« La Minusma a marqué son accord sur les nouvelles procédures et les a communiquées à tous les pays contributeurs de troupes. Il n’y aura pas d’exception », a déclaré à l’AFP le ministre Abdoulaye Diop.
« Il est prévu que les rotations recommencent dès ce lundi », a confirmé Myriam Dessables, porte-parole de la Minusma, forte de 12.261 soldats et 1.718 policiers
Avant, « ils (les contingents) nous saisissaient directement. On a mis un terme à cela. Toutes les demandes doivent désormais passer par la Minusma qui doit les valider et transmettre aux Affaires étrangères par note verbale », a précisé le chef de la diplomatie malienne.
Les rotations des contingents militaires et policiers de la Minusma avaient été suspendues le 14 juillet pour une durée indéterminée en raison du « contexte de sécurité nationale ».
Vendredi, l’Allemagne avait annoncé suspendre « jusqu’à nouvel ordre » la majeure partie de ses opérations militaires au Mali dans le cadre de la mission de l’ONU (Minusma), en dénonçant un nouveau refus de survol par les autorités maliennes.
Le refus de survol était intervenu malgré des assurances contraires de la part du ministre malien de la Défense, Sadio Camara, lors d’un entretien téléphonique jeudi avec son homologue allemande Christine Lambrecht, avait-il ajouté.
« Les Allemands doivent se conformer aux nouvelles procédures. Leur ministre de la Défense est allé vite en besogne pour annoncer la suspension de leur opérations. Cela ne nous impressionne pas », a réagi M. Diop.
« Notre ligne est claire. On ne transige pas sur les questions touchant à la souveraineté et à la sécurité nationales », a-t-il poursuivi.
Le Mali est dirigé par une junte qui poussé vers la sortie le vieil allié français et ardemment relancé la coopération avec Moscou pour tenter d’endiguer la propagation jihadiste qui a gagné le centre ainsi que le Burkina Faso et le Niger voisins.
Les relations entre le Mali et l’ONU, dont les casques bleus sont présents dans le pays depuis 2013, se sont également dégradées ces dernières semaines.
Le porte-parole de la Minusma, Olivier Salgado, avait été notamment expulsé pour avoir publié des « informations inacceptables » au lendemain de l’arrestation de 49 soldats ivoiriens à Bamako le 10 juillet.
Ceux-là, qualifiés de « mercenaires » par Bamako, étaient selon Abidjan en mission pour l’ONU. Ils sont toujours détenus à Bamako.
La suspension des rotations des contingents de la Minusma avait été annoncée quatre jours après leur arrestation.
L’Egypte avait le lendemain annoncé suspendre la participation de ses quelques 1.035 soldats à la Minusma, dont le mandat a été renouvelé pour un an le 29 juin.
Ce renouvellement s’est accompagné d’une « opposition ferme » du Mali à la liberté de mouvement des Casques bleus pour des investigations liées aux droits de l’Homme.
La force française Barkhane est actuellement en train de finaliser l’évacuation de ses matériels de ce pays. Elle a annoncé samedi dans un communiqué avoir tué deux combattants jihadistes aux environ de la ville de Tassiga, dans la région dite des trois frontières entre Mali, Burkina et Niger.
Cette immense région rurale non contrôlée par l’Etat est fréquemment le théâtre d’affrontements entre l’armée et des groupes jihadistes.
Une attaque jihadiste il y a six jours a tué 42 soldats à Tessit, bilan humain le plus lourd pour l’armée malienne depuis 2019. Ce jour là, la Minusma avait procédé aux évacuations des soldats maliens, a dit samedi à l’AFP Mme Dessables.
Quant aux civils, comme ailleurs au Mali, ils sont pris entre les feux de ces acteurs du conflit, et accusés d’être alliés avec l’un quand ils ne le sont pas avec l’autre.
Samedi, la communauté Idaksahak a dit dans un communiqué que des terroristes affiliés à l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) « ont fait irruption » vendredi « dans la localité d’Assaylal », dans la région de Ménaka, « tuant sept personnes civiles et emportant leurs bétails ».