Des combats ont opposé militaires et rebelles jeudi dans l’ouest du Tchad dans lesquels un hélicoptère de l’armée s’est crashé, le jour de l’arrivée à N’Djamena d’une mission d’enquête de l’Union africaine sur la « situation politique et sécuritaire ».
L’armée, qui a assuré « avoir mis hors d’état de nuire » une colonne de rebelles, a annoncé le crash d’un hélicoptère en raison d’une « une panne technique », selon un communiqué signé jeudi du porte-parole du Conseil militaire de transition (CMT), la junte au pouvoir depuis la mort du président Idriss Déby Itno il y a dix jours.
L’armée n’a pas précisé le bilan humain de ce crash.
Les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), qui mènent depuis le 11 avril une offensive contre le régime, avaient de leur côté assuré plus tôt jeudi avoir « détruit » l’hélicoptère.
Les affrontements ont eu lieu dans la zone de Nokou, chef-lieu du département du Nord-Kanem, à plus de 300 km au nord de la capitale N’Djamena.
Des combats opposent depuis mi-avril l’armée au FACT dans la région désertique du Kanem dans l’ouest du Tchad, le long de la frontière avec le Niger et à mi-chemin entre le Lac Tchad et le Tibesti, au nord du Tchad.
Le FACT a promis de « marcher » sur N’Djamena, où est arrivée jeudi une « mission d’enquête » de la Commission de l’Union africaine (UA) sur « la situation politique et sécuritaire ».
Cette mission de sept jours doit « examiner les stratégies visant à faciliter un retour rapide à l’ordre constitutionnel et à la gouvernance démocratique », selon un communiqué de l’UA.
Depuis la mort d’Idriss Déby, une junte militaire a pris le pouvoir au Tchad. Elle est dirigée par Mahamat Idriss Déby, fils du défunt président. Le nouvel homme fort du pays, qui concentre presque tous les pouvoirs, est entouré de 14 généraux, tous fidèles de son père.
Mahamat Idriss Déby, général de corps d’armée et chef de la Garde présidentielle, a abrogé la Constitution et dissous le gouvernement et l’Assemblée nationale, en promettant des « élections libres et démocratiques » dans 18 mois.
La mission d’enquête doit ensuite remettre ses conclusions au Conseil de paix et de sécurité de l’UA, « pour examen et décision ».
– « Ni médiation ni négociation » –
Basé depuis sa création dans le sud de la Libye, le FACT et ses colonnes de pick-ups sont d’abord descendus vers le sud en passant la frontière Tchad-Libye, puis sont passé par le Niger, et enfin sont revenus au Tchad dans le Kanem, selon des sources sécuritaires.
Là, de violents combats les ont opposés la semaine dernière aux troupes gouvernementales. L’armée tchadienne a revendiqué avoir tué 300 combattants le 19 avril et 246 autres ont été capturés et déférés au parquet de N’Djamena, selon la justice.
Aucun chiffre n’était disponible du côté de l’armée. Des renforts ont néanmoins été envoyés sur la ligne de front, selon des sources sécuritaires.
Le CMT a annoncé qu’il n’y aurait « ni médiation ni négociation » avec les rebelles du FACT et a demandé à l’allié nigérien de l’aider pour « capturer » leur chef Mahamat Mahadi Ali.
C’est dans cette même région du Kanem qu’Idriss Déby, président pendant trente ans, a été tué alors qu’il était au front.
Mardi, opposition et société civile ont appelé les Tchadiens à sortir manifester contre le « coup d’Etat institutionnel » du CMT. Ils ont aussi manifesté contre la politique française dans le pays d’Afrique centrale parmi les plus pauvres du monde.
Plus de 650 personnes ont été arrêtées lors de ces manifestations interdites et réprimées. Six personnes ont été tuées à N’Djamena et dans le sud du pays selon les autorités, neuf selon une ONG locale.
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