Une attaque de jihadistes présumés à Kodyel, dans l’est du Burkina Faso, a fait “plusieurs dizaines de morts”, ont rapporté à l’AFP des sources sécuritaire et locales. Il s’agit de l’une des attaques les plus meurtrières survenues dans le pays.

“Plusieurs dizaines” de personnes ont été tuées lundi 3 mai dans une attaque de jihadistes présumés à Kodyel, localité de la province de la Komandjari dans l’est du Burkina Faso, ont rapporté à l’AFP des sources sécuritaire et locales. Menée par “un important nombre d’individus armés”, cette attaque est l’une des plus meurtrières dans le pays.

Un responsable régional des Volontaires de la défense de la patrie (VDP), des supplétifs civils engagés dans la lutte antijihadiste aux côtés des forces de défense et de sécurité, a confirmé l’attaque, parlant d’un “bilan très lourd”, au minimum “20 à 30 morts”.

“C’est un bilan toujours provisoire car les gens ont fui le village”, a indiqué pour sa part un membre des VDP de la commune de Foutouri, parlant lui aussi d’une “trentaine de morts, hommes et femmes”. Il a précisé qu’il y avait également “une vingtaine de blessés, dont plusieurs graves”.

“Des alertes avaient été données”

Il a affirmé que “ce massacre aurait pu être évité” car “des alertes avaient été données il y a quelques jours, par des villageois, sur la présence de terroristes dans la zone. Certains individus avaient déjà menacé les villageois qu’ils accusent de les dénoncer ou d’encourager les volontaires qui les combattent”.

“Une opération de sécurisation des populations et de traque de ces individus à été lancée aussitôt que l’alerte a été donnée par les VDP”, a affirmé la source sécuritaire.

Le responsable régional des VDP a déclaré à l’AFP que “l’attaque a eu lieu tôt ce matin pendant que certains étaient toujours dans leurs maisons. Des dizaines d’hommes ont fait irruption dans le village et mis le feu à des maisons pendant que d’autres surveillaient, ils ont ouvert le feu sur les gens sans distinction”.

“Les terroristes ont également blessé une quinzaine de personnes, dont certains ont été évacués au centre hospitalier de Fada N’Gourma pour des soins”, a-t-il ajouté.

Sur France 24 Kalidou Sy, correspondant de France 24 au Burkina Faso, confirme que l’attaque a eu lieu à 5 heures du matin lundi. “Les assaillants ont encerclé le village, puis ont commencé à tirer sur les populations civiles. Les assaillants ont également volé du bétail, saccagé des boutiques et vidé la pharmacie du centre de santé”, détaille le journaliste.

Le chef du village et certains membres de sa famille figureraient parmi les victimes civiles. “Les forces de sécurité burkinabè indiquent qu’il faudra attendre l’identification des corps par les familles pour avoir un chiffre définitif” des victimes, ajoute Kalidou Sy.

Pays visé par le jihadisme depuis six ans

Cette attaque est l’une des plus meurtrières depuis que le Burkina Faso est confronté aux actions jihadistes qui ont débuté dans ce pays il y a six ans.

Le 1er janvier 2019, des individus armés non identifiés avaient attaqué le village de Yirgou, dans le nord du Burkina, tuant six personnes, dont le chef du village, attaque immédiatement suivie d’actions de représailles entre communautés faisant 50 morts selon le bilan officiel, plus de 70 selon des organisations de la société civile.

En novembre 2019 une embuscade contre un convoi transportant des employés d’une société minière canadienne dans l’est du pays, avait fait 37 morts et 60 blessés.

L’attaque de lundi, l’une des plus meurtrières de la région de l’Est, survient une semaine après une embuscade contre une unité mixte anti-braconnage sur l’axe Fada N’Gourma-Pama,au cours de laquelle trois Européens, deux journalistes espagnols et un défenseur irlandais de la faune, ont été tués.

Pays pauvre d’Afrique de l’ouest, le Burkina Faso est en proie depuis 2015 à des attaques djihadistes récurrentes, comme ses voisins le Mali et le Niger.

AFP