Au parc Patriot, un grand espace glorifiant l’armée russe dans la région de Moscou, un commandant russe s’exprime, casquette verte sur la tête, devant un imposant blindé de transport américain MaxxPro, que Moscou présente comme l’un de ceux livrés par Washington à l’armée ukrainienne.
« Il a été abandonné sur le champ de bataille car il a cessé de fonctionner », assure le militaire au micro de l’agence de presse publique TASS. Il présente ensuite un véhicule britannique Husky, dont le pare-brise est criblé de supposés impacts de balles.
Plus loin, un autre officier russe donne une interview devant un blindé sur roues AMX-10 RC, reconnaissable à son long canon antichar et fourni par la France à Kiev.
Cette collection de « trophées », que l’AFP a pu voir mardi, compte aussi, selon le ministère russe de la Défense, une voiture blindée australienne Bushmaster, un transport américain M-113 ou encore un véhicule de combat d’infanterie suédois CV90-40.
– Visite de Dmitri Medvedev –
Le service de presse de l’armée russe assure qu’une « grande partie » de ces équipements est constituée d’engins britanniques : des véhicules Husky et Mastifff, ainsi qu’un AT 105 Saxon.
Mercredi, l’ancien président Dmitri Medvedev, l’actuel numéro 2 du Conseil de sécurité russe et qui suit en particulier les questions liées à l’industrie militaire se son pays, a visité l’exposition.
« C’est de la céramique ? Ah ! Une technologie avancée, ça vaut le coup de regarder », a dit M. Medvedev en examinant l’un des matériaux d’un engin militaire censé provenir d’Australie, d’après des images diffusées par l’agence Ria-Novosti.
Il a également observé des articles censés montrer l’embrigadement « idéologique » de la jeunesse ukrainienne. On y voit en particulier des vêtements avec des slogans nationalistes ukrainiens et des emblèmes du régiment Azov, considéré comme une organisation terroriste par Moscou.
– « Prêts à partager » –
L’exposition comprend en outre des armements de fabrication ukrainienne censés avoir été récupérés depuis le début de la campagne militaire en février 2022. L’été dernier, l’armée russe avait déjà exposé des équipements « trophées » saisis en Ukraine.
C’est l’une des attractions du Forum Armée-2023 qui se déroule jusqu’au 20 août en présence de délégations militaires de pays jugés « amis » par Moscou, notamment asiatiques et africains.
Une opération de communication de l’industrie militaire et de l’armée russes qui, après ses déboires sur le front l’année dernière, à commencer par son retrait de la région de Kiev, veut montrer qu’elle a su se reprendre.
Depuis plusieurs semaines, le Kremlin répète à l’envi que la contre-offensive ukrainienne, déclenchée en juin et qui progresse lentement face aux défenses russes, a lamentablement échoué, malgré l’aide militaire occidentale.
« Les ressources militaires de l’Ukraine sont quasiment épuisées », a affirmé mardi le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, devant un parterre de responsables militaires internationaux.
Il a assuré que les armes occidentales livrées à Kiev n’avaient « rien d’unique ou d’invulnérable » pour les troupes russes. « Nous sommes prêts à partager nos évaluations des points faibles des équipements occidentaux », a souligné le ministre.
Alors que les capacités du complexe militaro-industriel russe sont l’un des grands enjeux du conflit, il a aussi déclaré que la Russie avait réussi à « fortement » augmenter sa production d’engins blindés, malgré les sanctions internationales.
Des responsables occidentaux accusent d’ex-républiques soviétiques mais aussi la Chine, la Turquie ou encore les Emirats arabes unis d’importer puis d’exporter vers la Russie du matériel sous embargo pouvant être utilisé pour fabriquer de l’armement.