Les derniers développements de l’actualité politique au Pays de la Téranga et les tournures que les évènements sont en train de prendre portent à croire aujourd’hui que le démocrate irrépréhensible de Cellou Dalein Diallo et de ses adeptes est en passe de trahir sa promesse.
« La parole mange l’homme », nous enseigne une vieille sagesse africaine.
A peine couronné en 2012 au Sénégal comme nouveau maitre du Palais de la République, le leader de l’Alliance Pour la République (APR), Monsieur Macky Sall, se faisait passer pour un donneur de leçons à ses pairs de la sous-région en matière de démocratie, notamment au Président guinéen, à qui il lançait, à la moindre occasion, la flèche du Parthe.
Contrairement à cet ex-bras droit du Président Abdoulaye Wade qui faisait des sorties pour faire croire à l’opinion que l’idée d’aller au-delà de deux mandats ne l’a jamais fréquenté, le Professeur Alpha Condé, constant dans ses démarches et prises de position, a toujours été prudent sur cette épineuse question.
A proprement parler, le Professeur Alpha Condé, en plus d’être un tacticien phénoménal, est un avant-gardiste.
Chaque fois qu’un journaliste lui posait la question de savoir s’il se présenterait pour un autre mandat au terme des deux premiers, le champion du RPG Arc-En-Ciel, loyal à ses convictions nationalistes, répondait toujours en disant :”c’est au Peuple de Guinée de décider “. Il a fait flèche de tout bois avant d’extérioriser ses intentions. Finalement, le temps lui a donné raison, car le vaillant Peuple de 1958 lui a renouvelé, dans sa majorité écrasante, sa confiance le 18 octobre 2020.
Vraisemblablement, dans son insatiable appétence de contrarier le Président guinéen et en voulant crier sur tous les toits qu’il se limiterait tout juste à deux mandats pour se faire plaire aux anciens maitres, Macky Sall s’est attaché tout seul sans le savoir.
Risquer un troisième mandat et partir dans l’humiliation et avoir du front tout le tour de la tête en honorant sa parole, le Président sénégalais est partagé aujourd’hui rentre ces deux idées. Pour tout dire, il se retrouve dans un cul-de-sac.
En effet, ayant pris goût aux délices du pouvoir et ne voulant plus laisser la place à un autre, l’intention du Président de la Téranga de se jeter dans le vide pour un troisième mandat ne fait l’ombre d’aucun doute dorénavant. Mais comment s’y prendre ? Voilà la véritable énigme à laquelle il est confronté de nos jours.
Comme le disait Mankoo Wattu Sénégal, la principale coalition de l’opposition sénégalaise, derrière son visage placide, la dictature rampante du régime de Macky Sall a laissé la place à une dictature debout.
Le Pays de Léopold Sédar Senghor s’achemine inéluctablement vers des moments tumultueux. L’année en cours et celle de 2022 risquent d’être électriques.
Chasse aux sorcières contre les contradicteurs, maltraitance des rivaux, prise en otage des libertés d’expression et de presse, voilà la scène humiliante à laquelle se livre le régime sénégalais, sous l’œil complice de l’hexagone, depuis un bout de temps. Toute opinion contraire à celle du régime est étouffée.
Curieusement, le donneur de leçons sénégalais a mis la démocratie trop au rabais. Il l’a même pourfendue.
Pour preuve, la journaliste Ouleye Mané a été détenue en 2O17, avec trois autres personnes, pendant six (6) semaines pour avoir partagé une image montée sur WhatsApp du Président Macky Sall.
Après la détention de Karim Wade, le fils de l’ancien Président, la liste des prisonniers politiques ne fait que s’allonger au Sénégal.
Condamné à cinq (5) de prison ferme, Khalifa Sall, le Chef de file de l’opposition sénégalaise, arrêté le 13 Mars 2020, est en train de croupir en prison. Ousmane Sonko aussi a été arrêté hier Mercredi 03 Mars 2021 dans l’après-midi.
En un mot, le ‘’modèle de meilleure démocratie de l’Afrique francophone’’ est en train d’avancer. Rire.
Mais comme le disait l’ex Président malien Ibrahima Boubacar Keita, communément appelé IBK, je cite :« A chaque moment sa vérité. » Ce qui se passait hier au Sénégal ne peut se passer de nos jours. Le mouvement ‘’Y en a marre’’ annonce déjà une grande marche demain Vendredi 5 Mars 2021 pour certainement asphyxier dans l’œuf le rêve de l’empereur Bokassa du Sénégal de s’éterniser au pouvoir.
L’un ou dans l’autre, toujours est-il que faire passer un projet de troisième mandat dans un Pays comme le Sénégal où la Société Civile et l’Opposition sont hyperpuissantes n’est aucunement de la messe à faire. Macky Sall a du pain sur la planche tout simplement.
Sayon Mara, Juriste