Le Vietnam est le troisième exportateur mondial de riz. Pourtant, il se fournit en ce début d’année auprès de l’Inde, le champion mondial, pour la première fois depuis des décennies.
C’est une situation quasiment inédite. Le Vietnam, pourtant géant du riz, en a commandé à l’Inde, ce qu’il n’avait pas fait depuis au moins vingt ans. 70 000 tonnes de riz indien ont pris la mer pour rejoindre les ports vietnamiens dans les deux mois qui viennent, a confié l’Association des exportateurs indiens à Reuters.
Prix imbattable
Qu’est-ce qui a poussé le Vietnam, troisième exportateur de riz, à s’approvisionner auprès d’un concurrent, l’Inde, premier fournisseur mondial ? Le prix imbattable de la céréale fournie par le géant d’Asie du Sud : 310 dollars la tonne. Certes, il s’agit de riz indien 100% brisure.
De moindre qualité, il sera surtout destiné à l’alimentation animale ou à la transformation en bière et en alcool au Vietnam. Il n’empêche que même pour la qualité supérieure du 5% brisure, l’écart entre le riz vietnamien, 500 dollars la tonne, et le riz indien, 380 dollars, a rarement été aussi élevé.
Disponibilité réduite au Vietnam et au Cambodge
Les prix vietnamiens sont à leur plus haut niveau depuis neuf ans, parce que la production rizicole a été réduite par la sécheresse dans la péninsule indochinoise. La disponibilité exportable du Vietnam a, de ce fait, chuté de 3,5% en 2020, alors que la demande en particulier des Philippines reste soutenue.
Pour la même raison, la disponibilité du Cambodge a également baissé. Or, « jusqu’à présent le Vietnam s’approvisionnait en riz de moindre qualité auprès du Cambodge voisin », souligne Patricio Mendez del Villar, économiste du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).
Précédent chinois
L’Inde remplace opportunément ce fournisseur de proximité : elle a beaucoup de riz à vendre. En décembre déjà, la compétitivité du riz indien avait convaincu la Chine, pourtant son rival diplomatique de toujours, d’en commander pour la première fois depuis trente ans.
Cette fois, c’est le tour du Vietnam. « C’est aussi, selon l’expert, une façon pour le Vietnam de soutenir les cours mondiaux en achetant le riz des concurrents ! »