Depuis le 4 juillet dernier, la Commission Electorale Nationale Indépendante connait une crise. Le président Bakary Fofana qui n’est pas en odeur de sainteté avec les commissaires de l’institution, s’est vu éjecter de son fauteuil. Malgré les négociations au sommet, le refus de l’opposition et de la mouvance présidentielle, les commissaires frondeurs sont restés sur leur position : « Bakary Fofana doit partir ! » Et le lundi 7 août, la CENI connait un cinquième président. Face à cette réalité, les Guinéens s’interrogent. Bakary Fofana est parti. Et après ? Que va-t-il se passer maintenant ?
Depuis 2010, les Guinéens assistent impuissants aux défilés des présidents de la Commission Electorale Nationale Indépendante. Aucun des présidents n’ont achevé leur mandat de sept ans. Pourquoi tant de séismes au sein de cette institution ? La CENI est-elle habitée par un diable ? Tenez ! Après la mort mystérieuse du premier président, Ben Sékou Sylla, la communauté internationale sollicitée par la Guinée, nomme le général Malien, Tounmany Sangaré pour achever les présidentielles bloquées après le premier tour. Ensuite viendra Lounceny Camara. Celui-ci n’ayant pas été accepté par l’opposition, quitte précipitamment la CENI. Bakary arrive en 2013 comme un pompier pour sauver les meubles. Il organise les législatives sans bruits ni contestation. Il réussit là où la plupart des présidents des commissions africaines ont échoué. L’opposition obtient presque la moitié des députés à l’Assemblée Nationale. En 2015, Bakary a eu la lourde charge d’organiser les présidentielles. Il réussit haut les mains contrairement en 2010 où la Guinée était obligée de faire appel à l’expertise malienne. Deux ans après, contre toute attente, la rébellion éclate à l’intérieur et la cible n’est autre que Bakary Fofana. « Il faut le chasser du fauteuil » Pourquoi ? « Il ne partage pas et ne communique pas non plus… » Les commissaires de la CENI sont révoltés contre leur président sous prétexte qu’ « il n’a pas la main facile ». Et depuis ce 7 août, ils ont installé au forceps un nouveau président doit désormais gérer la CENI et qui peut-être ouvrira le coffre-fort pour distribuer les fonds alloués à l’institution. On sort Bakary Fofana par la « petite porte » en lui fermant les bureaux, mais ce monsieur part avec la conscience d’avoir apporté sa pierre à l’édifice. Il a donné à la Guinée une Assemblée Nationale respectable et une CENI restructurée et crédible.
Me Salif Kébé mis au-devant de la scène par des loups ?
«Vive le président.. ! A bas le président… ! » Les mêmes qui te soulèvent, ce sont les mêmes qui te font chuter…Dit-on souvent. Me Kébé est aujourd’hui mis au-devant de la scène par ses camarades commissaires déçus de son prédécesseur. Ils sont tout heureux et tout joyeux d’avoir dégagé « l’Appargon » Bakary et de le faire asseoir lui, le « généreux » Kébé. Fera-t-il leur volonté ? Sortira-t-il des griffes de ses camarades commissaires voraces qui veulent tout ici et maintenant ?
Tout le monde sait. La tempête qui a fait partir Bakary Fofana provient de la colère des commissaires. Et la principale raison, c’est le dieu argent… Le fauteuil de la présidence de la CENI est assis sur une bombe qui peut à tout moment exploser surtout au moment du partage du gâteau. A la CENI désormais, il n’est plus question de la compétence ni de la bonne gestion. C’est qui peut partager le reste des fonds alloués à l’institution. Là-bas, c’est maintenant « je mange, tu manges, vous mangez, nous mangeons… » Pour n’avoir pas su conjuguer le verbe « manger » à toutes les personnes, Bakary a perdu son fauteuil. Les loups, pardon, les commissaires de la CENI veulent de l’argent, beaucoup d’argent. Quiconque se met de travers, il se fera écraser. Me Kébé est averti.
Le Continent