Plus de 33 millions 880 mille personnes contaminées, plus de 607 mille tuées par la maladie : voilà le bilan très lourd de l’épidémie de la COVID-19 sur le territoire américain arrêté au 12 juillet 2021. Néanmoins le pays de l’oncle Sam s’est vu attribuer la première place sur le classement mondial des résultats de la lutte anti-épidémique que vient de publier Bloomberg. Tandis que la Chine et plusieurs autres pays et régions universellement reconnus pour avoir réellement contrôlé la pandémie n’ont pas eu de places à la hauteur de leurs réussites sur cette liste.
Bloomberg, le premier fournisseur mondial d’infos financières publie depuis novembre 2020 son classement mensuel évaluant les résultats de chaque pays en termes de réponse à la crise sanitaire sur la base des indicateurs notamment du taux d’incidence, du taux de mortalité et de la perspective de la reprise. Or, ce dernier classement s’est basé sur de nouveaux critères tels la « normalisation » de l’économie et de la vie sociale. Ainsi ont été pris en compte les éléments suivants : le taux de vaccination, le niveau de sévérité des politiques de confinement appliquées, le changement des capacités du transport aérien et le nombre de lignes aériennes ouvertes.
En même temps, la contribution à la lutte mondiale contre l’épidémie n’a pas été prise en considération dans ce classement qui par conséquent n’a aucune valeur scientifique et fait fi de la justice. Tout cela pour couronner les États-Unis.
Les données fournies par Bloomberg n’en font pas moins comprendre la rude situation aux États-Unis. Les dernières statistiques font état de 2,6% de taux de mortalité due à la maladie – soit 1824 décès pour chaque million de personnes – et 2,4% des tests sont positifs. Ces chiffres placent les États-Unis au-dessus de plusieurs des 53 pays évalués par Bloomberg, mais ils ont été volontairement ignorés.
En termes de vaccination, bien que plus de la moitié des adultes aux États-Unis aient reçu deux doses, on doit relever un net déséquilibre entre les régions. La CNN met en garde contre une rechute en raison de la propagation des variants du virus et des grands écarts entre les différents États en termes de vaccination. En effet, l’épidémie est en train de rebondir dans plusieurs régions des États-Unis. William Schaffner, spécialiste des maladies infectieuses à la Vanderbilt University a alerté que les États-Unis étaient encore sur le chemin de cette course marathonienne contre la COVID-19. Il est bien trop tôt de crier la victoire à l’heure actuelle, selon cet expert.
Pour quelles raisons l’agence Bloomberg a-t-elle voulu au prix de sa crédibilité faire triompher les États-Unis ? L’obsession des médias mainstream américains dans le régime politique de leur pays, mais également la volonté de servir à leur idéologie.
Comme par hasard, le patron de Bloomberg est un démocrate, du même camp que celui qui occupe la Maison blanche. Comme par hasard également, ce classement est sorti à la veille de l’Independence Day. La fête nationale de cette année a été célébrée en grande pompe à Washington, plus de mille personnes ayant été conviées à la réception sur la pelouse sud. RFI a constaté que la Maison blanche semblait vouloir annoncer la victoire sur la pandémie à cette occasion. Il faut dire que ce beau classement est servi au bon moment : des politiciens de Washington l’attendaient pour clamer leurs succès et réparer leur réputation endommagée à cause de leur défaillance dans la réponse à la crise sanitaire.
Il est dangereux pour les États-Unis de s’extasier devant leur victoire montée de toute pièce. Ont-ils oublié le lourd tribut qu’ils avaient payé lors des premières vagues parce qu’ils ignoraient la science ? Sont-ils prêts à retomber dans le même piège ? Que ces politiciens et médias américains se réveillent de leur illusion et se mettent au travail pour répondre à la pandémie, apporter des conforts réels à leurs populations et à celles des pays qui en ont besoin.
(Source : RCI / Photo : VCG)