Des députés européens, au nombre de 32, ont saisi l’Union européenne pour sanctionner 25 personnalités guinéennes. Celles-ci sont accusées d’avoir été impliquées activement dans la répression des manifestations de l’opposition suite notamment à l’organisation des trois dernières élections en Guinée : référendum, législatives et présidentielle. Ces eurodéputés demandent au chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell de sanctionner ces hauts cadres du régime d’Alpha Condé.

Suite à la publication de cette liste que votre quotidien électronique Guineneews a largement relayé, des langues commencent à se délier. Car, de nombreux observateurs se demandent quels ont été les critères sur lesquels des eurodéputés se sont basés pour dresser une telle liste de cadres guinéens qu’ils accusent d’être impliqués dans la répression des manifestations politiques en Guinée ? Pour beaucoup de gens, il y a des responsables des violations des droits de l’homme en Guinée qui ne figurent pas sur cette liste et il y en a qui y figurent, mais dont l’implication dans la promotion du 3ème mandat, dans la répression des opposants n’est pas avérée ou du moins n’a pas été visible sur le terrain.

De commun des mortels, officiellement, le commandant Mory Doumbouya des Forces spéciales, le ministre de la Communication, Amara Somparé, Aboubacar Sylla, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ou encore Toumany Sangaré de la Douane, n’ont été vus nulle part en train de faire de l’excès de zèle dans les manifestations qui ont endeuillé de nombreuses familles, ni dans la promotion du 3ème mandat d’Alpha Condé.

C’est le cas également de l’ancien  ministre des Travaux publics, Moustapha Naité, qui est même accusé par son propre camp, la mouvance présidentielle, de n’avoir aucunement œuvré dans la mobilisation des militants et sympathisants du RPG Arc-en-ciel. Justement, le cas spécifique du président du conseil d’administration de Mouna Group Technology a retenu notre attention.

Il n’était pas impliqué, mais se retrouve cité. Un paradoxe ?

Si cette liste qui n’a été rendue publique que le 17 mai dernier, faut-il préciser qu’elle a été établie depuis février 2021, soit un mois avant l’adoption du double scrutin contesté. A l’époque, Moustapha Naité était bien ministre des Travaux publics. Période au cours de laquelle, il multipliait ses sorties dans les chantiers de construction/reconstruction de routes parfois accompagné d’Alpha Condé, en vantant  les investissements en la matière mis au crédit du président de la République. Dans toutes les régions, des chantiers sont ouverts pour reconstruire et renforcer des infrastructures existantes à Conakry et à l’intérieur du pays avec de gros travaux qui sont en cours dont certains sont déjà bloqués depuis son départ.  L’on se rappelle des dépêches que sa cellule de communication envoyait aux médias dont votre quotidien en ligne Guinéenews chaque début de semaine, le tout dans une allure de campagne orientée vers les faits pour attirer l’électorat guinéen. Plusieurs observateurs voyaient cette opération de charme, comme une sorte d’appel aux citoyens de croire à Alpha Condé, faire passer son projet de nouvelle constitution et arriver à briguer un autre mandat.

« Nous sommes appelés par nos parlementaires européens à leur faire un retour sur cette liste, avec possibilité à retirer ou à ajouter des gens selon leur degré d’implication pour que le travail que nous avons entamé depuis longtemps puisse aboutir à quelque chose hors de tout doute raisonnable dans l’intérêt des populations guinéennes », a révélé une source anonyme proche des eurodéputés.

Loin de toute idée farfelue de défendre X ou Y, on se demande si les eurodéputés n’ont pas été induits en erreur dans l’établissement de leur liste ou si les acteurs politiques et civils qui l’ont concoctée n’ont pas manqué de jugement ? Car si le président de la République lui-même, selon nos indiscrétions, estime que son ex-ministre a été minimaliste dans les faits, n’ayant moins « mouillé le maillot » et qu’il jouait un double jeu, des interrogations se poseraient donc sur le pourquoi son nom y figure ? Est-ce une façon de démentir les autorités de Conakry sur les vraies raisons du limogeage de Moustapha Naité ? Des extrémistes du gouvernement ou du parti au pouvoir auraient-ils profité de ce dernier remaniement du gouvernement pour éjecter l’homme ?

Tout porterait à croire que ces observations sont fondées car sur l’ensemble des membres du gouvernement de l’ancienne équipe, seuls trois (3) se sont vus remerciés. L’un pour n’avoir pas voulu le poste proposé, l’autre après plus de 4 mois d’une longue série de mini-remaniements et l’ancien ministre des travaux publics.