La médiation africaine et internationale a proposé dimanche soir à Ouagadougou son plan de sortie de crise. Ses principales dispositions sont la restauration des institutions de la transition, avec à leur tête le président Michel Kafando, et l’organisation d’élections ouvertes aux candidats exclus d’ici le 22 novembre.
Cette nouvelle journée de tractations a été longue et la tension était perceptible dans les couloirs de l’hôtel Laïco où les discussions se tenaient. Elle n’a finalement accouché d’aucun accord mais la médiation africaine et internationale a confirmé ses propositions, qui consistent en une série de mesures destinées à sortir le Burkina Faso de la crise dans laquelle il est plongé depuis le coup d’État contre le régime de transition.
Fruit d’un compromis obtenu après trois jours de négociations à Ougadagougou, ce « projet d’accord » sera soumis aux présidents ouest-africains lors d’un sommet extraordinaire des chefs d’État de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), mardi prochain, à Abuja, au Nigeria.
Outre la libération du Premier ministre Isaac Zida, la principale disposition de ce schéma de sortie de crise est la restauration des institutions du régime de transition et le rétablissement, à leur tête, du président Michel Kafando. Autre mesure proposée par les médiateurs : le retrait des militaires du gouvernement de transition, et donc le départ de Yacouba Isaac Zida.
L’organisation d’élections au plus tard le 22 novembre
Menée par le président sénégalais, Macky Sall, la médiation préconise aussi l’organisation d’élections présidentielle et législatives au plus tard le 22 novembre, auxquelles les candidats pro-Compaoré exclus par la transition seront autorisés à se présenter. Enfin, ce projet de compromis propose l’adoption d’une loi d’amnistie pour les militaires putschistes impliqués dans le coup d’État du 17 septembre et laisse le soin aux futures autorités élues de se pencher sur la réforme de l’armée et l’avenir du Régiment de sécurité présidentielle (RSP).
Avant de s’envoler dans la soirée pour Dakar, Macky Sall a lancé un « appel pressant au calme, à la paix et à la sérénité ». Selon lui, deux issues se profilent désormais au Burkina Faso : celle, « que nous souhaitons tous », de « la paix et du compromis » menant à des « élections apaisées, crédibles et démocratiques ». Et celle, « que personne ne souhaite », du « basculement dans la violence et le chaos », dans laquelle « on ne compterait plus les bulletins de vote, mais les morts et les blessés ».
Ce scénario de sortie de crise, qui n’évoque à aucun moment le rôle ni le sort réservé au général Gilbert Diendéré, doit maintenant être accepté par tous les acteurs militaires, politiques et civils burkinabè. Ce qui ne s’annonce pas évident, loin de là.
Un projet de sortie de crise « honteux »
Dans les couloirs de l’hôtel Laïco, où se tenaient les tractations, Guy-Hervé Kam, le porte-parole du Balai citoyen, mouvement de la société civile à la tête de l’insurrection populaire contre Blaise Comparé, dénonçait ainsi un projet de sortie de crise « honteux », qui « légitime le coup d’État et les exigences du RSP ».
De leur côté, les responsables du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, l’ex-parti au pouvoir), ainsi que certains officiers du RSP, ne veulent pas entendre parler d’un retour de Michel Kafando aux affaires.
Enfin, l’adoption d’une loi d’amnistie pour les militaires putschistes risque de susciter l’indignation populaire, alors que de nombreux Burkinabé continuent à exprimer leur défiance à l’égard du général Diendéré et de ses hommes.
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