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« Wifi pour tous » / Quand le ministre Moise perd le réseau et… les finances avec

Après notre article, Télécoms/Le «Wifi pour tous », un scandale, Said Oumar Koulibaly alias Moise, ministre des Télécoms et de l’Economie numérique, a enfilé la salopette du peintre pour mastiquer ce qui, à bien des égards, ressemble à un détournement de fonds publics. L’opération de bouchage de trous commence par un communiqué de son ministère, publié mardi dernier. Où et comment se connecter au réseau « Wifi pour tous » ? Dans ce communiqué relayé sur le compte Twitter du ministre, l’idée est définie comme suit : « Le projet wifi pour tous est une initiative du président de la république. Il consiste à donner la connexion à une frange importante de la population à moindre coup (aie !) afin de lutter contre la fracture numérique. Il s’agit d’une phase pilote qui a été finalisé depuis le 12 Avril pour une durée de trois mois de gratuité, autrement dit, jusqu’au 12 juin 2021, le Wifi sera accessible et gratuit sur les 50 sites. »

Décryptage : Comme par hasard, le projet a été finalisé, selon le communiqué, le 12 avril, jour de parution de notre article. Mieux, au lancement, le projet devait donner gratuitement la connexion -et non à moindre cout-, pendant six mois [à partir d’octobre 2020]. Le ministre nous parle aujourd’hui d’«une durée de trois mois de gratuité, autrement dit, jusqu’au 12 juin 2021 ». Alors question : que s’est-il passé entretemps ?

Le lendemain de la publication du communiqué, le ministre comme dans une campagne de relation publique, se fait inviter à FIM fm.

Le Wifi pour tous ? « Ça fonctionne très bien. Sur les 50 sites, les 120 Access-points fonctionnent. Allez sur le site du département, vous verrez les 50 sites et les 120 bornes. Mais il faudrait préciser. Parce qu’il y aura une communication qui sera effectivement faite en ce sens. Pour mieux expliquer aux gens. Une borne wifi n’est pas un réseau mobile. C’est un réseau fixe. Il y a un rayon de couverture. Que quelqu’un qui prend son mobile, qui se connecte et qui se promène, qui sort de cette zone de couverture et qui dit je me suis déconnecté. Il faudrait comprendre… C’est autour de 100 mètres », nous enseigne le ministre qui, visiblement prend les enfants de papa bon Dieu pour des canards sauvages.

Lui qui, la main sur le palpitant, assurait de la bonne marche de son Wifi, nuance. « A un certain temps ça a pris du retard, qui était dû à la livraison des équipements. Quand on a lancé le projet on l’a déployé à des endroits où certains équipements ont été vandalisés pendant l’élection présidentielle. Donc il a fallu complètement revoir l’architecture. Ça a pris du temps…Comme je vous le dis, c’est un projet pilote. Au fur et à mesure que nous constatons des difficultés, nous l’améliorons. Parce que l’objectif est de faire une couverture beaucoup plus grande, afin de démocratiser l’accès à internet », explique-t-il sans convaincre car incapable d’indexer notamment les « endroits où certains équipements ont été vandalisés ».

En rappelant la genèse du projet, le ministre montre son talent de grand rêveur. « Vous pouvez demander à ceux qui me pratiquent tous les jours, je suis un rêveur. J’aime tout ce qui est de bon et tout ce qui est de beau ailleurs, chez moi. Je me bats tous les jours pour ça. C’est vrai que quand on va dans d’autres pays, pour ceux qui vont en France ou ceux qui ont vécu là-bas, quand ils vont sur les champs Élysées, il sont impressionnés. Et avant même que je ne rentre en Guinée, je le disais toujours. Je disais, un jour je créerais un tel projet chez moi…Et quand j’étais au Maroc, pendant que je travaillais au Canada, le projet de techno parc de Casa où on a des bornes de connexion ouvert au public, je me disais que je voudrais avoir un tel projet chez moi. Quand je suis arrivé, c’était l’une des initiatives d’ailleurs que j’ai eu à soumettre à monsieur le président de la République (…) y compris le projet de télé présence qui était aussi une première en innovation. Parce que je voulais que d’autres personnes, d’autres pays, s’inspirent de la Guinée pour amorcer leur développement. Donc ce projet spécifiquement était non seulement déployer sur les artères de la ville des bornes de connexion, c’est un projet pilote. Dans une première phase c’était un projet à dimension très réduite à Kaloum. Je me suis dit non, avec le partenaire technique, il fallait le faire à une échelle un peu plus grande. Donc nous avons choisi 50 sites… », s’auto flagorne-t-il.

Ce que le ministre ne dit pas dans tout son tralala, c’est que son « idée » est une pâle copie de Google Wifi qui s’est appuyée sur un projet d’un Béninois. Qu’à cela ne tienne ! Que celui qui a réussi à se connecter régulièrement sur le Wifi gratuit de Moise, lève le petit doigt. Il s’agit de ça et du nerf de la guerre : le coût de la supercherie. Ce dernier point, le ministre n’en parle pas. Et à juste titre.

Deux millions de dollars [soit 20 milliards GNF], d’autres sources parlent de 3,8 millions de dollars, pompés des caisses de l’Etat, pour un projet qui n’est que du vent. Un scandale. Simplement.

Ibrahima S. Traoré et Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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