Le sextuple champion olympique Usain Bolt, qui s’est fait rare depuis deux saisons en raison de problèmes physiques, se dévoilera sur 100 m vendredi soir à Londres, la ville de son deuxième triplé aux Jeux, à seulement un mois des Mondiaux de Pékin.
Le sprinter jamaïcain, particulièrement enjoué, a tenu à rassurer jeudi en affirmant: « Je ne doute pas et je ne suis pas inquiet. Il reste encore un mois ». « Je me suis entraîné dur. Si tout fonctionne, je sais que je peux courir vite. Il ne faut qu’une course pour être à 9 sec 7 », a ajouté Bolt, qui se testera en disputant en un peu plus d’une heure série et éventuelle finale sur 100 m.
Pour le troisième anniversaire des derniers JO, la représentation française est étoffée, conduite par le perchiste Renaud Lavillenie, sacré au stade olympique en 2012 et depuis détenteur du record du monde (6,16 m).
L’année 2015 de Bolt – qui, souffrant au niveau du bassin et de la jambe gauche, avait déclaré forfait pour les meetings de Paris et de Lausanne au début juillet -, s’est résumée à une participation aux Mondiaux des relais et, sur le plan individuel, à trois 200 m et un seul 100 m.
Sur la ligne droite, la « légende » du sprint a réalisé 10 sec 12/100e sous la pluie le 19 avril à Rio de Janeiro, lors d’une exhibition à l’invitation du Jockey Club local. A des années-lumière de son record planétaire (9.58) daté de 2009, et loin de la référence 2015 (9.74) de l’Américain Justin Gatlin.
Dernière trace
Au firmament depuis les JO-2008 à Pékin, Bolt n’a pas effectué de saison complète depuis les Mondiaux-2013, dernière trace de sa gloire avec un triplé en or à Moscou (100, 200 et 4×100 m). Mais on imagine mal l’entourage de la Foudre prendre le risque d’un échec pour son retour à la compétition, si près de l’échéance mondiale.
Aux côtés de la star absolue, le casting londonien est à la hauteur du souvenir des Jeux 2012. Le samedi 4 août 2012, le public entra en éruption trois fois pour autant de victoires en l’espace de 80 minutes: Jessica Ennis à l’heptathlon à l’issue d’un 800 m victorieux, Greg Rutherford à la longueur et Mo Farah au terme d’un sprint au dernier souffle sur 10.000 m.
Retour des héros
Les trois héros sont de retour. Une blessure et une maternité après, Ennis, devenue Mme Hill, s’aligne au 100 m haies et à la longueur. Farah, Somalien d’origine, également vainqueur aux JO-2012 du 5000 m, a depuis étoffé son palmarès.
Mais son entraîneur Alberto Salazar est sur la sellette, un documentaire de la BBC l’accusant d’avoir recours au dopage pour ses athlètes. Le Kényan David Rudisha avait ébloui le public en remportant la finale du 800 m de bout en bout, avec à la clé le record du monde (1:40.91).
Depuis, les blessures ont empêché le Masaï magnifique non seulement de progresser vers la barrière mythique des 100 secondes mais surtout de conserver sa suprématie. Avec Lavillenie, le sprinteur Jimmy Vicaut est particulièrement attendu sur 100 m, face à Bolt notamment. Le Francilien se présente avec son nouveau statut de co-détenteur du record d’Europe (9.86).
« Travailler encore les départs », tel a été le leitmotiv de Vicaut, 3e vendredi dernier à Monaco (10.03, v-0,3 m/s), loin de Gatlin (9.78) mais à la bagarre avec Tyson Gay (9.97). Le 110 m haies est aussi relevé qu’une finale mondiale ou olympique.
L’Américain Aries Merritt, champion olympique et recordman du monde (12.80) en 2012, a du mal à retrouver ce rythme. Il doit compter avec la génération nouvelle, celle du Cubain Orlando Ortega et du Français Pascal Martinot-Lagarde. « Je veux me sentir bien dans mes pointes. Je viens chercher des sensations plus que le chrono », a expliqué PML. Le Lyonnais Garfield Darien, lui, aimerait goûter pour la première fois à un moins de 13 secondes.