Selon les informations de Jeune Afrique, un bras de fer est engagé entre le président de la transition guinéenne et le groupe turc Albayrak, proche du chef de l’État Recep Tayyip Erdogan, afin qu’il facilite le départ d’Istanbul d’Alpha Condé. Explications.

Le 7 septembre, aux environs de 20 heures, un groupe de militaires guinéens a fait irruption au port autonome de Conakry, afin de mettre sous pression le conglomérat turc Albayrak. Le président de la transition, Mamadi Doumbouya, souhaitait faire passer un message, sous forme d’ultimatum : il donne à ses dirigeants 72 heures pour organiser le retour en Guinée d’Alpha Condé. Sous peine de devoir cesser leurs activités.

L’ire de Doumbouya

Ce groupe avait participé aux préparatifs de l’évacuation de l’ancien président à Istanbul, le 21 mai dernier. Il lui avait mis à disposition l’avion qui l’a transporté, mais aussi la villa dans laquelle il réside. C’est d’ailleurs lorsqu’Alpha Condé était encore au pouvoir qu’Albayrak avait signé de gré à gré ce contrat d’une durée de vingt cinq ans pour la gestion des marchandises transitant par le port, qui avait déclenché une grève parmi les dockers.

Un édito de François Soudan publié le 29 août par Jeune Afrique et intitulé « Alpha Condé, un an après, derniers secrets d’un exilé », a déclenché l’ire de Mamadi Doumbouya. Au lendemain de la publication de notre article, le colonel Balla Samoura, haut commandant de la gendarmerie nationale, s’est entretenu avec le président de la transition. Allergique aux critiques et assimilant toute recension des faits et gestes de l’ex-chef de l’État à une campagne de déstabilisation pilotée par ce dernier, la junte souhaite en effet qu’il fasse l’objet d’un silence médiatique total.

Discrètes négociations

Mais, si Alpha Condé est certes parti sans son passeport, il n’empêche qu’il se trouve à Istanbul avec l’accord de Recep Tayyip Erdogan: un retour contre son gré est donc impossible sans l’accord du président turc. Et, dans l’entourage de l’ancien homme fort de Conakry, on se dit confiant sur le fait qu’Erdogan ne franchira pas ce pas. Dès lors, deux autres options restent possibles : que les Turcs puissent donner des garanties à Mamadi Doumbouya et dissiper ses craintes et, en dernier recours, qu’Alpha Condé trouve un autre pays d’accueil.

À Conakry, les négociations sont discrètement menées par l’ambassadeur turc Volkan Türk Vural. Ce dernier cherche, en vain pour le moment, à être reçu par Mamadi Doumbouya afin de lui faire passer un message d’Ankara, désireux de trouver une issue à cette crise. Il devait également s’entretenir ce 9 septembre avec le ministre des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté. En attendant, les travaux de rénovation de la résidence privée d’Alpha Condé située dans le quartier huppé de Kipé, dans la commune de Ratoma, ont été relancés en août…

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