New York, San Francisco, Miami, Atlanta, Philadelphie, Seattle, Chicago, Columbia, Los Angeles… Des milliers de policiers et soldats patrouillaient dimanche 31 mai dans les grandes villes américaines, au lendemain d’une nouvelle nuit de manifestations contre les violences policières et le racisme systémique, symbolisées par la mort de George Floyd.

Dans au moins 75 villes, selon un décompte réalisé par le New York Times, les manifestants ont dénoncé les bavures policières et les disparités raciales. Et ils ont exigé justice pour George Floyd. Le policier blanc, Derek Chauvin, qui, sur une vidéo largement diffusée, maintient son genou pendant de longues minutes sur le cou du quadragénaire a été arrêté vendredi et inculpé pour homicide involontaire. Mais pour les manifestants, ce n’est pas assez : ils réclament son inculpation pour homicide volontaire, et l’arrestation des trois autres agents impliqués dans le drame.

  • Trump veut désigner les antifa comme organisation terroriste

Donald Trump a promis de « stopper la violence collective » après cinq nuits d’émeutes à Minneapolis. Dans cette ville du Minnesota, dans le nord des Etats-Unis, la police a chargé samedi des centaines de manifestants qui défiaient le couvre-feu entré en vigueur à 20 heures. Les agents, en tenue antiémeute, ont tiré des fumigènes et des grenades assourdissantes afin d’éloigner la foule d’un commissariat.

Donald Trump, qui a dénoncé à plusieurs reprises la mort « tragique » de George Floyd, a estimé que les émeutiers déshonoraient sa mémoire. « Nous ne devons pas laisser un petit groupe de criminels et de vandales détruire nos villes », a-t-il lancé, en attribuant les débordements à « des groupes de l’extrême gauche radicale », et notamment Antifa (antifascistes).

Dimanche, le président américain a annoncé que son administration entendait désigner la mouvance d’extrême gauche antifa comme organisation terroriste, sans plus de détails. « Les Etats-Unis vont inscrire Antifa dans la catégorie des organisations terroristes », a tweeté M. Trump.

Donald J. Trump

@realDonaldTrump

The United States of America will be designating ANTIFA as a Terrorist Organization.

Le ministre de la justice, William Barr, a annoncé dans un communiqué que le FBI était chargé d’identifier les organisateurs des désordres. « La violence organisée et menée par Antifa et d’autres groupes similaires (…) est du terrorisme intérieur et sera traitée comme tel », a-t-il estimé.

Lire l’analyse : Président Trump, an IV : un carnage américain

Le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, a lui aussi dénoncé des éléments extérieurs à sa ville, qui pourraient être, selon lui, des membres de groupes anarchistes, mais aussi des suprémacistes blancs ou des trafiquants de drogue. Parmi les dizaines de personnes interpellées la veille, 80 % provenaient d’autres régions des Etats-Unis, selon les autorités locales. « La situation à Minneapolis n’a absolument plus rien à voir avec le meurtre de George Floyd », a déclaré le gouverneur. Il s’agit, selon lui, « d’instiller la peur et de déstabiliser nos grandes villes. »

  • Couvre-feu décrété dans une trentaine de villes

Manifestation à Los Angeles, le 30 mai.
Manifestation à Los Angeles, le 30 mai. MARIO TAMA / AFP

Des heurts entre policiers et manifestants ont également eu lieu à New York, Los Angeles ou Atlanta, conduisant les responsables de ces deux dernières villes, ainsi que ceux de Philadelphie ou de Chicago, à annoncer à leur tour un couvre-feu.

Lire notre reportage : à Minneapolis, le caractère multiracial des émeutes ébranle les certitudes des autorités

Un couvre-feu a été décrété dans une trentaine de villes : Los Angeles, Denver, Miami, Atlanta, San Francisco, Chicago, Louisville, Minneapolis, St. Paul, Rochester, Cincinnati, Cleveland, Columbus, Dayton, Toledo, Eugene, Portland, Philadelphie, Pittsburgh, Charleston, Columbia, Nashville, Salt Lake City, Seattle et Milwaukee.

De nombreux incidents graves ont été reportés ces derniers jours dans différentes villes. A Salt Lake City, un homme a visé les manifestants avec un arc, avant d’être pris à partie par la foule. A New York, dans le quartier de Brooklyn, une voiture de police a forcé le passage à travers un groupe de manifestants, faisant tomber plusieurs personnes. Le maire de la ville, Bill de Blasio, a promis une enquête, reconnaissant que la scène était « dérangeante », mais justifiant la conduite des policiers, confrontés à une « situation extrêmement dangereuse ».

Pierre G.@pgarapon

Wtf!!!

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  • La garde nationale des Etats mobilisée

A Denver, dans le Colorado.
A Denver, dans le Colorado. Michael Ciaglo / AFP

Quelque 5 000 soldats de la Garde nationale ont été déployés dans 15 Etats et à Washington, et 2 000 autres se tiennent prêts à intervenir si nécessaire, a annoncé dimanche la Garde nationale. A Los Angeles, ces soldats en tenue de combat et armés de fusils d’assaut ont commencé à patrouiller dans le centre ville dimanche matin.

Lire le reportage : de Minneapolis à Washington, une vague de colère contre le racisme et les violences policières

Un décompte, réalisé par l’Associated Press, révèle qu’au moins 1 383 personnes ont été arrêtées dans le pays depuis jeudi. Le nombre réel est probablement plus élevé, car les manifestations se poursuivaient samedi soir.

Des policiers adoptent le geste de protestation des manifestants, à Miami.
Des policiers adoptent le geste de protestation des manifestants, à Miami. EVA MARIE UZCATEGUI / AFP
Lire l’entretien : « Aux Etats-Unis, la police est à l’aise avec l’usage de la force »
  • Un homme retrouvé mort près d’une voiture brûlée

Le corps d’un homme a été retrouvé près d’une voiture brûlée, tôt dimanche matin à Minneapolis, selon les autorités municipales. La police a répondu vers 4 heures du matin au signalement d’une voiture en train de brûler, selon le porte-parole de la police de la ville. Une fois le feu éteint par les pompiers, des agents ont trouvé le corps d’un homme mort, présentant des contusions, à quelques mètres de la voiture calcinée. L’identité de la victime et la cause de la mort n’ont pas été communiquées pour le moment.

  • De nombreux journalistes pris pour cibles

Comme la veille, des journalistes ont à nouveau été visés alors qu’ils couvraient les manifestations.

Timothy Burke

@bubbaprog

Police now using journalists for target practice in Minneapolis:

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Tim Arvier, un correspondant américain de 9News Australia, en reportage sur le terrain à Minneapolis, a tweeté qu’il avait été « détenu et fouillé » par la police. Un correspondant de CBS News, Michael George, a pour sa part rapporté que la police locale avait tiré sur son équipe avec des balles en caoutchoucDeux membres d’une équipe vidéo de Reuters présents ont également été pris pour cibles, de même que la journaliste Sarah Belle Lin, cette fois à Oakland.

Michael George@MikeGeorgeCBS

This is the moment Minneapolis Police fired on our CBS News crew with rubber bullets. As you can see, no protesters anywhere near us- we all were wearing credentials and had cameras out. Our sound engineer was hit in the arm.

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Cela n’a pas empêché Donald Trump de s’en prendre à nouveau aux médias dimanche, les accusant dans un tweet de « faire tout ce qui est en leur pouvoir pour fomenter la haine et l’anarchie ».

Le Monde avec AFP