Téhéran a annoncé, ce lundi 12 avril, suspendre sa coopération dans plusieurs domaines avec l’Union européenne, quelques heures après des sanctions de l’UE contre huit responsables de la sécurité iranienne pour leur rôle dans la répression violente des manifestations dans le pays en novembre 2019. 

L’Union européenne a décidé de proroger jusqu’au 13 avril 2022 les mesures restrictives imposées depuis 2011 en réponse aux graves violations des droits de l’homme en Iran, et a ajouté ce lundi huit personnes et trois entités à cette liste de sanctions en raison de leur rôle dans la répression des manifestations de novembre 2019 en Iran.

La liste comprend désormais un total de 89 personnes et 4 entités. Les huit nouveaux sanctionnés sont les commandants des milices, de la police et des forces spéciales iraniennes et l’ancien directeur de la prison de Evin. Les trois entités sont les prisons de Evin, Fashafouyeh et Rajaee Shah.

Les sanctions consistent en une interdiction de voyager et un gel des avoirs. Le bloc des Vingt-Sept interdit par ailleurs d’exporter vers l’Iran des équipements susceptibles d’être utilisés à des fins de répression interne et des équipements de surveillance des télécommunications. En outre, il est interdit aux citoyens et aux entreprises de l’UE de mettre des fonds à la disposition des personnes et entités figurant sur la liste.

Au moins 1 500 personnes ont été tuées au cours d’un peu moins de deux semaines de manifestations qui ont débuté le 15 novembre 2019, selon un bilan fourni à Reuters par trois responsables du ministère iranien de l’Intérieur de l’époque. Des milliers de personnes avaient été arrêtées. Une hausse surprise du prix de l’essence avait déclenché d’importantes manifestations. Très vite, la contestation a gagné la capitale et s’est transformée en soulèvement contre le régime.

Téhéran suspend le dialogue élargi avec les Européens

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a vivement condamné la décision de l’Union européenne en la qualifiant de sans valeur, rapporte notre correspondant à TéhéranSiavosh Ghazi

Saïd Khatibzadeh a ajouté qu’en réaction, la République islamique a décidé de suspendre le dialogue élargi avec les Européens notamment sur les droits de l’homme et toute coopération sur le terrorisme, la lutte contre le trafic de drogue et les réfugiés. Il a également affirmé que l’Iran allait décider des sanctions réciproques contre des responsables européens.

Ces sanctions interviennent à un moment sensible. En effet, la diplomatie européenne tente de jouer les médiateurs entre l’Iran et les États-Unis pour faire revivre l’accord nucléaire de 2015.

Des pourparlers ont commencé à Vienne pour trouver une solution qui permettra la levée des sanctions américaines et le retour des États-Unis dans l’accord nucléaire. En contrepartie, l’Iran devra limiter de nouveau son programme nucléaire. Ces nouvelles sanctions pourraient compliquer les relations entre les Européens et l’Iran.