Ce mardi 14 juillet 2015, le groupe des « 5+1 » et l’Iran sont parvenus à un accord « historique », à Vienne. Il prévoit une levée progressive des sanctions qui pèsent sur l’Iran en échange d’inspections sur ses sites nucléaires ; d’une réduction du nombre de ses centrifugeuses ; et d’une enquête sur son programme nucléaire passé. Depuis 2006, le Conseil de sécurité de l’ONU a pris six résolutions sur l’Iran, dont quatre imposant des sanctions. Retour sur près de 60 ans de nucléaire iranien.
De 1957 à ce mardi et l’accord historique trouvé à Vienne, le nucléaire iranien a été successivement encouragé par les Etats-Unis et la France, puis freiné, jusqu’à la découverte en 2002 de l’existence de deux sites nucléaires inconnus, une usine d’enrichissement d’uranium et une usine à réacteur d’eau lourde. Depuis, la communauté internationale, à grands renforts de sanctions économiques et de mesures incitatives, faisait tout pour stopper l’enrichissement d’uranium en Iran.
• Le 14 juillet 2015, un accord « historique » est conclu entre l’Iran et le groupe des « 5+1 » (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie et Allemagne) à Vienne. Il prévoit la levée progressive des sanctions qui pèsent sur l’Iran, dès 2016, notamment sur le secteur pétrolier iranien. En échange, l’Iran promet une réduction de deux tiers du nombre de ses centrifugeuses pendant dix ans, accepte la mise en place d’inspections sur ses sites nucléaires et une enquête sur son programme nucléaire passé. L’embargo sur les armes imposé à l’Iran est tout de même maintenu pendant une période d’au moins cinq ans.
• Début avril 2015, à Lausanne, au terme d’un marathon diplomatique de huit jours, l’Iran et les puissances du groupe des « 5+1 » s’entendent sur un accord-cadre visant à encadrer les activités nucléaires de l’Iran pendant au moins dix ans.
• En mars 2015, à la tribune du Congrès des Etats-Unis, où l’ont invité les républicains, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, inquiet par un éventuel accord, dénonce la politique iranienne des Etats-Unis. Il va jusqu’à évoquer un « potentiel cauchemar nucléaire ».
• Durant toute l’année 2014, des discussions se multiplient dans l’objectif de parvenir à un accord définitif qui reconnaîtra le droit de l’Iran aux usages civils de l’atome tout en garantissant qu’il ne se dotera pas de la bombe atomique.
• En 2013, l’élection de Hassan Rohani à la présidence iranienne, en juin, dès le premier tour, est vue comme un moyen de relancer la recherche d’un règlement diplomatique de la crise. Ancien négociateur en chef sur le dossier du nucléaire iranien, c’est lui qui a accepté en 2004, la suspension des activités de son pays d’enrichissement de l’uranium. Des contacts à haut niveau sont alors établis avec les Etats-Unis. Réunis à Genève, les négociateurs de l’Iran et du groupe des « 5+1 » s’entendent sur un accord intérimaire qui gèle les activités les plus sensibles du programme iranien en échange de la suspension de certaines sanctions.
• De 2012 à 2007, les sanctions économiques et commerciales onusiennes, des Etats-Unis et de l’UE, pleuvent. L’Iran poursuit son programme d’enrichissement d’uranium et refuse la proposition du Conseil de sécurité de l’ONU d’enrichissement de son uranium à l’étranger.
• En 2011, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) évoque dans un rapport une « possible dimension militaire » du programme nucléaire iranien après que l’Iran a installé de nouvelles centrifugeuses pour produire de l’uranium enrichi. L’Iran menace de fermer le détroit d’Ormuz emprunté par plus de 30 % du transport pétrolier mondial.
• En 2010, la première centrale nucléaire iranienne construite par la Russie est chargée à Bouchehr, alors que la Russie et la Chine sont prêtes à accepter le principe de nouvelles sanctions contre l’Iran. Le Brésil et la Turquie opèrent, quant à eux, un rapprochement avec le pays, en échange du transfert en Turquie d’uranium faiblement enrichi.
• En 2009, la première usine de fabrication de combustible nucléaire est inauguré à Ispahan. Les autorités annoncent avoir installé 7 000 centrifugeuses dans l’usine d’enrichissement de Natanz. Le pays reconnaît aussi avoir une usine d’enrichissement d’uranium près de Qom.
• En 2006, l’AIEA transmet le dossier du nucléaire iranien au Conseil de sécurité de l’ONU. En réponse, l’Iran n’applique pas le protocole additionnel du TNP et suspend les inspections-surprises prévues par l’AIEA. L’ONU publie une résolution donnant un mois à l’Iran pour suspendre ses activités sous peine de sanctions. Mais l’ultimatum fixé n’est pas respecté. Le Conseil de sécurité sanctionne l’Iran pour sa politique nucléaire par le vote, à l’unanimité, de la résolution 1737. Elle interdit la vente de tout matériel ou technologie qui puisse contribuer aux activités de l’Iran dans les domaines nucléaires et balistiques, et pose un nouvel ultimatum.
• En 2005, le nouveau président iranien, le très conservateur Mahmoud Ahmadinejad, refuse la coopération avec l’Union européenne (UE) et relance le programme d’enrichissement d’uranium à Ispahan. Il déclare à la tribune de l’ONU que l’Iran a le droit de développer un programme nucléaire civil.
• En 2004, l’Iran concède à suspendre l’enrichissement d’uranium.
• Juin 2003, l’AIEA affirme avoir découvert sur le site de Natanz des taux d’uranium enrichi supérieurs aux normes civiles et demande à l’Iran de prouver qu’il ne développe pas l’arme nucléaire, conformément à l’engagement pris lors de la signature du TNP.
La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni (dit UE-3) obtiennent un engagement iranien sur la suspension de l’enrichissement d’uranium. Téhéran accepte de signer et d’appliquer le protocole additionnel au TNP qui permet des inspections inopinées de l’AIEA.
• En 2002, une partie de la centrale nucléaire de Bouchehr est lancée, cinq ans après la signature d’un programme de coopération technique avec l’AIEA. Des opposants iraniens à l’étranger, membres du Conseil national de la résistance iranienne, révèlent l’existence de deux sites nucléaires inconnus : une usine d’enrichissement d’uranium à Natanz et une usine à réacteur d’eau lourde à Arak.
• En 1982, contrairement à un accord passé en 1974 (l’accord Eurodif), François Mitterrand refuse de remettre à l’Iran l’uranium enrichi prévu. Téhéran, qui avait prêté plus d’1 milliard de dollars US en tant qu’actionnaire d’Eurodif, décide alors la création d’un centre de technologie nucléaire à Ispahan pour produire de l’uranium enrichi.
Avant la révolution islamique, de 1974 à 1957 :
• L’année 1974 voit la création de l’Organisation de l’énergie atomique de l’Iran (OEAI) et le début de la construction de deux sites industriels atomiques dans la région de Bouchehr, à des fins civiles.
• En 1968, l’Iran signe le Traité de non prolifération nucléaire (TNP) et le ratifie en 1970.
• Commence en 1959, un petit programme de recherches nucléaires à Téhéran grâce à un réacteur donné par les Etats-Unis.
• En 1957, le Shah d’Iran signe un accord de coopération civile avec les Etats-Unis sur l’utilisation pacifique de l’atome dans le cadre du programme « Atomes pour la paix ».