ADDIS-ABEBA- La Guinée a été épinglée à nouveau dans un rapport concernant la situation des « Droits de l’Homme ». La Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, dans son nouveau rapport sur les Défenseurs des Droits de l’Homme et sur les Représailles en Afrique, a dénoncé la répression des manifestations, l’arrestation de ses organisateurs et l’utilisation des législations restrictives des libertés fondamentales, contre les opposants politiques.
Le rapport de 27 pages consulté par votre quotidien électronique en ligne est sans équivoque. Il dénonce aussi les coupures d’internet et le blocage des medias sociaux intervenus en marge de la présidentielle d’octobre 2020.
« En Guinée, toute initiative de manifestation publique a été réprimée et les organisateurs arrêtés. Les législations restrictives des libertés fondamentales, telles que la loi de 2019 sur la prévention et la répression du terrorisme et le Code pénal révisé de 2016 sont utilisées contre les opposants politiques et les défenseurs des droits humains« , lit-on à la page 14, consacrée à l’Afrique de l’Ouest.
La note présentée par le Rapporteur Spécial, Commissaire Rémy Ngoy Lumbu, Vice-Président de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples cite l’exemple d’un leader du FNDC, le front qui s’est opposé pendant un an au troisième mandat du président Alpha Condé.
« Oumar Sylla dit Foniké Mengué, membre du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), a été arrêté à Conakry le 29 septembre 2020, lors d’une réunion visant à appeler à des manifestations contre le 3e mandat du Président Alpha Condé. Il a été condamné le 28 janvier 2021 à 11 mois de prison fermes pour « participation à un attroupement interdit susceptible de troubler l’ordre public » », note le rapport.
En Afrique de l’Ouest, mentionne la note, la restriction des libertés, soit sur le fondement de la pandémie en cours ou simplement en rapport avec les crises électorales, se poursuit en 2021. Ainsi, les enjeux ont été considérables pour les droits humains dans la sous-région et l’environnement de travail des organisations de la société civile a été rendu compliqué, précise le Commissaire Rémy Ngoy Lumbu, dans le rapport d’Intersession.
En Guinée, les autorités sont restées muettes face aux appels urgents que la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, a adressés, selon le rapport. Pourtant, Conakry reproche souvent les ONG de défense des droits humains, le manque de recoupement des informations collectées et remontées à leur niveau sur la violation des droits humains.
Au cours de la période en examen, le mécanisme a reçu environ 27 plaintes portant sur des allégations de violations des droits de l’homme, auxquelles il a donné suite selon les besoins spécifiques de chaque cas, lit-on. Les plaintes ont concerné les 12 pays suivants : Burundi, Cameroun, Côte d’Ivoire, Egypte, Guinée, Madagascar, Maroc, République démocratique du Congo, Soudan, Tchad, Tunisie et Zimbabwe.
Les allégations portaient principalement sur des cas de harcèlement judiciaire, détention arbitraire, assassinat de défenseurs des droits de l’homme, restrictions sur les activités des ONG et des Organisations de la Société civile, traitement inhumain et dégradant, restrictions à la liberté d’association et de réunion et à la liberté d’expression, attaques physiques, répression, disparition forcée, campagnes de dénigrement, menaces de mort, représailles et surveillance.
Selon les besoins, ces plaintes ont été suivies d’appels urgents adressés aux autorités de ces différents pays. Ainsi, 16 lettres d’appel urgent au total ont été envoyées dont une (1) à l’Afrique du Sud, une (1) à l’Algérie, une (1) au Cameroun, trois (3) à l’Egypte, une (1) à la Guinée etc. Mais seuls l’Algérie et le Zimbabwe ont pris la peine de répondre aux sollicitations de la Commission en apportant divers éclaircissements sur les mesures prises pour remédier aux situations desquelles ils étaient saisis.
La Guinée est également citée sur la liste des États qui continuent d’utiliser les mesures de prévention liées au Covid-19 pour restreindre indûment les libertés (droits) d’association et de réunion, en particulier pour les acteurs politiques de l’opposition, la société civile et les défenseurs des droits de l’homme.
En marge de la présidentielle d’octobre 2020, marquée par des violences meurtrières, les autorités guinéennes ont institué des coupures d’Internet et ont ordonné aux entreprises de bloquer l’accès aux médias sociaux. Cette situation a aussi été dénoncée par la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), qui note que cela a des implications sur la capacité de la société civile à mener ses activités via des plates-formes en ligne, et étouffe également la participation, notamment grâce à l’accès à diverses informations sur les questions liées aux élections.
La Commission Africaine des Droits de l’Homme attire l’attention des Gouvernements sur ces situations incompatibles avec la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Elle les appelle à montrer un engagement plus fort à la protection des défenseurs des droits de l’homme dans la région.
La CADHP recommande entre autres aux Etats parties (dont la Guinée), de s’abstenir d’adopter des lois liberticides tendant à restreindre l’espace civique et les activités légitimes de promotion et de défense des droits de l’homme des défenseurs; de prendre toutes les mesures afin d’assurer que les défenseurs mènent leurs activités dans des conditions de sécurités exempt de toutes menaces pour leur intégrité physique et morale.
Une synthèse de la Rédaction