Hors du pays depuis plusieurs mois, le président de l’union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), s’est adressé à la nation à l’occasion du nouvel an. Dans son discours de plus de 16 minutes, il a parlé de la situation sociopolitique du pays.

Nous vous proposons un extrait ci-dessous.

« L’année dernière, lorsque je vous présentais mes vœux, je croyais fermement au début d’une nouvelle ère pour notre pays, celle d’un nouveau départ et l’amorce d’un pas décisif pour affronter et vaincre, ensemble, les démons de notre passé. Nous étions en effet tous animés de la volonté de saisir cette nouvelle opportunité pour écrire ensemble, dans la paix et la concorde nationale, une nouvelle page de notre histoire. C’est pourquoi nous avons tous accueilli, dans la ferveur populaire, le changement de régime intervenu le 5 septembre 2021 dans un contexte d’impasse démocratique, d’instrumentalisation de la justice et de piétinement des droits et libertés des citoyens. Ceci dit, nous ne sommes pas partisans des coups d’état qui en appellent d’autres. Nous ne sommes pas des soutiens et complices des dictatures qui ne feront le bonheur de personne, nous ne sommes pas des adeptes de la loi du plus fort qui est contraire aux règles et aux principes de la démocratie et de l’Etat de droit qui constituent nos valeurs sacrées.

Pour autant, l’UFDG et l’ANAD ne sont pas une opposition au CNRD comme voudraient le faire croire les doctrinaires de la division, les chantres de la démagogie politique et les pêcheurs en eaux troubles qui ont toujours fait dérouter les régimes guinéens de leur mission régalienne de protection des citoyens et de leurs droits et libertés. Au contraire, dès le départ, nous avons apporté un soutien ferme et assumé au CNRD et au Gouvernement de transition. Personnellement, j’ai fait, au vu et au su de tout le monde, le tour des organisations internationales pour plaider leur soutien au CNRD et pour solliciter leur assistance technique et financière au processus électoral devant conduire au retour à l’ordre constitutionnel. Nous étions alors convaincus que la justice allait être la boussole et le dialogue le moyen privilégié pour la conduite de la transition. Si aujourd’hui, la confiance est rompue et les espoirs déçus, c’est parce qu’il y a eu des actes qui suscitent la méfiance et des discours qui nourrissent la suspicion. Le harcèlement des acteurs politiques et des leaders d’opinion ainsi que la vague de poursuites engagées contre eux ne sont pas en conformité avec nos lois. Ils ne sont pas non plus inspirés par notre volonté partagée de lutter contre l’impunité ou de moraliser la vie publique. En vérité, la lutte contre la corruption et pour la promotion de la bonne gouvernance, brandies par les autorités, ne sont que des prétextes pour justifier une épuration politique dangereuse et une chasse aux sorcières imprudente qui pourraient être lourdes de conséquences pour l’unité et la stabilité du pays. »

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com