Selon l’auteur cet écrit, Idriss Déby, le défunt président du Tchad, fut un soldat courageux, un officier de terrain qui aime le contact comme tout bon soldat. On peut penser sans risque de se tromper que pour lui, un ennemi se combat, qu’on ne concède rien à l’ennemi qui prend des armes.
On se rappelle ‘‘l’opération colère de Bohoma’’ qu’il a dirigée et qui a mis Boko Haram hors des frontières de son pays. Selon toute vraisemblance, par son engagement et celui de ses hommes, aucun groupe armé ne contrôle une portion de terrain ou même un village au Tchad.
Aussi, les soldats tchadiens sont courageux, tenaces, engagés. Ça aussi c’est évident, avec le rôle qu’ils ont joué dans la guerre au Mali dans le cadre de l’opération serval par exemple. Ils forcent l’admiration. Mais pas plus que les nôtre.
J’ai suivi un débat la nuit sur leur présence et leur retrait de la zone des trois frontières sur une de nos chaines. On lit aussi beaucoup d’opinions sur le sujet sur les réseaux sociaux. On entend trop de choses dans les médias sur leur rôle dans la défense et la protection des populations au Mali, au Burkina et au Niger.
Personnellement, je ne ressens que de la frustration, rien que de la frustration avec cette présence. Si la sécurité de nos pays comme beaucoup semblent le penser, tient à la présence de 1200 soldats étrangers, c’est vraiment grave. 1200 soldats. Est-ce à dire qu’aucun de nos pays ne peut déployer 1200 hommes sur quelques km2 comme le Tchad ?
1200 soldats étrangers peuvent-ils (si non doivent-ils) reconquérir pour nous des espaces perdus mieux (parfois quelques dizaines de km2) que les milliers d’hommes que compte chacun de nos pays ? Je peine à comprendre toutes ces supputations dans les médias et les réseaux sociaux. Je perds sincèrement espoir si dans la lutte contre l’extrémisme violent, c’est sur quelques soldats étrangers que repose notre espoir.
Oui à la collaboration, au partenariat mais tout de même. Ils ne sont pas aussi nombreux que nos soldats. Ils ne connaissent pas le terrain comme nos soldats. Peut-être pas aussi mieux formés que nos soldats. J’ai la naïveté de croire que nous pouvons déployer même 3000 mille hommes (et nous déplacer massivement comme eux pour toute opération) en même temps pour une opération dans une seule province alors qu’ils ne sont eux, que 1200, peut-être même moins sur certains théâtres d’opération.
Nous ne sommes pas, faut-il l’espérer, sous-équipés et moins courageux au point de ne pas pouvoir faire ce genre d’opération. Il faut même souhaiter que les soldats tchadiens ne reviennent pas dans cette zone. Ainsi, nous serons obligés de faire comme eux ou périr face à un phénomène qui ruisselle et qui, visiblement, ne fait que commencer.
Dans cette titanesque et durable lutte, nous devons nous dire que les résultats seront toujours à la hauteur de notre engagement, de notre détermination, des moyens humains et matériels qui seront mobilisés dans les trois pays les plus touchés. Les tchadiens impressionnent l’ennemi et tout le monde probablement plus par leur nombre sur le terrain des opérations que par leur équipement. Sur ce sujet, je pense qu’il n’y a plus rien à dire. Ceux qui vivent sont ceux qui luttent, dit-on. Bonne semaine à tous.
Boubacar Elhadji