Le président de l’Union des forces républicaines (UFR), Sidya Touré, était, ce samedi 5 décembre 2015, face à ses militants. Ceux-ci étaient fortement mobilisés au siège national de l’UFR. C’était à l’occasion de l’Assemblée générale du parti. Il est intervenu sur tous les sujets qui constituent le débat politique actuel en Guinée depuis la dernière élection présidentielle. C’était le grand déballage ! Sidya n’a raté aucun coup. Il a tout dit !
Nous vous livrons l’intégralité de ce discours décrypté :
Chers camarades du parti, je vous remercie pour le déplacement. Merci d’être venus à cette Assemblée générale ordinaire du samedi. Depuis mon retour de voyage le mercredi nuit, j’ai décidé de venir vous rencontrer. D’abord pour vous remercier pour votre confiance placée en moi depuis maintenant plus de 15 ans que nous sommes ensemble et moi en temps que président du parti. Il y a eu beaucoup de choses qui sont passées. Mais il y a encore une chose qui est claire, c’est que votre engagement est indéfectible à mon endroit. Le choix que vous avez porté sur ma personne, je sais que cela n’a pas changé. Donc n’ayez pas peur. Ne vous en faites pas. Encore une fois n’ayez pas peur. Ça c’est la Guinée. Ici nous sommes tous chez nous. Ou bien vous vous êtes des étrangers ? (‘’Non’’, crient les militants.)
Donc nous commencerons par cela. Personne ne nous apprendra comment marcher ici. Nous sommes des dignes fils d’ici. Donc nous savons comment marcher. Et comme nous connaissons cela, c’est pourquoi nous n’allons pas accepter que des gens viennent nous apprendre comment nous devons aller. C’est pourquoi encore une fois, je vous remercie pour votre engagement indéfectible.
Vous allez me permettre de parler beaucoup aujourd’hui en français, parce qu’il y a eu beaucoup de choses qui ont été dites ces derniers temps. Il faut que certaines soient répondues. Vous savez, lorsqu’il y a beaucoup de mensonges dans la cité, c’est normal que quelquefois, qu’on vienne apporter, ne serait-ce qu’une seule vérité.
Vous savez que je ne me suis pas exprimé depuis ma dernière rencontre avec le président de la République. Et à travers des médias, j’ai entendu toutes sortes de choses et de partout. Je trouve déplorable que la vie politique en Guinée, se résume à ce que Sidya dit ou à ce que Sidya a fait ou n’a pas fait. J’aime rappeler que je suis venu comme Premier ministre ici en 1996 à la demande du président Lansana Conté, paix à son âme. Je n’ai pas écrit une lettre. Je n’ai pas créé un comité. Je n’ai pas fait des démarches. Je n’ai pas formé de groupes de pression pour demander à être Premier ministre. J’étais assis en Côte d’Ivoire, on m’a convoqué pour venir discuter de cette probabilité et je l’ai accepté parce que c’était mon pays. Je l’ai accepté à l’époque pour une seule raison et je l’ai dit dans l’intervention que j’ai eue à faire quelques jours après ma nomination, le 9 juillet 1996, que je venais particulièrement pour une mission économique essentiellement. Beaucoup m’ont reproché cela.
Mais je dois vous dire que, bien que pendant les années 1980, j’ai soutenu tous les hommes politiques de la Guinée qui souhaitaient ramener la démocratie dans ce pays : Siradiou Diallo, Bâ Mamadou, Alpha Condé. Il n’y en a pas un, avec lequel à l’époque, nous n’avons pas discuté, nous n’avons pas participé à des réunions. Les deux témoins encore ici, c’est Babara Fofana et Goyo Zoumanigui. Nous étions à l’extérieur à l’époque. Donc quand je suis arrivé ici en 1996, je ne suis pas venu en temps qu’un homme politique. Je suis venu pour une seule raison : la Guinée était en difficulté et je considérais que l’expérience acquise à l’extérieur, mes compatriotes avaient besoin de moi pour essayer d’amplifier tout ce qui était bon et de corriger certains dysfonctionnements afin de permettre à la Guinée d’avoir une bonne création de richesses, qui aurait été profitable pour nos populations. Voilà des raisons qui m’ont poussé à accepter la Primature. C’est pourquoi pendant presque trois (3) ans, j’ai travaillé avec de jeunes gens que vous connaissez tous. Mais c’est pendant ces trois (3) ans aussi que se sont créées des montages d’histoires. Paix à son âme, le commandant Lansana Camara, qui était l’aide de camp du Général Lansana Conté. Il est venu chez moi un jour à Kolon, me rapporter alors ce qui se passait à la Présidence. Ces groupes qui étaient organisés pour utiliser la femme du président, son oncle, son fils, sa tente, son cousin, son marabout. Tout simplement pour que le président ne s’entende pas avec son Premier ministre. Mais ce n’était pas pour la Guinée qu’on le faisait. Ces gens le faisaient pour eux-mêmes. Je n’ai jamais fait de politique en Guinée pour moi-même. Je l’ai fait et je continuerai de le faire, pour mes compatriotes pour qu’ils aillent mieux.
Le pays d’où je viens, les Baoulés disent que «si ton âge dépasse les 60 ans, ce qui est mon cas, tu ne cherche plus d’argent, tu ne cherche plus de place, tu cherche un nom. Donc, il y a certaines sournoiseries dans lesquelles tu ne dois pas entrer. Moi, je ne suis pas en politique pour un poste et vous savez quand même que je ne suis non plus pas en politique pour l’argent ! Je suis dedans parce que je pense que nous pouvons faire quelque chose pour améliorer les conditions de vie de nos compatriotes. Je le dis souvent : toute politique qui ne vous permet pas d’améliorer les conditions de vie de vos compatriotes, de donner de l’emploi aux jeunes, de construire des hôpitaux, des écoles, qui ne permet pas aux gens qui sont en retraite de vivre dans leurs propres maisons, etc., si votre politique ne vous conduit pas à cela, je me dis que ça n’a pas de sens. C’est du n’importe quoi cela !
Moi quand on m’a donné la charge de diriger ce parti, mon objectif était cela et c’en est toujours. Ça n’a pas changé ! Ce n’est pas un positionnement par rapport à une région, par rapport à une communauté, c’est une vision pour l’ensemble de notre pays parce que jusqu’à présent la Guinée est un pays pauvre. Voilà mon engagement politique.
Et quand j’ai décidé d’être dans l’opposition, je l’ai fait par conviction, parce que j’avais la sensation que des dissensions pouvaient surgir dans le pays.
Mon Bureau Exécutif est ici présent. Nous avons tenu plus de trois (3) réunions en 2010 où je n’étais pas suivi, mais c’est moi qui ai décidé de faire l’alliance. Je me rappelle encore mon amiBIRIKI MOMO, paix à son âme. Lors de la dernière réunion, il avait quitté et il s’était mis à côté dans ma cour. Quand on a fini la réunion, il m’a appelé et m’a dit : « Sidya, il y a plus de 40 ans maintenant qu’on se connait. Mais tu sais que ce que tu es en train de faire, nos parents ne vont pas nous suivre dans ça. Moi je m’en vais.» Je lui ai dit ce jour que ça ne fait rien, mais c’est cela ma position. La politique c’est cela. Ramener notre pays à un niveau que nous souhaitons tous. Et quand il y a des perspectives de troubles, faire en sorte que la tension baisse.
De 2011 à 2013 nous étions dans les manifestations de rue pour avoir une Assemblée nationale. Nous étions dans ces manifestations jusqu’au mois de mai 2013, quand j’ai assisté à des scènes qui tendaient à amener la violence dans le pays, je suis allé à la maison de la presse. J’ai dit que vous ne me verrez plus sur le capot d’un véhicule, parce que ce n’était pas l’objectif de l’opposition. Ça, ce sont les questions de conviction. Dans tout ce que nous faisons dans ce parti, dans tout ce qui constitue mon engagement, c’est la Guinée d’abord. Ce n’est pas tel individu, ce n’est pas telle communauté, ce n’est pas un poste. J’ai dépassé ce niveau et par mon âge et par mes moyens.
Nous avons passé cinq (5) ans à travailler pour un changement démocratique. Vous m’avez écouté ici, on en a discuté beaucoup et nous avons souhaité qu’il y ait une alternance. L’opposition dite républicaine, à l’instigation des jeunes présidents des partis à l’opposition, notamment le jeune Faya Millimouno, ont demandé à ce qu’un document soit rédigé et qui puisse être examiné par l’opposition dans le cadre, disons, desétats généraux de l’opposition. Ce document a été rédigé et pendant un an, certains des partis ont refusé que la réunion se tienne et qu’on puisse examiner le document. Donc au moment où nous allions aux élections présidentielles, la stratégie qui existait était que chacun parte comme il veut. Nous étions dans cette situation. Alors on ne peut pas dire qu’on ne peut pas examiner un document qui nous permet de trouver un consensus, qu’on prône le fait que chacun n’a qu’à aller de son côté, et que le surlendemain on vient vous dire que vous, vous n’avez pas obtempéré à un mot d’ordre que quelqu’un d’entre vous aurait lancé, que moi je n’ai pas entendu ou si j’avais entendu, je n’avais pas envie d’entendre.
Deux (2) semaines avant les élections, on me dit qu’une partie de l’opposition s’est réunie pour faire boycott. Je leur ai dit que moi j’étais déjà en campagne depuis dix (10) jours et que nous n’avons pas discuté de ces questions au moment où j’étais à Conakry alors que je suis à Lola. Et nous avons décidé que chaque parti prenait la direction qu’il souhaitait. Comment voulez-vous me dire aujourd’hui qu’il y a une question de boycott ? Je leur ai dit, moi je ne peux pas me permettre, au point où je suis, de boycotter les élections. Les élections peuvent se passer mal, je les dénoncerai. Mais ce n’est pas maintenant que j’ai engagé tout, que j’ai mis les gens dans la rue et je connais moi mes électeurs. Je ne pourrais pas leur expliquer que moi je ne suis pas allé à une élection !
Après on vient nous dire, non, nous nous n’avons pas boycotté parce que l’UFR n’a pas boycotté. Mais qu’est-ce cela a à avoir dedans ?Vous avez dit que chacun parte comme il souhaite, mais pourquoi vous dites que vous êtes partis aux élections parce que Sidya est parti ? Mais pourquoi ? C’est une question qui n’a pas de sens. A partir de là on commence à produire toute une série de choses.
En 2002 ici, les partis de l’opposition : Jean Marie Doré, Bâ Mamadou, Alpha Condé, Siradiou Diallo et moi-même, avec Bah Oury, nous avons décidé de boycotter les élections législatives parce que nous estimions que Lansana Conté ne les organisait pas dans les bonnes conditions. Mais quelque temps après, Siradiou nous a fait savoir que lui il va aller aux élections. Il y est allé avec Jean Marie. Lui il a eu je crois 20 députés et Jean Marie, je crois 3 députés. Mais dans le lot de l’opposition d’alors, composée des vrais ténors de la vie politique en Guinée, personne n’a dit que Siradiou ou Jean Marie était un traitre. Moi qui avais de très bonnes relations avec lui, il faut savoir que sa femme a été la marraine de mon mariage en 1973, je lui ai dit mais Kötö je ne comprends pas ta position. Il m’a dit : «Sidya, s’il y a une élection qu’on doit boycotter à mon niveau, je pense que c’est la présidentielle. Mais ces élections permettront aux gens de se positionner. »
Je constate que si rien ne marche en Guinée, on dit que c’est Sidya. Mais on dit que nous avons un parti qui ne représente pas grand-chose, mais pourquoi il faut que ce soit moi qui dise aux gens, voilà ce qu’il faut faire ou qu’il ne faut pas faire ? Pourquoi ? Je dis que je ne boycottais pas, je n’ai pas dit, ne boycottez pas ! Il fallait faire comme nous l’avons fait en 2002 !
Donc les faux problèmes ont commencé. Mais ils ont oublié que nous n’avions pas de stratégie commune avant ! Qu’entre temps on s’était réunis et que des gens ont refusé, pendant un an et quelque, que ce débat se tienne. Dans ce contexte les élections terminées, les résultats proclamés, nous les avons tous contestés. Vous vous souviendrez que j’ai été le premier à me retirer de tout le processus électoral. Après il y a eu des gens qui ont suivi. Nous sommes restés dans cette position et quand tu es un homme politique, doublé d’un homme d’Etat comme moi, tu te poses la question, quelle est l’utilité pour la population guinéenne, du combat que nous sommes en train de mener en ce moment ? Pendant cinq (5) ans nous avons protesté, nous avons manifesté, nous avons été dans les rues, nous avons accusé le gouvernement de tous les maux qui étaient vrais. La preuve est que les résultats ne sont pas bons !
Moi, en temps que président de l’UFR, en temps que quelqu’un qui est arrivé ici dans des perspectives de faire en sorte d’apporter un peu plus de bonheur pour nos compatriotes, est-ce que pendant cinq (5) ans j’ai apporté quelque chose à la Guinée ? Moi je ne crois pas, même si ce n’est pas rien, mais je ne crois pas que j’ai pu apporter tout ce que j’ai voulu apporter à mon pays. Et la question s’est posée. Est-ce qu’il fallait continuer comme ça ou est-ce qu’il faut revoir notre positionnement ?
Pourquoi ? Parce que l’opposition était un peu devenue quelque chose qui devait s’aligner, pour des raisons qui n’étaient pas forcement démocratiques et qui n’étaient pas d’arriver aux objectifs qu’on s’était fixés. Je l’ai toujours dit, quelque soit la beauté de ton chat, s’il n’attrape pas de souris, ça ne sert à rien.
On s’est posé la question au niveau du Bureau exécutif. L’opposition était devenue la chose de certaines personnes. Nous avons perdu comme ça la présidentielle en 2010, la présidence de l’Assemblée nationale en 2013 et maintenant l’élection présidentielle qui vient de se passer. Mais apparemment cela n’apportait pas du tout de leçons. Mais par contre, chaque fois que tu veux dire cela, il y a des gens qui sortent quelque part, envoyés par des gens, pour te traiter dans la boue, pour raconter du n’importe quoi.
C’est dans ce cadre que le président de la République a demandé à ce qu’on se rencontre pour discuter. Une fois, deux fois, on m’a envoyé des commissions.
Je dois vous rappeler que j’entends ce que j’entends. Mais je n’ai jamais eu de problème personnel avec le président Alpha Condé. On se connait depuis très longtemps. Je l’ai toujours dit, la manière dont il gère le pays, si c’est comme ça, je ne suis pas d’accord avec lui. Alors quand on est venu me dire que le Président souhaitait que vous rediscutiez, parce que ce n’est pas la première fois. Les gens ont oublié qu’en 2013 pour aller aux législatives, j’ai rencontré le Président Alpha Condé. En 2014, j’ai fait la même chose. Ils ont oublié qu’en 2015, pour avoir les présidents des délégations spéciales qu’on vient d’installer, je suis encore allé le rencontrer. Ils n’ont jamais dit que j’avais trahi quelqu’un. Je suis allé dans l’intérêt de notre pays pour faire avancer les choses. Parce que l’opposition ne veut pas dire que vous êtes en guerre ! L’opposition veut dire que vous avez des idées contradictoires. Et chaque fois qu’il y a une opportunité pour rapprocher les positions, moi vous me trouverez là ! Parce que moi j’ai grandi dans un pays où le consensus était à la base de l’évolution de la nation. C’est pourquoi ce consensus est la base de l’Union des Forces Républicaines.
J’ai rencontré donc le Président Alpha Condé, je crois le 23 octobre. Il m’a dit «toi et moi ça fait longtemps qu’on se connait. On a eu cinq ans de débats. Moi je souhaiterais, les cinq années que je vais avoir, que je puisse faire de bonnes réalisations dans mon pays. » Je lui ai dit « mais est-ce que vous savez ce que ça veut dire ? »
Ça veut dire qu’il faudra faire des reformes et les reformes, c’est difficile. Il m’a dit : « je ne dois rien à personne. Cette fois-ci je veux mener un travail qui va permettre que moi aussi je laisse mon nom en Guinée. »
Quand quelqu’un vous dit cela, vous lui dites mais bravo ! Ça veut dire que la guerre que vous aviez idéologiquement, ça a évolué ! Faisons en sorte que la Guinée évolue. J’irais au bureau exécutif de mon parti pour leur exposer ce que le Président m’a dit. Et je pense que c’est à l’image de ce que Macky Sall fait actuellement avec le parti socialiste, alors qu’il est libéral. Vous vous asseyez, vous discutez pour faire que ces cinq années ne soient pas encore des discutions stériles.
Nous avons parlé de cela. Il n’a pas été question de, tu vas faire ceci, tu vas faire cela. En Guinée, dès que vous commencez à parler des idées, on vous ramène à des questions de personnes et de places. Une première rencontre avec le chef, honnêtement, vous pensez qu’on part là-bas pour parler de place, ou est-ce que vous partez pour discuter de la vie de la nation. On est parti parler de la Guinée et cela je dis, tant que je serai en politique, je ne vois pas ce que je peux faire d’autres à part cela. Nous pouvons discuter de cela et qu’on ne se comprend pas. Mais si quelqu’un affiche une volonté comme ça, je l’ai dit, nous pouvons discuter de cela. Je crois que si c’est cela, vous aurez avec l’UFR, des relations beaucoup plus assainies, beaucoup plus propres, parce que nous voyons que vous voulez aller de l’avant. Je lui ai dit, si c’est cela que vous voulez, j’userai des mes connaissances, de mes relations à l’international pour qu’on puisse trouver des solutions aux problèmes de la Guinée. Je le dis de la manière la plus claire.
Donc que les gens arrêtent d’écrire ou de dire des choses. Venez me demander, je vous dirai ce que j’ai dit, ce que j’ai décidé.
Est-ce que je dois à quelqu’un ici ?
Donc je ne vois pas pourquoi je ne dirai pas ce que je pense !
Alors on part de là, tout d’un coup, le pays s’enflamme : ‘’Sidya c’est un traitre !’’ Mais attendez, de quoi on parle ? On est où là ?
Les élections sont passées. Maintenant la question c’est de savoir qu’est-ce que l’UFR, le parti le plus transversal de la Guinée, le plus consensuel de la Guinée, peut apporter à la Guinée pour l’amélioration des conditions de vie des populations, pour qu’au moins en 2020, les élections se fassent dans des conditions où mes compatriotes seront beaucoup plus à l’aise, plus aisés. Voilà le débat qu’on a eu.
Mais le problème ici, ce n’est pas de ne pas rencontrer Alpha Condé, mais c’est le fait que ce soit Sidya Touré qui le rencontre. Parce qu’après, j’ai entendu que tout le monde a rencontré Alpha. Bah Oury l’a rencontré et il y a d’autres gens que je ne veux même pas citer, qui l’ont rencontré.
Mais il y a deux catégories de gens:
Premièrement, il y a des gens ici depuis le temps de Lansana Conté, leur service au près du pouvoir, c’est ‘’Président, laisse nous combattre Sidya pour toi.’’ J’ai vu le Président Conté, huit mois avant sa mort. Il m’a dit ce jour, que « Dieu paiera tout le monde pour son acte. » Il m’a dit ça au lac à Bouramayah, chez lui. Ça c’est le métier de ces gens là ! Les mêmes qui étaient à côté de Conté pour cela, ce sont les mêmes que je vois à côté d’Alpha Condé aujourd’hui et on dit à ce dernier, Président nous allons combattre Sidya pour toi. Mais comme moi j’ai dit que pendant les cinq années là, Alpha et moi nous n’aurons pas de guerre, je pense que ces gens n’ont plus de travail hein ! parce qu’il faudra montrer à Alpha et au RPG, ce qu’ils sont capables de faire comme travail, si ce n’est pas diffamer quelqu’un. C’est le moment de le montrer. Les gens comme ça, leur carrière n’est basée que sur ça. Vous savez, moi j’ai trop peur des Guinéens.
Je vous raconte une histoire. En 1998, il faut reconnaitre que pendant les 3 ans que j’ai faits à la Primature, il y a deux points qui ont constitué mes désaccords avec Lansana Conté.
Le premier c’était le problème de courant. Les gens sont allés lui dire que les groupes ne sont pas bons, c’est de la pourriture etc. Ce jour, c’était la première fois, depuis que j’étais au gouvernement, que le président de la République avait levé le ton sur moi. Parce qu’on lui avait rapporté que ces groupes là étaient pourris.
Je lui ai dit de voir la copie des contrats qui avaient été signés. Mais après cela, nous avions fait venir un cabinet anglais de la Londres. Qui était le plus réputé au monde, dans tout ce qui touche aux litiges et aux assurances. La Guinée a dépensé 100 000 dollars pour qu’il examine les groupes. Après, dans son rapport, il a noté que si nous avons mis 6 millions de dollars pour ces groupes, il est prêt à nous rembourser pour les récupérer.
La deuxième fois, c’était en décembre 1998, quand on a arrêté Alpha Condé. Le Président a dit, envoyez le dossier chez le Premier ministre. Ils sont venus me trouver à mon bureau, avec le ministre de la Justice, Zogbélémou. On m’a dit qu’Alpha a été arrêté à Piné. J’ai demandé ce qu’il a fait. On m’a dit qu’il voulait sortir, alors que c’était interdit de sortir. Je leur ai expliqué que le décret interdisait de sortir, mais si un citoyen veut sortir, vous lui interdisez et vous retournez. Il n’est pas question de le mettre en prison ! On me dit, non, le Président nous a dit de l’arrêter. J’ai dit alors que je ne touche pas à ce dossier. J’ai donc dit d’aller avec le dossier et que moi-même j’allais rencontrer le Président pour cela. Le soir, je suis allé. J’ai dit au Président, c’est un dossier qui n’est pas bon. Il m’a dit pourquoi ? Je lui ai dit mais une personne qui sort alors qu’un décret l’interdit, on ne le met pas en prison, on le retourne là où il a quitté. Il me dit ah non, il y a autre chose. Je lui ai dit s’il y a autre chose, on saisit le tribunal, mais si c’est pour la sortie là, ça ne marche pas. Il m’a dit non que moi je ne comprends pas. Je lui ai dit Président pour deux raisons, je vous demande d’abandonner ce dossier : premièrement, la loi n’est pas avec nous dans l’affaire là, donc il faut laisser tomber. Deuxièmement, sur le plan international, nous sommes en 1998, je lui ai dit, pendant votre deuxième mandat là, on ne parlera plus que de cela ici. Il m’a dit pourquoi ? Je lui ai expliqué que le monde était comme ça maintenant. On va dire que vous détenez un opposant ici en Guinée. On ne pourra plus rien faire. En général le Président si vous êtes à deux, il ne criait pas. Il a dit, alors envoie le dossier en conseil des ministres.
Je vous dis tout ça pour que vous compreniez la sournoiserie de certains Guinéens.
Au conseil des ministres, il y avait trente (30) ministres. Tous ceux qui parlent maintenant étaient tous là-bas. Lorsque nous avons commencé le débat, le Président a annoncé que « bon, le Premier ministre était passé me voir, il ne veut pas qu’on fasse l’arrestation. Mais moi je ne sais pas, je veux savoir ce que vous vous en pensez. » Il a dit « bon on commence la parole vers la gauche », alors que moi j’étais assis à sa droite. Tous ont pris la parole en disant, bon il faut l’enfermer, il faut l’envoyer par ci, il faut l’envoyer dans telle prison, il faut, il faut, il faut. Les Saran Daraba sont là. Elle peut témoigner.
Quand on m’a donné la parole, j’ai dit Président ce que je vous ai dit hier, c’est toujours cela. D’abord légalement, on n’a pas raison ensuite sur le plan de la communication, ce n’est pas bon pour le gouvernement. Le Président a ensuite commencé à crier contre moi : « toi tu es comme-ci, comme ça. D’ailleurs, ceux qui veulent le garder n’ont qu’à le garder. Moi quand j’aurai besoin de lui qu’on me l’envoie. » Je lui ai dit «mais Président moi je n’ai pas de prison. Je vous dis que ce n’est pas un bon dossier. »
C’étaient les deux questions qui m’ont opposé au Président pendant les trois ans. Ceux qui étaient dans la salle là-bas et ceux qui étaient dehors, ce qu’ils avaient dans la bouche ce jour là, ce sont eux encore qui sont là-bas. Mais si tu les vois, tu te dis que depuis que Dieu les a créés, ils ne font rien que de soutenir Alpha Condé.
Alors le premier groupe c’est ça. Dans ce groupe là, tu as toutes sortes de personnes qui sont là parce qu’elles estiment que le seul moyen, c’est de continuer à avoir cette dissension permanente.
J’ai même vu une dame dedans qui se dit femme d’affaires. Qu’on a vue arriver ici et qui a passé son temps derrière le Président Conté, mais qui n’a pas hésité au moment venu, à enjamber son cadavre, pour aller déshériter ses veuves et ses enfants des biens qu’on lui avait confiés. Tous ceux-ci ont leur bouche dans cette affaire. La famille Conté est là appauvrie. Les biens qu’on lui avait confiés sont confisqués. Mais quand vous les écoutez, vous avez l’impression que ce sont eux qui arrangent tout dans ce pays. C’est dramatique dans ce pays là !
Il y a d’autres personnes, je me rappelles du 28 septembre 2009, à 1h du matin, quand le Capitaine Dadis m’a appelé pour me demander si on pouvait sursoir à la manifestation. C’était avec le téléphone d’un de ses conseillers. J’étais au téléphone avec Dadis, chaque fois que je disais quelque chose, c’est lui qui conseillait « non ! non, ce n’est pas comme ça, c’est comme ça. On doit respecter l’autorité de l’Etat. » Le même type, je l’ai vu après, conseiller de Konaté, même ministre. Après, j’entends que ce sont des gens qui veulent donner conseil en Guinée et ils veulent aussi être conseiller d’Alpha Condé !
Mais le jour où on devra discuter de ces questions là, j’espère qu’il y aura ce procès où on pourra témoigner pour savoir ce qui se passe dans ce pays.
Mais le problème de fond, une fois, si tu quittes cette catégorie, tu te retrouves dans la catégorie des partis dits de l’opposition. Pourquoi est-ce que Sidya rencontre Alpha ? Pourquoi est-ce qu’il n’a pas dit ceci ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Mais à tout moment on paie des gens pour dire c’est un traitre. Mais traitre à qui ?
Mais quand Bah Oury rencontre Alpha, ce n’est pas un traitre ? Quand des commerçants qui étaient dans l’UFDG quittent pour aller dans la mouvance, ce ne sont pas des traitres ?
Moi j’ai mon parti, vous avez le vôtre. Moi je prends les décisions avec les membres de mon bureau exécutif sur le fonctionnement de mon parti. Moi je veux bien qu’on critique, c’est cela la démocratie. Mais on ne peut pas avoir des positions subjectives sur cela, au moins de dire qu’on va faire les Etats généraux de l’opposition, pour savoir qui est de l’opposition ou qui ne l’est pas. Mais personne ne décide de savoir qui est de l’opposition ou qui ne l’est pas. Mais l’opposition se décide d’elle-même ! Le moment venu, nous saurons qui est de l’opposition ou qui ne l’est pas. Pour le moment, nous avons décidé de recentrer notre parti politique. Mais je le dis encore une fois, mes discutions avec le président de la République n’ont pas porté sur l’attribution d’un poste quelconque à qui que ce soit. Je me sens vraiment trop vieux pour ce genre de chose. J’ai dit que je vais travailler à contribuer à ce que pendant les cinq ans à venir, les Guinéens que je vois aujourd’hui, dans la situation que nous voyons, sont misérables, avec une croissance aussi faible à améliorer leurs vies.
Ce que je peux, à l’intérieur comme à l’extérieur, s’il y a des choses qu’on doit rectifier dorénavant, je le dirai et j’irai voir les membres du gouvernement, j’irai voir le président de la République, pour leur dire « ce que vous êtes en train de faire, ça ne marche pas comme ça. C’est comme cela que ça doit marcher. » C’est ce que j’ai décidé de faire pendant les cinq ans à venir.
Alors tous ces bouleversements, tout d’un coup, on se demande, mais où est passé l’opposition ? Il y en a qui disent, mais Sidya est parti, il n’y a plus d’opposition. Mais moi je ne suis pas l’opposition, je suis l’UFR. Moi je suis l’UFR, mais pendant cinq ans, j’ai fait le rôle qu’on a apporté à l’opposition simplement pour faire valoir aux revendications que je ne renie pas ! Mais pendant que vous vous faites ça, il y en a qui vous passent derrière, ils vont donner les véhicules à votre Kountigui pour essayer de le rallier à leur cause. C’est la vérité tout ça. On a passé le temps à tout cela, vous ne m’avez jamais entendu dire à quelqu’un qu’on m’a trahi, ou on m’a fait cela. Non ! Donc de grâce, qu’on ne passe pas son temps à raconter des choses qui ne sont pas exactes.
Nous avons pris une position à l’UFR. Il appartient à l’opposition dite républicaine, dans laquelle je ne me reconnais pas, de continuer de fonctionner si elle veut fonctionner comme ça. Mais au lieu de cela, on me dit, non Sidya est parti, il n’y a plus d’opposition. Depuis quand on peut dire ça ?
Qu’est-ce que nous, nous avons fait pour donner du crédit à notre positionnement ? Mais l’objectif, c’est vous. C’est les Guinéens qui y bénéficient. De par nos dissensions et notre incapacité à trouver une stratégie commune, mais cela libère tout le monde. .
A la rencontre avec Alpha Condé, il n’a pas été question de tel doit être gouverneur, tel doit être ministre. Je ne suis pas dans ce débat. Les ministres sont nommés par le chef de l’Etat. Moi j’ai un parti politique qui se nomme l’UFR. J’ai expliqué au chef de l’Etat que l’UFR, de par son positionnement, travaillera avec le gouvernement et son parti pour savoir de quelle manière les choses peuvent avancer dans ce pays et ça, c’est un engagement de ma part. Je l’ai dit. Je veux que ça s’améliore pour qu’il y ait un peu plus de travail pour les Guinéens. Je veux qu’il y ait un peu plus de routes, qu’il y ait des écoles, des hôpitaux.
Cellule Com UFR