Madame Ramatoulaye Camara, cheffe de cabinet du Ministère des Droits et de l’Autonomisation des Femmes a accordé une interview à la rédaction de votre quotidien en ligne (guineelive.com). Dans cet entretien, nous avions parlé  de la mission du nouveau Ministère des Droits et de l’Autonomisation des Femmes, de  la prostitution qui devenue un fait quotidien des jeunes filles, la responsabilité des femmes dans les postes de décisions, mais aussi du choix du président Alpha Condé candidat du RPG-Arc-en-ciel à l’élection présidentielle du 18 octobre prochain.

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Guineelive.com: Madame peut-on avoir une idée sur votre parcours scolaire, universitaire et professionnel ?

Mme Ramatoulaye Camara : J’ai fait la majorité de mes études primaires, secondaires en Guinée. Ensuite, j’ai continué à l’université Koffi Annan en droit des affaires où j’ai fait ma licence et mon master 1. Par la suite, j’ai poursuivi mes études au Canada, toujours en droit, mais en common low. Ce sont des études supérieures. Ainsi, je suis rentrée en Guinée où j’ai exercé en tant que responsable des Ressources Humaines à Lanala Assurances pendant plus d’un an. C’est nous qui avions démarré cette société. Ensuite, j’ai eu le privilège d’être nommée Cheffe de cabinet au ministère de la jeunesse et de l’emploi des jeunes où, je suis restée pendant plus d’un an environ. Et, tout récemment, j’ai été nommée par le Président de la République, Pr Alpha Condé comme Cheffe de cabinet au ministère des droits et de l’autonomisation des femmes. Donc, j’occupe ce poste depuis environ deux mois.

La Guinée à désormais un Ministère des Droits et de l’Autonomisation des Femmes. Expliquez-nous un peu Madame la mission régalienne de ce département pour les femmes ?

Notre mission au sein de ce département, c’est d’abord les questions de droits des femmes. On a deux axes principaux. En parlant sur des questions des droits des femmes, nous sommes dans un pays où généralement les femmes sont relayées au second plan. Donc, c’est ce qui doit changer aujourd’hui. Si vous voyez que le Chef de l’Etat a décidé de créer un département spécifiquement aux femmes, c’est qu’il accorde une place prioritaire aux femmes. Donc, nos objectifs à court terme, et même à long terme, il s’agit de vulgariser, d’informer les femmes le plus que possible sur leurs droits et les recours qui sont à leur disposition en cas de viol, de violences conjugales. Comme vous le saviez, ce sont des questions d’actualité. Nous allons nous investir sur ces questions-là. Nous allons faire des campagnes de sensibilisation, c’est ce que nous projetons. La ministre vient avec pleines de résolutions, et beaucoup d’initiatives. Donc, il s’agit d’informer les femmes sur ces questions. Ensuite, sur le plan autonomisation, comme vous le savez depuis 2010 jusqu’à nos jours, il y’a beaucoup d’actions qui ont été mené dans ce sens. Notamment quand on parle des MIFA, elles ont vraiment accompagné énormément les femmes en Guinée. Ça leur a permis de pouvoir, accéder à des crédits pour pouvoir mettre en place des commerces, des petites entreprises pour pouvoir s’autonomiser. Donc, il s’agit de faire toute une réflexion autour de ça, voir comment aider les femmes guinéennes à être autonome. Et, Cela passe par l’entreprenariat et le renforcement de leur capacité. C’est donc un peu en gros les deux axes principaux sur lesquels nous allons intervenir dans notre département.

Aujourd’hui, l’un des fléaux qui domine les femmes et les jeunes filles, c’est bien la prostitution et ses faits corolaires. En tant qu’une responsable du département des droits et de l’autonomisation des femmes, est-ce que vous vous êtes pensez sur ce sujet ?

Je suis très malheureusement touchée. C’est une situation qui est très déplorable. Je pense que tout ça, c’est un peu dû au fait que les jeunes filles sont désœuvrées. C’est pour cela que nous mettons des mécanismes en place pour réfléchir sur toutes ces questions. Nous sommes en train de travailler sur des projets pour voir comment faire en sorte que ces femmes puissent intégrer des parcours d’apprentissage. Parce que, c’est peut-être qu’elles n’ont pas été éduquées, ou qu’elles n’ont pas eu la chance d’aller à l’école comme d’autres. Mais comme on le dit, il n’y’a pas de saut métier, nous avons aujourd’hui des CAF qui accueillent des jeunes femmes qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, mais qui apprennent des corps de métiers. Donc, c’est un peu ces démarches que nous allons nous atteler pour faire en sorte que ça soit à une échelle plus grande, pour que de plus en plus des femmes puissent bénéficier ces atouts et aussi faire de la sensibilisation. C’est un peu ces démarches-là que nous allons mener pour pouvoir lutter contre ce fléau-là malheureusement.

Depuis des années vous bénéficier de la confiance du Chef de l’Etat en vous nommant à des postes de responsabilité que vous gérer avec abnégation. Quel est votre secret ?

Le secret c’est le travail. C’est ce que je dis toujours, quand on est une femme, on a déjà un double défi. Quand on a l’opportunité, qu’on ait confiance en nous et qu’on nous confie des responsabilités, nous nous devons de nous mettre au travail, de montrer que nous avons les capacités, les aptitudes et la compétence pour mener à bien la mission qui nous a été confiée. Donc, c’est vraiment dans cette dynamique que moi, je mène mon travail et toutes mes actions au sein des départements dans lesquels où je suis passée jusque là.

Depuis son élection à la magistrature suprême de la Guinée en 2010, le Président Alpha Condé a nommé une centaine de femmes à des postes de responsabilité. C’est en son temps que 7 femmes soient nommées ministres dans le gouvernement à des postes stratégiques, comme aux ministères de l’Economie ; des Travaux Publics, des Affaires Etrangères…. Que pensez-vous de cette démarche du Président Alpha Condé ?

Alors comme vous le savez, ça vient vraiment nous réconforter dans ce que le Chef de l’Etat a dit depuis son arrivée au pouvoir. Il a dit qu’il dédiait son mandat aux jeunes et aux femmes. Ce n’est pas fait au hasard. Aujourd’hui en Guinée, la majorité de la population est jeune et aussi les femmes occupent une place très importante dans notre société et dans nos familles. Donc, c’est pour ça. Et, pour mener bien sa politique de développement, le Chef de l’Etat a décidé de responsabiliser les femmes et les jeunes. C’est vrai que le défi aujourd’hui, c’est que la volonté, elle est là. Mais, c’est que nous les femmes, nous devons plus nous investir, accepter de nous former pour être en même à occuper certaines fonctions. Donc, j’ai un regard très satisfaisant et je demande au Chef de l’Etat de renforcer encore cette dynamique qu’il a déjà impulsée. Parce que vous pouvez constater aujourd’hui dans le gouvernement guinéen, nous avons de nombreuses femmes. Et, la plus jeune d’ailleurs du Gouvernement, c’est une jeune femme comme moi. C’est des actions à féliciter. Et, comme je le disais tout à l’heure, même au niveau des hautes fonctions, on peut compter une quinzaine de femmes qui sont cheffes de cabinet, qui sont des directrices ou qui sont responsabilisées. Comme vous savez, quand les femmes sont responsabilisées, c’est comme un défi, elles font en sorte de pouvoir relever le défi. Donc, j’invite les femmes à plus de travail et à beaucoup d’implication.

De 2010 à nos jours, le Président Alpha Condé a réalisé pas mal de projets en Guinée, on peut citer par exemple la réalisation du barrage hydroélectrique de Kaléta, des hôtels et autres. Mais ses adversaires politiques estiment qu’il n’a rien fait.  Qu’en dites-vous ?

Alors vous savez, il y’a beaucoup de mauvaises fois en Guinée. Moi, j’aimerai que les politiques s’investissent plutôt dans le développement de la Nation. Le Président l’a dit la dernière fois et il ne l’a pas dit par hasard, qu’il faut qu’on engage le débat bilan contre bilan. C’est pour qu’on puisse être en mesure de s’interroger de ce qui a été fait. Parce que, c’est tellement palpable, si on regarde Conakry aujourd’hui et Conakry avant 2010, il y a vraiment beaucoup de choses à l’actif de la gouvernance du Chef de l’Etat. Les opposants que nous avons en face aujourd’hui, ce sont des opposants qui n’ont pas de vision et ils sont dans le déni complet. Ils ne reconnaissent pas nos acquis, pourtant il y a beaucoup d’acquis. Par exemple avant on parlait de célèbre ‘’tour à tour’’ pour l’électricité, mais aujourd’hui, je pense que tout est rentré en ordre. Avant le courant était un luxe, mais aujourd’hui le courant n’est plus un luxe pour nous. On a parcouru beaucoup de chemins, il faut qu’on l’accepte. C’est bien d’être opposant, mais il ne faut pas s’opposer à tout et contre tout. Les opposants en principe peuvent jouer un rôle majeur auprès des gouvernants, c’est-à-dire allé sur des questions ou par exemple il y a des défaillances. Parce que tout gouvernement a forcément parfois des dysfonctionnements. Mais il faut l’accepté pour pouvoir se remettre en cause. Donc, les opposants que nous avons en face aujourd’hui, ne sont pas objectifs. Ils ne sont pas dans du réel et dans du concret.

Lors du congrès national du RPG qui s’est déroulé les 5 et 6 Août au Palais du Peuple, le Parti a choisi Pr Alpha Condé comme candidat à l’élection présidentielle du 18 octobre prochain. Mais les partis politiques de l’opposition et d’autres guinéens s’agitent contre ce choix du RPG. Que pensez-vous ?

Bon, je n’ai pas vu beaucoup d’agitations jusque-là, seulement que c’est les opposants qui s’indignent. Le choix du Président Alpha Condé, c’est vraiment la seule alternative que nous avons. Comme on le dit, on ne change pas une équipe qui gagne. Il y a des reformes qui sont en cours et nous pensons que c’est la bonne personne pour mener à bien les chantiers qui ont déjà été entamés. Cela va de soi et vous avez pu constater lors de la convention qu’il y avait beaucoup d’engouements. N’eut été le contexte de la pandémie, je suis sûr toute la ville serait jaune ces deux jours-là. Déjà qu’on a eu du mal, il fallait faire en sorte de respecter les critères sanitaires. C’est pour quoi, on n’a pas pu l’étendre à tous nos militants, on a quand même reçu beaucoup de personnes. Il y en a même certains qui étaient à l’extérieur du palais, c’est pour vous dire que la population reconnait les actions du Chef de l’Etat.

Conformément au décret du Président de la République, l’élection présidentielle doit se tenir le 18 octobre prochain. Etes-vous sûr de la victoire du RPG Arc-en-ciel ? Et quel est le niveau des préparatifs de cette élection ?

Absolument ! Je suis certaine que nous allons remporter ces élections et ça sera dès le premier tour du scrutin. Nous allons nous y mettre. Nous avons déjà commencé à travailler sur le terrain. Et, je peux vous garantir qu’à longueur de journée, je reçois des jeunes, des personnes qui, aujourd’hui ont pris conscience de la désinformation qui existe en Guinée. Il faut le dire, nos opposants tentent de ternir l’image de notre pays, pourtant nous avons des avancées. Aujourd’hui les jeunes qui étaient manipulés de plus en plus se rendent compte et se réveillent. Donc, ça il faut le dire.

Vous étiez la Directrice de campagne du RPG-arc-en-ciel dans la Commune de Dixinn, votre candidat a obtenu un bon résultat. Si on vous confie la même tache pour l’élection présidentielle pourrez-vous relevé le même défi ?

Je peux vous dire aujourd’hui que c’est une question de conviction. Je me suis investi au sein du RPG Arc-en-ciel par conviction. Comme vous le savez, ce n’est pas tous les hauts cadres qui sont activement impliqués politiquement. Mais moi, je le fais par conviction et je continue à le faire. Et, ça ne serait pas peut être au niveau de Dixinn seulement, mais je peux vous dire que je suis déjà impliquée au niveau régional. Parce que nous sommes en train de travailler sur beaucoup de choses. La CODECC qui a été mise en place, a plusieurs structures au niveau régional. Nous avons la zone spéciale de Conakry, il y’a la Basse Cote, la Moyenne Guinée, la Haute Guinée et la Guinée Forestière. Donc, je suis déjà activement impliquée au niveau de la CODECC et au niveau régional pour la zone spéciale de Conakry. C’est-à-dire au compte des communes de Dixinn, de Kaloum, de Matam, de Matoto et de Ratoma. Donc, ça ne sera plus au niveau de Dixinn seulement, mais ça sera vraiment au niveau de tout Conakry.

Madame, d’aucuns pensent que les femmes sont faites seulement pour le manage. Quel message avez-vous à de milliers de femmes qui auront la chance de lire cette interview ?

Alors je commencerai déjà par féliciter les femmes qui sont aux foyers. Parce que certains pensent qu’être femme au foyer, c’est être à la maison à ne rien faire, je suis désolée. Les femmes qui sont aux foyers, elles aussi choisissent de s’investir auprès de leurs enfants. Par contre, j’aimerai inviter les femmes à de plus en plus porter un regard très important sur leurs filles. Parce qu’il faut que les mentalités changent. Aujourd’hui, nous pouvons constater que de plus en plus des femmes ont accès à des postes de responsabilité. Moi, par exemple j’ai 32 ans, je suis mère de 4 enfants et je m’investis beaucoup sur le plan professionnel. Mais je m’investis autant sur le plan personnel. Donc, j’invite les femmes à porter un regard très particulier sur nos filles sur leur éducation et leur dire qu’elles ont le droit d’accéder à certaines fonctions comme les hommes. Aujourd’hui, c’est bien possible et on le voit, il y a des femmes députées à l’Assemblée Nationale, des femmes ministres, des femmes directrices et d’autres sont dans des hautes fonctions. Donc, laissez la chance à nos filles de pouvoir accéder à ces fonctions-là. Aussi, je félicite les femmes qui n’ont pas eu la chance comme nous qui sont dans des bureaux, mais je sais que le travail qu’elles sont en train de mener à la maison, ce n’est pas facile non plus. Et, nous qui sommes dans les bureaux, nous sommes obligées de laisser d’autres femmes faire ce travail-là pour nous le temps que nous rentrons à la maison. Donc, elles acceptent de s’occuper pleinement de leurs enfants. Maintenant, le rôle qu’elles peuvent jouer, c’est accompagné l’éducation de ces enfants-là pour que demain leur voix soit entendue. Comme vous le savez, quand vous êtes dans des instances de prises de décisions, vous avez le droit à la parole, vous êtes plus en même à pouvoir poser les problématiques réels des personnes autour de vous. Et, pour ça, il faut être éduqué, être dans des sphères politiques et dans des sphères administratives très élevées. Donc, c’est ça.

Merci Madame la Cheffe de Cabinet

C’est à moi de vous remercier.

Entretien réalisé par Daouda Yansané