Gabriel Attal a été nommé Premier ministre mardi matin, au lendemain de la démission d’Elisabeth Borne après 20 mois à la tête du gouvernement. Le jeune et populaire ministre de l’Education va tenter d’insuffler une nouvelle dynamique au second quinquennat d’Emmanuel Macron. Que sait-on sur lui? Voici six choses à retenir.
1. Le plus jeune Premier ministre
Âgé de seulement 34 ans, Gabriel Attal devient le plus jeune Premier ministre de la Ve République. Gabriel Attal incarne “la jeunesse, l’ambition, ça évoque un peu en toile de fond le Macron du départ, un briseur de code”, selon le politologue Bruno Cautrès, même si sa nomination “ne réglera pas le problème de la majorité”, ni celui du “cap principal du mandat”.
Un Premier ministre jeune, oui, mais pas sans expérience. Soutien de la première heure du chef de l’Etat, il est d’abord entré par la petite porte au secrétariat à la Jeunesse. Son ascension a ensuite été fulgurante: porte-parole du gouvernement, ministre du Budget, il a hérité de l’Education nationale en juillet. Alors qu’il peut désormais ajouter la liste “Matignon”, son CV a déjà fière allure.
2. Issu de gauche et Macroniste de la première heure
Gabriel Attal est d’abord un homme de gauche. En 2002, il se rend à une une manifestation contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Sa vocation politique naît à ce moment. Il rejoint quatre ans plus tard, en 2006, le Parti socialiste pour soutenir la candidature de Ségolène Royal à l’élection présidentielle de 2007.
Il ne cache pas être “dans la mouvance de Dominique Strauss-Kahn”. Le Monde le place dans cette “deuxième gauche”, pour qui “l’entreprise et le libéralisme ne sont pas des gros mots, tout en ayant des convictions humanistes assumées. Lors de son passage au cabinet du ministère de la Santé, il devient le plus jeune conseiller ministériel du quinquennat Hollande.
Finalement, il adhère dès sa création en 2016 au parti d’Emmanuel Macron, En marche, devenu ensuite La République en marche (LREM). C’est donc un Macroniste de la première heure. Il quitte le PS lorsque le futur président français déclare sa candidature à l’élection présidentielle de 2017. Il se dit déçu par l’opposition de certains élus PS à la loi Macron, notamment à propos du travail du dimanche. Il apparaît aussi “heurté par le raidissement de Manuel Valls sur les questions d’identité et d’immigration”.
3. Très populaire
A trois ans de la fin de son mandat, M. Macron est à la recherche d’un nouvel élan et se trouve dans une situation délicate face à la montée de l’extrême droite dans le pays et en l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Ce n’est pas un hasard s’il a choisi l’une des personnalités politiques préférées des Français.
A la tête du ministère de l’Education nationale, il a séduit les populations âgées qui constituent le cœur de l’électorat macroniste, avec ses prises de position en faveur de l’uniforme ou de l’interdiction de l’abaya à l’école. D’ailleurs, Macron avait souligné son “talent” et sa “popularité” en décembre dernier.
Il est de loin la personnalité la plus populaire du gouvernement actuel. Dans une étude Odoxa, il était celui qui était le plus plébiscité pour remplacer Borne à la tête du gouvernement. Selon le baromètre Elabe, il serait proche de rejoindre Edouard Philippe en tête du classement des personnalités politiques les plus populaires (39% d’opinions positives, 41% pour le maire du Havre). Fin décembre, un “beer test” le mettait sur le podium des politiques avec qui les Français aimeraient le plus aller boire une bière (34%), derrière Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).
4. 2027 dans le viseur
A six mois des élections européennes, Gabriel Attal apparaît comme le mieux placé pour affronter la tête de liste Rassemblement national, à savoir Jordan Bardella. Les deux hommes se sont déjà affrontés sur les plateaux télé dans le passé et ont des profils similaires. “La jeunesse, la cote dans l’opinion et la capacité réelle ou supposée à conduire la campagne gouvernementale des européennes ont fait la différence”, résume une source proche de l’exécutif citée par l’AFP.
Selon Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop, Macron “peut aussi être sur une logique de mettre sur orbite Gabriel Attal pour 2027″. “L’agenda de Macron est clair : c’est éviter de remettre les clefs de l’Élysée à Marine Le Pen ou Jordan Bardella en 2027 comme Barack Obama les a remises à Donald Trump”, analyse-t-il. Mais pour espèrer une victoire en 2027, il devra déjà faire ses preuves à Matignon.
5. Victime de harcèlement scolaire
“J’ai vécu un déferlement d’insultes et d’injures. Ça a duré plusieurs mois et ça a été très violent”. En novembre, dans l’émission “Sept à Huit”, Gabriel Attal révèle avoir été victime de harcèlement lors de sa scolarité. Sans le nommer, il semble viser l’avocat franco-espagnol Juan Branco, qui a, comme lui, été collégien à l’École alsacienne de Paris.
Ce dernier confirmera d’ailleurs les faits sur X (ex-Twitter) quelques minutes après la diffusion. “Si j’ai à ce point à cœur de m’engager sur le harcèlement scolaire, c’est peut-être parce que le fait d’avoir vécu des injures, ça a forgé quelque chose”, avait confié celui qui était alors ministre de l’Education nationale.
6. Premier chef du gouvernement ouvertement homosexuel
Gabriel Attal devient le premier chef du gouvernement ouvertement homosexuel. Lié par un pacte civil de solidarité (Pacs) au député européen Stéphane Séjourné depuis 2017, il a révélé son homosexualité en décembre 2018 dans un portrait publié par L’Obs, après que des allusions à sa vie privée et à son couple ont circulé dans les travées de l’Assemblée nationale.