Une demande d’enquête pour « crimes contre l’humanité » a été soumise à la Cour Pénale Internationale contre des responsables sénégalais. Parmi eux figurent notamment le président Macky Sall ou son ministre de l’Intérieur et le commandant de la gendarmerie.

Avec notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac

C’est un dossier « de 170 pages » qui a été transmis à la Cour Pénale Internationale, selon Juan Branco, l’avocat français de l’opposant Ousmane Sonko. Il affirme avoir reçu plus de 4 500 éléments de preuves sur des « crimes » commis au Sénégal depuis mars 2021.

Il cite plusieurs dizaines de noms, au sein de la famille du chef de l’État, du gouvernement, ou encore de l’appareil sécuritaire. « Nous avons mené ces derniers mois une longue enquête avec la participation de centaines de Sénégalais qui nous a permis d’établir l’existence de 60 crimes, considérés comme des crimes contre l’humanité. Ces crimes ont été commis dans le cadre d’une attaque générale et systématique contre une population civile », a expliqué l’avocat devant la presse.

Nous demandons d’ouvrir sans délai un examen préliminaire et une enquête

Juan Branco, avocat français d’Ousmane Sonko

La procédure concerne donc la période entre les émeutes de mars 2021 et les violences de ce mois de juin, qui ont fait au moins 16 morts officiellement, 30 selon l’opposition. Juan Branco demande désormais au bureau du procureur de la CPI de se saisir de ces éléments. Ce sera à la Cour de décider, ou pas, de l’ouverture d’une enquête.

Des « fanfaronnades »

Une démarche rejetée en amont par le ministre de Forces armées et ancien président de l’Assemblée des États parties de la CPI. Maitre Sidiki Kaba, lors d’une conférence de presse du gouvernement la semaine dernière : « On a entendu dire que l’État du Sénégal, ses plus hautes autorités, vont être déférés devant la Cour pénale internationale. Ce sont des fanfaronnades. Ceux qui le disent n’ont ni la qualité, ni la capacité de le faire. Il y a une confusion parce qu’on veut ternir l’image du Sénégal et sappé le moral des forces de défense et de sécurité ».

La ministre sénégalaise des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall, réagit sur RFI et France 24 en qualifiant cette démarche de « puérile et ridicule ».

Selon Juan Branco, une plainte a également été déposée en France.