La Guinée vient de connaitre une grave crise de carburant qui risque de se répéter dans très bientôt si le régime de la transition ne change pas de paradigme.
Il faut d’abord rappeler que jusqu’au coup d’état du 5 septembre, ce sont des marqueteurs qui importaient le carburant en Guinée. Alpha Condé avait créé la SONIP, en mars 2021, dans le but de rendre effectif le monopole d’importation du carburant par l’Etat. Mais n’a pas franchi le Rubicon parce que les risques liés à une telle entreprise lui auraient été expliqués par certains connaisseurs du secteur.
Selon en effet, ces derniers, importer le carburant signifie qu’il faut avoir une large surface financière -actuellement, environ 145 millions de dollars par mois-, que l’Etat guinéen confronté à d’autres difficultés aura du mal à assurer. Sans compter les risques liés aux fluctuations du change- le carburant est livré généralement 120 jours après facturation-, aux agios, etc.
De manière plus simple, l’Etat guinéen devra désormais demander à la Banque centrale de lui fournir des devises pour acheter le carburant que lui, vend aux marqueteurs en francs guinéens. Alors question : Si la Banque Centrale lui donne le peu de stock qu’elle a en devises étrangères pour rien que le carburant, comment fera-t-elle face à l’importation d’autres produits de première nécessité comme le riz ?
En un mot ou en mille, faire venir le carburant par l’Etat pourrait lui offrir des marges sur l’importation. Mais des marges qui, face à l’énormité des difficultés, deviennent insignifiantes. Selon des spécialistes, l’Etat gagnerait mieux à investir dans le dépôt que dans ce commerce qui ne réussit qu’à des Etats aux finances bien assises.
En attendant le gagnant dans cette opération de nationalisme de bas étage de la junte, c’est bien les marqueteurs qui sont exempts des pepins liés à l’importation.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com