Ces derniers temps, l’un des sujets qui revient régulièrement dans les débats en Guinée est la qualité de l’enseignement donnée dans nos établissements d’enseignement de façon générale mais en particulier dans les universités privées. La question sur la continuité ou pas des institutions d’enseignement supérieur privé divisent parents, encadreurs et observateurs.
Après la suspension du mot d’ordre de grève lancé depuis le 17 octobre par les responsables des universités privées, les étudiants ont effectué une reprise morose.
Ce mercredi, 03 novembre, à l’entrée d’une université privée de la place, Mohamed Bah étudiant en Licence2 Biologie se dit désemparer en ne voyant pas ses amis en grand nombre. « Personne ne comprend ce que le gouvernement veut faire de nous. L’Etat a donné des agréments sans aucune réglementation préalable. Aujourd’hui, il veut mettre de l’ordre. Je trouve cela ridicule. Je pense qu’il faut d’abord réfléchir comment construire des universités publiques ou au moins, trouve deux grandes universités dans toutes les quatre régions naturelles du pays et autres gouvernorats», dit-il.
Pour cet étudiant, l’essentiel est de trouver un milieu où les conditions sont au moins acceptables pour apprendre. « Je n’es rien à reprocher aux fondateurs des instituts supérieurs privés. Si l’Etat démissionne, les autres vont récupérer le terrain. C’est clair. Ce que je veux qu’il nous laisse étudier », souhaite-t-il.
Faisant la statistique, Reymon Kamano, administrateur civil, note que le rapport sur le nombre des universités privées publiés en mars 2015 prouve le grand désordre dans ce secteur.« Il ressort que la Guinée compte 57 universités privées dont plus de 40 à Conakry et 19 universités publiques. Cependant dans nos recherches, nous n’avons pas pu mettre la main sur le nombre d’étudiants qui fréquente ces universités. Ils sont sans doute nombreux, des dizaines ou des centaines de milliers ? Mais là n’est pas le problème. Quelle formation dispensée dans ces universités et pour quel régime de contrôle ? », s’interroge-t-il.
Appuyant le précédant,
Marina Tim, responsable d’entreprise, estime qu’il faudra que l’Etat prenne ses responsables en revoyant évidemment la formation dans les universités privées. « La majeure partie des sortants de ces universités ont un niveau vraiment faible. Il faut que l’Etat dise non, que ça s’arrête maintenant. Parce que pour pouvoir palier au problème d’emploi des jeunes en Guinée, il faut que ces derniers acceptent de se remettre en cause. De faire quelques semaines voire des mois pour qu’au moins le jour où ils vont reprendre que leur enseignement soit de qualité », souhaite-elle.
Pour Tim, le ministre de l’Enseignement supérieur ne doit pas céder pas au chantage. « C’est le business qu’ils font dans ces écoles. Il faut que ça s’arrête parce que ça met l’avenir du pays en jeu. Dans cinq ans, les gens qui manquent de niveau, n’auront pas de place. Il faut qu’on arrête l’hypocrisie et regarder en face les réalités. L’enseignement doit être de qualité si non, les candidats en quête d’emploi, n’auront aucune chance », martèle-t-elle.
A rappeler que lors de sa dernière sortie médiatique, Abdoulaye Yéro Baldé , le ministre de l’enseignement supérieur note qu’il est du devoir de l’Etat de s’assurer qu’une bonne formation de qualité est donnée aux étudiants. « Nous n’allons pas orienter les étudiants uniquement pour faire plaisir à des gens. Chaque étudiant orienté dans une université privée coûte près de dix millions de francs guinéens par an à l’État. En dépit de tout, il y a des problèmes d’ordre infra-structurel et pédagogique dans la plus part de ces institutions d’enseignements supérieurs », dénonce le ministre Yéro Baldé.
Mouctar Diallo, conakryplanete.info