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Dossier-Recrudescence de l’insécurité en rase campagne : quand la folie meurtrière des coupeurs de route s’abat sur les usagers !

Il se passe rarement un mois sans que les méfaits de ces bandits de grand chemin soient annoncés sur la place publique. Attaque par ci, attaque par-là ! Ils sèment la terreur sur notre réseau routier national, particulièrement en rase campagne. La psychose qu’ils irradient et inoculent dans le cœur et l’esprit des citoyens est à l’aune des actes exécrables et monstrueux qu’ils n’hésitent pas à commettre contre de paisibles voyageurs qui ne cherchent qu’à vivre heureux, libres et en parfaite sécurité dans leur propre pays. (Photos d’archives)

Pour assouvir leur appétit de gains faciles au détriment de leurs compatriotes en déplacement, ils ont déjà franchi l’ultime étape de la crapulerie en bande. Maintenant, ils tuent ! Et cela, sans hésiter. Des preuves en la matière nous sont données depuis un certain temps, sur nos routes en rase campagne. Et ces tirs mortels n’épargnent personne : de pauvres voyageurs, d’innocents citoyens aux mains nues et tenez-vous bien, des hommes en uniforme, jusqu’à même des… officiers tel le cas d ! Eh oui, comme on peut le comprendre, personne n’est à l’abri ! Parfois, ces coups mortels sont donnés de sang-froid, s’ils ne partent pas de tirs hasardeux.

Le dernier exemple en date est celui survenu dimanche dernier, au petit matin, à hauteur de l’université de Foulayah, située à 07 km du centre urbain de Kindia, vers Conakry. Ce jour fatidique, la malheureuse victime a été monsieur Mamady Touré, ancien comptable à ENTA et à SOCOTAL, domicilié à Coléah-Domino.

Hélas, en disant au revoir aux siens à Siguiri où il était allé passer la fête de la Tabasky, il ne savait pas qu’il effectuait son dernier voyage et qu’on l’y retournerait à nouveau pour y être inhumé. Non plus, sa famille à Conakry ne savait pas qu’elle ne le reverrait plus jamais après qu’il leur ait dit au revoir et promis un retour parmi eux, aussitôt après la fête.

Tout cela par le fait d’un individu malfaisant, qui, sans hésiter, a pointé son arme et tiré sur un taxi qu’il voulait piller.

Votre site d’informations a déjà relaté cette tragédie, dans sa livraison du dimanche 09 courant. Ce jour donc, en bref rappel, le taxi à bord duquel M. Mamady Touré avait pris place au départ de Siguiri pour se rendre à Conakry, a été rattrapé par un quidam conduisant une moto, juste au moment où il franchissait à allure réduite, un ralentisseur ceinturé d’un gros trou sur la chaussée. Le fameux motocycliste, roulant, tous feux éteints, arrive à la hauteur du conducteur pour lui intimer l’ordre de s’immobiliser. Devant le caractère insolite, impérieux et inconvenant de la demande, le chauffeur flaira aussitôt le danger. Il se dit avoir été probablement filé à partir de l’aire de repos à la contournante de Kindia où il avait marqué une pause pour se remettre de la fatigue du voyage jusqu’aux environs de 04 heures du matin.

Les évènements se sont rapidement enchevêtrés, comme dans les autres cas similaires : le chauffeur n’a pas cédé aux injonctions des braqueurs. Il a continué de rouler. Ceux-ci à leur tour, n’ont pas hésité à tirer sur la voiture, confirmant de fait, l’appréhension du chauffeur. La fusillade a fait un mort et un blessé. Curieusement, le véhicule n’a pas été poursuivi par les assaillants.

Serait-ce parce qu’il faisait bientôt jour (entre quatre et cinq heures du matin) ou parce que, un peu plus loin, il y avait un barrage mixte comprenant divers corps de défense et de sécurité ? La question reste posée. Toujours est-il que ces braqueurs ne sont pas encore identifiés. D’ailleurs, le seront-ils un jour ? Il est permis d’en douter. Tellement, des cas très ressemblants à celui-ci continuent encore de se produire, depuis bien des années, sur nos routes en rase campagne. Sans être jamais élucidés. Un faisceau de situations dont la gravité le dispute amplement à la redondance. Ce qui amène à dire que ce phénomène constitue une réelle menace pour la sécurité des populations et leurs biens.

Origine du mal

Ce phénomène de braquage, que le langage courant désigne sous le vocable ‘’coupeur de route’’ est apparu chez nous en fin des années 1990. De survenue très sporadique avec violence limite pendant les premières années, il est passé à constant et meurtrier, ces derniers temps. Ses effets, son rayonnement et ses conséquences ont évolué. De pillages de biens et numéraires, on est passé à blessures et morts de voyageurs.  Jusqu’à ce jour, on n’arrive pas à l’enrayer, encore mieux à le vaincre définitivement.

Qui sont-ils donc ces braqueurs

Jusqu’ici, personne n’a encore pu répondre à cette question. Il faut dire qu’on est en face d’un mystère des plus profonds. De temps à autre, quelques interpellations spectaculaires très médiatisées et même des cas de mort violente de personnes prises sur les faits, le long du réseau routier ont donné à croire à la décapitation du réseau. Tellement les prises semblaient importantes. Mais, rien de tout cela n’a arrêté le phénomène.

Comme l’hydre de Lerne de la mythologie grecque que le Petit Larousse défini comme étant ‘’ce serpent monstrueux dont chacune des sept têtes repoussait aussitôt qu’elle était tranchée’’, le braquage renaît toujours après une période variable ‘’d’hibernation’’.

Mais l’optimisme est permis de voir ce phénomène de braquage prendre définitivement fin chez nous. La même mythologie grecque nous apprend qu’Hercule triompha de cette hydre terrible en lui tranchant ses sept têtes d’un seul coup.

Marques particulières

A tort ou à raison, on a souvent indexé des corps habillés, jamais identifiés et non plus, jamais interpellés sur les faits. Pour étayer leur argumentaire, les adeptes de cette assertion se basent sur les prouesses ‘’toutes militaires’’ dont font preuve les braqueurs dans la commission de leurs forfaitures. Pour cette frange de l’opinion, il faut totalement exclure l’hypothèse qu’un simple civil soit capable de mener et réussir de tels actes qui requièrent certaines aptitudes particulières. Ils citent en exemple la stratégie et la coordination nécessaires au montage des opérations, surtout quand les tirs-poursuites se font sur moto ou en voiture. Cela ne se voit qu’au cinéma, affirment-ils.

Le modus operandi

Comme toutes les choses en ce bas-monde, les méthodes des braqueurs ont évolué avec le temps. Tout au départ, ils plaçaient en travers de la chaussée, une corde ou des barrières faites de troncs d’arbres et autres matériaux trouvés sur place. Ils évoluaient le plus souvent en bande et à pieds, se contentant de dépouiller leurs victimes pour aussitôt s’enfoncer dans la brousse et disparaître.

Puis, ils ont commencé à utiliser des motos de grosses cylindrées et après, des véhicules sans immatriculation. A présent, ils ont adopté la poursuite des véhicules ciblés sur lesquels ils tirent pour crever les pneus.

Dans un premier temps, lorsqu’ils immobilisaient un véhicule, ils le dépouillaient sur place. Puis, avec l’intensification de la circulation sur certaines routes, ils ont entrepris de les isoler totalement des regards curieux et des risques d’intervention en les conduisant eux-mêmes à travers des pistes éloignées de la grande voie. C’est là où ils dépossèdent les passagers de tous leurs biens de valeur (objets et numéraires). En général, cela se fait quand ces derniers sont encore dans le véhicule. Parfois, ils les débarquent sans ménagement et les mettent à plat ventre sur le sol.

Comment ciblent-ils leurs victimes

Dans un premier temps, il était dit que les victimes étaient ciblées à partir des gares routières. Des complices relayeurs étaient là pour identifier et signaler toute personne transportant d’importants numéraires ou des bagages d’une certaine valeur. On subodorait aussi la participation des charretiers et autres porte-faix à cette opération d’information, en complément du rôle des indics, ci-avant nommés. En somme, tout le monde pouvait ressembler au suspect qui passe l’information. Surtout que certaines opérations d’embarquement de bagages particuliers ou sensibles se font sans aucune discrétion. Ajoutons-y le fait bien connu que certains voyageurs sont assez bavards sinon vantards pour clamer leur richesse ou discuter de leurs projets à tue-tête, devant quelques oreilles intéressées.

D’autres sources ont évoqué le rôle douteux de certains chauffeurs dans la survenue d’attaques trop bizarres pour être le fait du hasard. C’est le cas, lorsque pendant le voyage, le moteur s’éteint subitement et le chauffeur déclare une panne. Pendant qu’il regarde sous le capot, les assaillants surgissent de partout et s’en prennent à tout le monde, sauf à lui qui, par hasard était le seul à communiquer fréquemment avec des inconnus. Des fois, c’est un besoin de se soulager qu’il évoque pour s’éloigner du véhicule, laissant la place libre aux braqueurs.

Aujourd’hui, avec le développement fulgurant des moyens de communication, de n’importe quel coin du territoire, n’importe qui, même le pauvre paysan illettré, peut transmettre une information sur n’importe quel voyageur à bord d’un véhicule en circulation. Dans ce large éventail de contacts et connexions rapides et illimitées que nous offrent les NTI, il faut toujours souhaiter que l’intention de l’émetteur qui passe l’information soit, au départ, la meilleure possible. A y trop penser, nous tombons dans l’étreinte paranoïaque de l’inquisition.

Lieux de prédilection pour les attaques

Nous avons déjà dit que, bien souvent, les malfrats ont décidé de poursuivre leurs victimes, quand les chauffeurs ont refusé de se laisser attaquer et dépecer. Ils tiraient alors sur les pneumatiques pour les immobiliser ou les faire tomber dans le ravin.

A cette stratégie, assez bruyante et risquée, a été substitué le guet-apens. On choisit tout simplement un endroit où le chauffeur est obligé de ralentir et parfois même de freiner et rouler au pas. Ces endroits se retrouvent dans les grands virages, les ponts, les routes fortement dégradées et particulièrement au niveau des ralentisseurs sauvages construits par les populations riveraines du réseau routier en rase campagne.

L’épicentre des braquages

Sans hésiter, nous pouvons dire que l’épicentre de ce phénomène de braquage ou de coupeur de route se situe dans la région de Mamou. C’est de là qu’il mue et s’étale sur toutes les routes menant aux préfectures voisines (Dalaba, Dabola, Faranah et Kindia). Aucune étude n’ayant encore été faite là-dessus, nous pouvons dire, jusqu’à plus ample informé, que les raisons tiennent peut-être à l’intensité du trafic qui s’y déroule, de jour, comme de nuit, en direction des trois régions naturelles du pays (moyenne- Guinée, haute-Guinée et Guinée forestière. Peut-être aussi, par le relief assez accidenté qui caractérise la zone et qui se prête probablement mieux à leurs attaques. Toujours est-il que c’est dans cette région que se produit le grand pourcentage des braquages enregistrés dans le pays.

Mais, de plus en plus, on observe un essaimage du phénomène. Le périmètre auparavant vierge de tout risque supposé de braquages, est à présent infesté et infecté. Aussi, entend-on parler d’attaques survenues à Kindia, à Coyah et entre Dubréka et Boffa, etc.

Difficultés pour contrer le phénomène

 Il est largement établi que la zone de ‘’chasse’’ des coupeurs de route se retrouve essentiellement en rase campagne, loin de tout regard indiscret ou de toute possibilité d’intervention rapide et efficace pour contrer les opérations amorcées ou en phase d’exécution.

Une telle réalité est aggravée par l’immense étendue du terrain où se produisent les attaques ; le relatif isolement des localités, qui sont pour la plupart, très éloignées les unes des autres ; le mauvais état des routes ; la faible densité du trafic sur certaines artères et la réticence des populations à s’ouvrir facilement aux agents de sécurité pour donner des renseignements utiles, etc.

A cela s’ajoute le manque total de moyens d’intervention pour la gendarmerie routière, dont c’est la zone de contrôle et d’intervention. Leur première dotation en motos date de 2012, année de lancement effectif des compagnies sécurité routière à la création de la direction nationale de la gendarmerie routière, aujourd’hui devenue commandement. Ces motos de série, strictement conçues pour la sécurité, sont largement amorties. Plus aucune d’entre elles ne fonctionne à ce jour. Elles ont été intensément utilisées, sur l’ensemble du territoire national, pour sillonner en permanence et veiller partout sur la préservation et le renforcement de la sécurité sous toutes ses formes.

Des solutions existent

Beaucoup d’exemples montrent qu’avec la collaboration des populations et le renforcement des moyens à la disposition des agents, il est possible d’enrayer, sinon même de mettre fin à ce phénomène de coupeurs de route. Les premiers fournissent les renseignements et les seconds agissent directement pour contrecarrer les actions criminelles dénoncées. Un malfaiteur n’est aimé de personne, si ce n’est de son complice. C’est le moins qu’on puisse dire.

Sans vouloir le moins du monde, inciter à la diffamation ou aux règlements de compte ou faire revivre des théories du temps de la révolution, il faut admettre que les populations voient tout et entendent tout. Chacun de ces braqueurs vit dans une famille. Il y a toujours un qui le voit ou qui l’entend, dans ses allers-retours quotidiens. Il y a toujours un qui sent un changement ‘’miraculeux’’, pour ne pas dire douteux, s’opérer chez un pauvre type qui devient subitement riche du jour au lendemain. On le voit qui dispose de beaucoup d’argent et se servir d’objets de grande valeur, d’origine inexpliquée.

On a vu des exemples de civisme qui montrent que les citoyens savent réagir comme il faut, pour le bien public, en appui aux forces de sécurité.

Il y a quelques années, à Mamou, pour ne citer que cet exemple, des jeunes taxis motards ont aidé à arrêter des malfaiteurs qui, après avoir dévalisé une station d’essence à Lola, tentaient d’échapper par tous les moyens aux limiers de la gendarmerie régionale de Nzérékoré qui étaient à leurs trousses. Ils se sont travestis en vendeurs de poulet au marché, avec des vêtements conséquents pour mieux se fondre dans la population. Mais la vigilance et la perspicacité des jeunes ont permis de mettre fin à leur cavale.

Une autre fois, ce sont des dizaines de millions de francs guinéens et de devises étrangères qui ont été restitués aux ayants-droits par la justice de Mamou, suite à une opération victorieuse contre des coupeurs de route entre Timbo et Sokotoro. C’est la compagnie sécurité routière qui avait mené cette opération.

Quelque fois, ce sont de véritables battues qui sont organisées avec la participation des chasseurs et des villageois, pour retrouver des coupeurs de route qui se sont enfuis en brousse après que leurs motos aient été saisies, sur les lieux de leurs opérations ratées. Consigne est alors donnée de signaler toute présence de personne étrangère rodant aux alentours des localités à la rechercher d’aliments ou d’abri et interdiction est faite aux taxis motos de transporter tout inconnu empruntant les routes. Dans ce cas de figure, les malfaiteurs ont toujours été démasqués et arrêtés.

Quelque fois, ce sont des actes de bravoure de chauffeurs qui réussissent à semer ou à désarmer les bandits qui sont signalés. Et même des cas où, c’est une bagarre qui s’engage entre les deux et se termine par la mort du braqueur. Nous n’occultons pas l’intervention héroïque de passagers qui s’interposent, au péril de leur vie, pour tenter de neutraliser le braqueur.

Des solutions existent pourtant

On le dit à juste raison : l’Etat peut tout. Il s’agit de vouloir. Nous ne citerons pour le prouver que le passage du Général Ibrahima Baldé, Haut Commandant de la Gendarmerie Nationale, Directeur de la Justice Militaire à Mamou, en décembre 2016. Cette mission revêtait un aspect à la fois stratégique et dissuasif. Nous l’avons déjà écrit. Après que le phénomène de braquage se soit nettement accentué, au point de créer une psychose chez les populations avec toutes les conséquences que pareille situation entrainait sur le pays, l’Etat a décidé de réagir en bombant le torse et montrant ses muscles.

’Pour l’intérêt supérieur de notre pays, et pour l’accomplissement correct de notre mission régalienne qui est de servir et défendre la république en toutes circonstances et à tout prix, nous devons rester mobilisés et déterminés à mettre fin à ce phénomène de crime organisé contre les usagers de la route’’ avait dit le Général Baldé, s’adressant aux corps de défense et de sécurité de la région-carrefour. Il a ensuite souligné un point important qui lui tient à cœur et qui constitue pour lui, le gage de succès dans leur combat : ‘’le soutien des populations qui nous accompagnent dans l’atteinte de cet objectif est manifeste. Ce qui, au demeurant, conclura-t-il, doit nous rassurer le plus et nous motiver tout autant, pour une victoire éclatante que nous devons toujours nous engager à remporter contre tout mal, d’où qu’il vienne’’.

A cette occasion, des dispositions spéciales avaient été prises et leur mise en œuvre n’ayant souffert d’aucune entorse pendant quelques années, les résultats ont été éloquents et salués par tous. La quiétude et la sécurité avaient prévalu sur toutes les routes de la région et au-delà.

Mais, au fil des années, force est de reconnaître que la situation a changé. Un certain relâchement est perceptible. Ce qui explique sans doute que les braqueurs aient repris du service. Et on parle d’eux et de leurs méfaits ici et là et jusqu’à l’orée de la capitale.

Un autre coup de semonce est nécessaire, voire même indispensable pour réveiller les ardeurs ramollies ou somnolentes de nos ‘’surveillants’’. Aussi, souhaitons-nous que cette fois-ci, cela s’accompagne de l’équipement de la gendarmerie routière en moyens roulants et de communication. Ce qui contribuera, mieux que n’importe quelle autre solution, à mettre fin à ces épisodes de violence aux retentissements très négatifs sur l’image que nous souhaitons donner de notre pays.

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