incitatif afin de doter nos populations des toits décents.  

En plus d’améliorer les possibilités d’accès équitable aux logements pour les travailleurs, la combinaison de ces réformes structurelles permettra de réduire significativement le nombre de ‘’Mal-logés’’ dans notre pays.

Le secteur de l’immobilier a un fort potentiel de croissance à travers les emplois et les effets induits qu’il génère. Il crée également un effet d’entraînement sur les autres secteurs de l’économie en renforçant les opportunités dans le domaine du transport (augmentation de la demande liée à la mobilité suscitée par la création des nouvelles zones d’habitation), dans le domaine fiscale (les diverses taxes immobilières et celles appliquées aux revenus et à la consommation des nouveaux emplois générés par les éventuels investissements) et social en ce sens qu’il favorise une meilleure redistribution de la richesse nationale.

Un contrôle plus strict et une législation plus contraignante peuvent réduire considérablement le blanchiment d’argent, car ce n’est un secret pour personne que ce secteur est la plus grande illustration de l’existence d’une économie criminelle dans notre pays. L’argent de la corruption, des détournements des deniers publics et celui d’autres activités illicites sont investis dans l’immobilier en dehors de toute procédure de contrôle. Bref, un secteur qui tire réellement l’économie globale en créant une chaîne de valeurs.

Aliou BAH

Président du MoDeL

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