Chronique – Conakryplanete.info https://conakryplanete.info Info Sans Tabou Tue, 20 Aug 2024 01:45:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.6.2 129076795 Le spectacle de la gloire : Qui est le vrai héros de la Guinée ? https://conakryplanete.info/2024/08/20/le-spectacle-de-la-gloire-qui-est-le-vrai-heros-de-la-guinee/ Tue, 20 Aug 2024 01:45:36 +0000 https://conakryplanete.info/?p=22019 La passion pour la musique et le football a atteint en Guinée, des sommets. Certains artistes et footballeurs se sont pour l’occasion, autoproclamés ‘‘héros nationaux’’. Oui, vous avez bien entendu ! Selon eux, leur contribution à la société est tellement cruciale qu’ils méritent non seulement le respect, mais aussi ‘‘tout l’or’’ du pays. Ils exigent de l’Etat, passeports diplomatiques, gros 4×4, soins de santé, et tout. Qui a besoin de médecins et d’enseignants quand on a des vedettes qui chantent la pluie et le beau temps ?

‘‘Je fais ça pour mon pays’’, clament-ils, tout en se pavanant avec des contrats mirobolants

Prenons un moment pour admirer leurs talents : ces artistes de scène en scène, chantent des refrains accrocheurs tout en s’assurant que chaque cachet qu’ils perçoivent est bien pour ‘‘le pays’’. Ils n’hésitent pas à rappeler que leur présence illumine les cœurs et les esprits -du moins jusqu’à la fin du concert, quand il est temps de rentrer à la maison avec un beau chèque dans la poche. Après tout, qui d’autre peut prétendre que le dernier tube sur la danse du ventre est aussi important que les cours d’histoire ?

Et que dire de nos chers footballeurs, ces gladiateurs des temps modernes ? Ils dribblent et tirent avec une telle verve qu’on pourrait croire qu’ils portent le poids de la nation sur leurs épaules. ‘‘Je fais ça pour mon pays’’, clament-ils, tout en se pavanant avec des contrats mirobolants. Si seulement ils pouvaient dribbler aussi bien devant un tableau noir ou un stéthoscope !

‘‘Travailler pour son pays’’ ne signifiait pas uniquement faire du bruit sur scène

Mais revenons un peu en arrière. Nos ainés, ces valeureux musiciens et footballeurs (je pense à Sory Kandia Kouyaté, aux orchestres nationaux, aux Petit Sory, aux footballeurs du Hafia, etc.) étaient les véritables bâtisseurs de la nation. Ils jouaient pour le plaisir, souvent payés par la fonction publique, sans attentes démesurées. Peut-être qu’ils savaient que ‘‘travailler pour son pays’’ ne signifiait pas uniquement faire du bruit sur scène. Ils contribuaient à l’éducation, à la culture du patriotisme.

Aujourd’hui, nos artistes -qui chantent le plus souvent mal, soit dit en passant-, réclament des lois spéciales, comme s’ils étaient des super-héros en route pour sauver la patrie. Mais, après réflexion, ne devrions-nous pas leur rappeler que les véritables super-héros portent parfois des blouses blanches ou des sacs à dos pleins de livres ? Peut-être qu’un jour, ils réaliseront que le respect se gagne aussi en contribuant à un équilibre dans la société, et pas seulement en se pavanant sur un podium.

Après tout, une nation ne se construit pas uniquement sur des refrains et des buts

On peut en attendant, continuer à applaudir ceux qui se font pompeusement appelés des ‘‘icônes’’, tout en gardant à l’esprit que le véritable or de notre pays se trouve dans l’éducation, la santé et le dévouement silencieux de ceux qui œuvrent dans l’ombre. Après tout, une nation ne se construit pas uniquement sur des refrains et des buts, mais sur des fondations solides, bâties par tous ceux qui, jour après jour, choisissent de servir le bien commun.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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Afrique. Quand coup d’Etat rime avec pas de danse, sur un tempo de manipulation https://conakryplanete.info/2023/09/04/afrique-quand-coup-detat-rime-avec-pas-de-danse-sur-un-tempo-de-manipulation/ Mon, 04 Sep 2023 12:59:25 +0000 https://conakryplanete.info/?p=21448 Les coups d’État en Afrique ont pris une tournure singulière, où les passions politiques se mêlent désormais à des mouvements de danse et autres scènes de liesse dans les rues. Il est indéniable que les auteurs de ces putschs ont le soutien d’une partie de la population, ne serait-ce qu’au sein de l’électorat qui n’a pas voté en faveur du président renversé.

Un exemple marquant est celui du CNRD en Guinée, qui a été acclamé dans les rues du fief de Cellou Dalein Diallo, principal opposant d’Alpha Condé. Certains médias n’ont pas hésité à scander : « scènes de joie en Guinée après le coup d’État » ! Sans se donner la peine de souligner que cette allégresse provenait de l’opposition d’Alpha Condé, ravie de son départ…

Un scénario similaire s’est également déroulé au Niger, où des enfants filmés en gros plan exprimaient leur enthousiasme dans des stades à moitié vides, applaudissant un coup d’État dont personne n’était convaincu quant à ses motivations.

Au Gabon, un petit groupe de militaires porte en triomphe le nouvel homme fort du pays ? L’image est présentée dans un média français comme l’expression de « la joie de la population » après le coup d’État. Ce phénomène se répète presque partout.

Il est important de noter que ce genre de raccourci, bien qu’il soit devenu une sorte de tradition politico-médiatique, a semé également la confusion chez maints spectateurs non avertis. Ces derniers pourraient penser que l’Afrique des coups d’État est en perpétuel festival de danse, tandis que les médias internationaux peinent – peut-être délibérément – à expliquer à leur public que ce ne sont pas tous les citoyens qui se joignent à ces liesses et danses. Ne dit-on pas qu’il ne faut pas confondre la foule et le peuple ?

Alors, la prochaine fois que vous entendrez parler d’un coup d’État en Afrique, préparez-vous à esquisser quelques pas. Qui sait, peut-être serez-vous le prochain à célébrer de manière totalement inattendue et rythmée.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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La vérité amère : Kankan ne porte pas le tombeur d’Alpha dans son cœur https://conakryplanete.info/2023/06/28/la-verite-amere-kankan-ne-porte-pas-le-tombeur-dalpha-dans-son-coeur/ Wed, 28 Jun 2023 12:37:42 +0000 https://conakryplanete.info/?p=21229 Tant d’attentes, tant de préparatifs, et pour quoi ? Rien de plus qu’un rassemblement raté pour accueillir le tombeur d’Alpha Condé à Kankan. On aurait dit que les habitants de la ville natale du colonel Mamadi Doumbouya, président du CNRD, avaient mieux à faire que de ‘‘célébrer’’ son coup d’État militaire. Peut-être étaient-ils trop occupés à vaquer à leurs occupations quotidiennes rendues un peu plus difficiles depuis le putsch du 5 septembre 2021 pour se soucier de l’accueil de leur fils.

Les partisans du colonel Doumbouya ne peuvent cacher leur déception. ‘‘Je ne peux pas dire que je suis totalement satisfait. On ne peut admettre que N’zérekoré batte le record en termes de mobilisation et que le contraire soit vu à Kankan. C’est l’inverse qui devrait se produire. Ce que je vois là ne signifie absolument rien’’, reconnait Mandian Sidibé, directeur général de l’OGP, chez nos confrères de Le Djely.

La mobilisation aurait été si faible que le président de la Transition a préféré bouder son accueil sur la Place des Martyrs, nous apprend le site, l’Inquisiteur.

Après tout, pourquoi s’embarrasser d’une foule insignifiante quand on peut se retirer dans le confort des villas Syli ? C’est là que le vrai pouvoir se trouve, après tout.

Pour tout dire, les attentes ont été déçues et les grands plans ont échoué. Peut-être est-ce un signe que Kankan n’est pas aussi enthousiaste à propos de la ‘‘Transition’’ qu’on aimerait le faire croire.

Quoi qu’il en soit, le fiasco du spectacle politique à Kankan devrait aider des thuriféraires du pouvoir actuel comme Mori Condé, ministre de l’Administration du Territoire qui jure par tous les dieux que les cartes politiques ont été rebattues depuis un certain jour de septembre 2021. S’attendant à ce que tout le monde soit aussi enthousiaste que lui à propos du putsch.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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Nouvel an. Autopsie du discours du Col. Doumbouya https://conakryplanete.info/2023/01/05/nouvel-an-autopsie-du-discours-du-col-doumbouya/ Thu, 05 Jan 2023 08:34:26 +0000 https://conakryplanete.info/?p=20683 « Vive l’Etat-Spectacle, même si pour ce coup-là les metteurs en scène ont plutôt fait dans le genre comique » ! Mots de Top Sylla, sur Facebook, quelques minutes après la diffusion des vœux du nouvel an du colonel Mamadi Doumbouya, maitre de Conakry, depuis le putsch du 5 septembre 2021.

L’éditorialiste faisait donc allusion à cette curieuse parade pour un discours officiel : le chef de la Transition sort de son Palais impeccablement habillé avec des gants blancs, monte à bord d’une limousine qui l’amène à l’héliport du Palais Mohamed 5. D’une allure martiale, il rejoint un pupitre placé au bout d’un tapis rouge. L’hélico aux portes ouvertes sert d’arrière-plan au très court métrage. Après le discours, le colonel venu en voiture repart en hélico. Pour quelle destination ? Tout ça pour quel message ? Le moins qu’on puisse dire est que la mise en scène de la comédie était plus que parfaite.

Au-delà de ce nanar, quid du discours proprement dit ?

Le colonel a, comme il le fait lors de toutes ses sorties officielles, justifié le coup de force qui l’a porté au pouvoir. Non sans magnifier la CRIEF et mettre l’accent sur la lutte contre la corruption. Seulement voilà. Le CNRD n’ayant pas fait l’état de nos comptes publics à sa prise du pouvoir ne facilite pas le contrôle de la gestion publique. Pire, la CRIEF est perçue comme une machine à broyer du politique. Mais pas que…En tout cas à l’allure des choses, la grande montagne CRIEF, risque d’accoucher d’une minuscule souris. Parce qu’elle tourne en rond et a du mal à étayer ses accusations.

Sur d’autres chantiers, à part la poursuite des travaux entamés sous l’ère Alpha, des Guinéens ont du mal, même avec des loupes microscopes, à voir le changement tant prôné s’opérer.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com  

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Guerre Russie-Ukraine : pourquoi les guerres africaines sont traitées différemment (journaliste algéro-canadien Maher Mezahi) https://conakryplanete.info/2022/03/07/guerre-russie-ukraine-pourquoi-les-guerres-africaines-sont-traitees-differemment-journaliste-algero-canadien-maher-mezahi/ Mon, 07 Mar 2022 13:39:43 +0000 https://conakryplanete.info/?p=19481

Dans notre série de lettres d’écrivains africains, le journaliste algéro-canadien Maher Mezahi réfléchit sur la manière différente dont les conflits en Europe et en Afrique sont perçus.

Nous sommes tous égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres.

Ce jeu de mots sur l’adage de George Orwell a pris vie alors que la guerre éclatait aux portes de l’Union européenne.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a, à juste titre, conduit à une condamnation généralisée. Mais d’un point de vue africain, regarder les puissances mondiales s’unir pour tout mettre en œuvre pour réduire le conflit a été à la fois impressionnant et frustrant.

D’une part, les sanctions paralysantes et la résolution de l’ONU sont plus que compréhensibles car personne ne veut qu’une guerre impliquant une superpuissance dotée d’armes nucléaires dégénère en une situation encore plus catastrophique.

D’autre part, il y a eu une surprise palpable sur notre continent que tous les conflits armés ne soient pas traités avec le même manque de résolution que la plupart des combats en Afrique.

Oui, il y a des déclarations d’inquiétude et des émissaires internationaux ont été envoyés en mission, mais pas de couverture complète, pas de déclarations télévisées en direct de dirigeants mondiaux et pas d’offres d’aide enthousiastes.

Des millions forcés de fuir

En Éthiopie, les 16 derniers mois ont été un enfer.

Dans le nord du pays, à la suite d’un conflit au Tigré, plus de deux millions de personnes ont été chassées de chez elles.

En outre, des centaines de milliers de personnes sont menacées de famine et le gouvernement a été accusé de bloquer les livraisons d’aide et de médicaments essentiels, ce qu’il nie .

Il y a de plus en plus de preuves que des crimes de guerre peuvent avoir été commis par les deux parties, notamment des massacres et l’utilisation généralisée du viol comme arme de guerre .

A l’échelle de la souffrance humaine, il est certainement comparable à tout ce qui retient l’attention du monde.

Et il y a beaucoup d’autres conflits qui sont à peine mentionnés.

J’ai passé la majeure partie du mois de janvier au Cameroun pour la Coupe d’Afrique des Nations, où certains matchs se sont déroulés dans la ville verdoyante de Limbe, nichée au pied sud du mont Cameroun.

Circuler dans la ville les jours de match était toujours intense car la compétition se déroulait au milieu d’un conflit séparatiste .

La sécurité était renforcée.

Chaque kilomètre environ, un soldat de la Brigade d’intervention rapide portant une cagoule était posté avec un fusil semi-automatique, regardant d’un air menaçant les véhicules qui passaient.

Le matin où je suis parti pour regarder la Tunisie affronter le Mali en phase de groupes, il y a eu une fusillade à 20 km à Buea.

« Vraie guerre » au Cameroun

Un de mes collègues danois, Buster Kirchner, a passé quelque temps dans cette ville.

« Maher, il y a une vraie guerre en cours », m’a-t-il dit avec des yeux lourds à son retour.

« Ce n’est pas qu’une escarmouche. J’ai vu des hôpitaux et des écoles se faire tirer dessus. Les gens souffrent vraiment. »

Oui, de nombreux articles sur l’Éthiopie et le Cameroun ont été publiés ici par la BBC et sur d’autres sites d’information internationaux, mais où est l’indignation généralisée ?

Pourquoi le monde n’a-t-il pas montré une fraction de l’inquiétude qui s’est manifestée au cours de la semaine dernière pour la souffrance africaine ?

D’une certaine manière, le public plus large ne le voit pas vraiment de la même manière.

La couverture médiatique de la guerre en Ukraine a révélé pourquoi cela pourrait être.

Une série étonnante de prises de position insensibles, voire implicitement racistes, ont été diffusées par divers médias, dont la plupart sont basés dans de grandes villes européennes ou nord-américaines.

Un présentateur a été stupéfait de voir que les réfugiés d’Ukraine étaient « des gens prospères de la classe moyenne, pas évidemment des réfugiés essayant de s’éloigner des régions du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord ».

Cela m’a frappé – les pays les plus prospères que j’ai visités se trouvaient tous au Moyen-Orient.

Une autre affirmation absurde a été diffusée à la télévision française, lorsqu’un expert a soutenu que les Ukrainiens étaient similaires aux Français parce qu' »ils conduisent les mêmes voitures que nous ».

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En regardant autour de moi en Algérie, et dans les autres endroits où j’ai été dans la région, je me suis demandé : « Ne sommes-nous pas semblables aux Ukrainiens ?

Une recherche rapide sur Internet a confirmé que l’Ukraine et l’Algérie affichent des indicateurs de développement économique et humain très similaires.

Les deux pays ont des populations d’un peu plus de 40 millions d’habitants ; L’Ukraine est au 55e rang mondial en termes de produit intérieur brut nominal, l’Algérie au 58e rang ; L’Ukraine a la 22e armée la plus forte et l’Algérie la 31e.

Pourquoi alors quelqu’un a-t-il dit que les Ukrainiens étaient tellement plus « prospères » ou « de la classe moyenne » que les Nord-Africains ?

Pourquoi est-il impossible pour certains d’imaginer que les Africains puissent conduire une belle voiture ? En Algérie, on conduit les mêmes voitures qu’en France.

Et pourquoi sommes-nous tous tenus d’avoir une position sur l’Ukraine et non sur les conflits au Cameroun ou en Ethiopie ?

Les humains sont des humains, et la guerre est la guerre, que ce soit à Kiev, à Londres, à Bogota ou à Buea.

Si quelque chose de bon doit sortir de la semaine dernière, se peut-il que nous apprenions tous collectivement à déconstruire les préjugés implicites qui hiérarchisent la valeur des vies humaines.

Soyons tous aussi égaux les uns que les autres.

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Alpha Condé artisan de son sort ? https://conakryplanete.info/2021/09/07/alpha-conde-artisan-de-son-sort/ Tue, 07 Sep 2021 10:01:07 +0000 https://conakryplanete.info/?p=18635 Depuis ce dimanche 5 septembre 2021, Conakry vit au rythme des scènes de liesse suite à un coup d’État qui a fini par mettre un terme au mandat de trop qu’Alpha Condé s’est offert il y a dix mois.

Or, avant d’opter pour ce projet « suicidaire », l’opposant historique devenu président de la République avait bien été conseillé sur les conséquences fâcheuses qui pourraient éventuellement découler de cette demarche solitaire. Hélas, l’homme est resté droit dans sa nouvelle dynamique.

Fil des événements 

A la faveur de la prestation de serment d’Alpha Condé au compte de son second mandat, le défunt  président de la Cour constitutionnelle, Kéléfa Diallo, en présence de nombreux chefs d’état et de gouvernements mobilisés pour la circonstance, conseillait le président réélu en ces termes :

« Évitez toujours les dérapages vers les chemins interdits en démocratie et en bonne gouvernance. Gardez-vous de succomber à la mélodie des sirènes révisionnistes. Car, si le peuple de Guinée vous a donné et renouvelé sa confiance, il demeure cependant légitimement vigilant« .

Un message simple et accessible à l’oreille la plus sourde. Hélas, le moment venu, celui à qui il était adressé dira qu’il revient au peuple « démocrate et souverain » de Guinée de décider de son sort. La batterie sera donc rechargée et le véhicule mis en marche vers le projet de troisième mandat.

Démission en cascade dans le gouvernement 

Engagé à tout prix à tripatouiller la Constitution en vue de s’offrir un mandat d’excès, Alpha Condé est lâché par ses proches collaborateurs. C’est son ministre de l’Unité nationale et de la Citoyenneté d’alors, Khalifa Gassama Diaby,  qui ouvre le bal de cette série de démissions, un certain 14 novembre 2018.

« Lorsqu’on a définitivement acquis la certitude que le combat que l’on mène avec le cœur, l’honnêteté et l’engagement éthique n’est plus manifestement, clairement, une préoccupation et une priorité majeure ni pour le gouvernement auquel on appartient, ni pour les acteurs politiques nationaux, ni dans le jeu politique et institutionnel, on se retire« .

C’était, entre autres, par ces mots que Khalifa Gassama Diaby justifiait sa décision de rendre le tablier. Toute chose qui n’ébranlera point Alpha Condé. D’ailleurs, il ne mettra pas assez de temps avant de nommer le ministre Mamadou Taran Diallo comme remplaçant du démissionnaire, sans se soucier de tirer la leçon de cet acte de M. Diaby.

Quelque six mois après, c’est autour du ministre de la Justice, en poste depuis 2014, de claquer la porte au gouvernement. C’était précisément le 20 mai 2019. Dans son courrier adressé à Alpha Condé, il motive sa démission du gouvernement par des faits qu’il a étayés, et dont voici un pan :

« Tirant les conséquences de votre silence depuis le 4 avril 2019, jour de notre entretien et de la remise du courrier vous demandant de me remplacer dans mes fonctions de ministre de la Justice, Garde des Sceaux, je vous présente ma démission du gouvernement« , lisait-on dans le courrier que Me Cheick Sako avait alors adressé au désormais ancien président Alpha Condé.

Chemin faisant, une troisième démission est intervenue au sein du gouvernement. Alors que certains jouent aux troubadours auprès d’Alpha Condé, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Yéro Baldé, renonce à tous les privilèges en démissionnant du gouvernement de Kassory Fofana, le 27 février 2020.

Ce compagnon de lutte d’Alpha Condé depuis plus de trente ans a, quant à lui, estimé que l’idéal pour lequel ils ont mené trois décennies de combat politique est en train d’être galvaudé au regard de la crise aiguë qui secoue le pays relative à la nouvelle constitution qui permettra à Alpha Condé de faire un mandat de plus.

En voici autant de messages et de décisions qui devraient éveiller au président déchu le sens élevé de discernement en mesurant tous les risques qui pourraient advenir de son projet qui le fixe sur ce sort qu’il n’avait certes jamais prévu.

Guineenews

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Afrique : un continent évacué à Paris https://conakryplanete.info/2021/05/17/afrique-un-continent-evacue-a-paris/ Mon, 17 May 2021 19:18:46 +0000 https://conakryplanete.info/?p=18002 “Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions” (proverbe)

Toute honte bue, ils comptent sur le sommet, prétendument organisé par la France pour résorber leurs besoins de financements, pour sauver leur peau. Aucun d’eux ne semble réaliser qu’ils sont tous à la merci d’un pays qui rêve de se servir de leurs malheurs pour se refaire une santé géopolitique, se donner bonne contenance dans un monde en restructuration, mais d’abord pour apporter le tonus qui lui manque à sa propre économie.

On ne peut dès lors résister à l’allégorie. Comme les officiels africains qui se font traiter dans les hôpitaux étrangers par déficit d’infrastructures sanitaires chez eux, c’est l’économie du continent, elle-même, qui se retrouve en réa (nimation), atteinte de la pandémie du Covid mais sous sa forme financière et économique aigüe, que le monde entier tente de sauver. Sous la supervision de l’infectiologue Emmanuel Macron.

La situation est trop grave pour qu’accourent au chevet du continent des urgentistes venus de partout dans le but de le tirer de l’issue fatale qui le guette.

L’espoir est hélas mince et la thérapie mauvaise, nombreux étant les observateurs qui n’attendent que le sort de ces dirigeants rentrant dans des corbillards après avoir été évacués, à des coûts exorbitants, sur les routes du tourisme hospitalier symbolisant la disette sanitaire qu’ils ont créée derrière eux, à domicile.

Docteur Macron, malgré son zèle, ne peut masquer sa solitude dans son projet de sauvetage d’une Afrique comptant plus de 50 pays et présentant tous les signes cliniques d’une mort imminente, quasi inévitable, à l’article de soins palliatifs pour prolonger temporairement son existence.

Ni les présidents américain, chinois (surtout) détenteur de la plus grande part de la dette africaine, ni ceux de Russie ou de Turquie, acteurs importants s’il en est dans la nouvelle géopolitique continentale, ni la chancelière Allemande qui s’étonne qu’un autre Plan Marshall africain puisse être conçu à Paris alors que le sien peine à décoller, ne seront de la partie.

Seuls 17 chefs d’Etats africains, principalement les mêmes qui aiment se faire voir dans ce genre de festivals, montreront leurs tronches sur les bords de la Seine où ils tiendront le même discours, de mendicité, qu’ils ont fini par faire de leur rhétorique officielle.

Après avoir endetté leurs pays dans des projets d’infrastructures corrupteurs, notamment sur des infrastructures physiques improductives et d’enrichissement de leurs acolytes, ce qu’ils viennent demander, c’est donc, sans l’aval des peuples, l’annulation de ces dettes odieuses afin de mieux en générer de nouvelles pour se remplir derechef les poches.

Le cycle est vicieux. Puisque le Sommet dit du financement des économies africaines, convoqué à l’initiative d’un Macron sur la défensive dans son pays, n’est rien d’autre qu’un vaste marché de dupes.

Au final, en tentant de pousser les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux de l’Afrique à effacer une partie des dettes contractées par d’imprudents gestionnaires africaines, avec l’aide de ses entreprises nationales, bénéficiaires, telle Alsthom avec son TER qui ne décolle pas, Macron veut leur donner un nouvel espace pour se ré-endetter juste pour redonner des projets aux firmes françaises voire européennes.

C’est d’un blanchiment d’argent qu’il s’agit. On est loin des annulations de dettes souveraines portées au moment de l’avènement de ce siècle par des mouvements citoyens, au nom d’un Jubilé rédempteur, et dont le point d’orgue fut la décision du Sommet du G7 à Gleeneagles, en 2005, d’annuler les créances multilatérales dues par des pays africains. Venant à la suite de programmes novateurs, comme celui sur les pays très endettés (PPTE), cette action salvatrice avait donné à croire que l’Afrique pouvait rebondir en relançant ses capacités de financement de son économie.

Le Soudan, avec une dette insoutenable de 50 milliards de dollars, et tous les pays africains, à genoux, vont à Canossa, à Paris.

Toute honte bue, ils comptent sur le sommet, prétendument organisé par la France pour résorber leurs besoins de financements, pour sauver leur peau. Aucun d’eux ne semble réaliser qu’ils sont tous à la merci d’un pays qui rêve de se servir de leurs malheurs pour se refaire une santé géopolitique, se donner bonne contenance dans un monde en restructuration, mais d’abord pour apporter le tonus qui lui manque à sa propre économie.

On ne peut dès lors résister à l’allégorie. Comme les officiels africains qui se font traiter dans les hôpitaux étrangers par déficit d’infrastructures sanitaires chez eux, c’est l’économie du continent, elle-même, qui se retrouve en réa (nimation), atteinte de la pandémie du Covid mais sous sa forme financière et économique aigüe, que le monde entier tente de sauver. Sous la supervision de l’infectiologue Emmanuel Macron.

La situation est trop grave pour qu’accourent au chevet du continent des urgentistes venus de partout dans le but de le tirer de l’issue fatale qui le guette.

L’espoir est hélas mince et la thérapie mauvaise, nombreux étant les observateurs qui n’attendent que le sort de ces dirigeants rentrant dans des corbillards après avoir été évacués, à des coûts exorbitants, sur les routes du tourisme hospitalier symbolisant la disette sanitaire qu’ils ont créée derrière eux, à domicile.

Docteur Macron, malgré son zèle, ne peut masquer sa solitude dans son projet de sauvetage d’une Afrique comptant plus de 50 pays et présentant tous les signes cliniques d’une mort imminente, quasi inévitable, à l’article de soins palliatifs pour prolonger temporairement son existence.

Ni les présidents américain, chinois (surtout) détenteur de la plus grande part de la dette africaine, ni ceux de Russie ou de Turquie, acteurs importants s’il en est dans la nouvelle géopolitique continentale, ni la chancelière Allemande qui s’étonne qu’un autre Plan Marshall africain puisse être conçu à Paris alors que le sien peine à décoller, ne seront de la partie.

Seuls 17 chefs d’Etats africains, principalement les mêmes qui aiment se faire voir dans ce genre de festivals, montreront leurs tronches sur les bords de la Seine où ils tiendront le même discours, de mendicité, qu’ils ont fini par faire de leur rhétorique officielle.

Après avoir endetté leurs pays dans des projets d’infrastructures corrupteurs, notamment sur des infrastructures physiques improductives et d’enrichissement de leurs acolytes, ce qu’ils viennent demander, c’est donc, sans l’aval des peuples, l’annulation de ces dettes odieuses afin de mieux en générer de nouvelles pour se remplir derechef les poches.

Le cycle est vicieux. Puisque le Sommet dit du financement des économies africaines, convoqué à l’initiative ‘un Macron sur la défensive dans son pays, n’est rien d’autre qu’un vaste marché de dupes.

Au final, en tentant de pousser les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux de l’Afrique à effacer une partie des dettes contractées par d’imprudents gestionnaires africaines, avec l’aide de ses entreprises nationales, bénéficiaires, telle Alsthom avec son TER qui ne décolle pas, Macron veut leur donner un nouvel espace pour se ré-endetter juste pour redonner des projets aux firmes françaises voire européennes.

C’est d’un blanchiment d’argent qu’il s’agit. On est loin des annulations de dettes souveraines portées au moment de l’avènement de ce siècle par des mouvements citoyens, au nom d’un Jubilé rédempteur, et dont le point d’orgue fut la décision du Sommet du G7 à Gleeneagles, en 2005, d’annuler les créances multilatérales dues par des pays africains. Venant à la suite de programmes novateurs, comme celui sur les pays très endettés (PPTE), cette action salvatrice avait donné à croire que l’Afrique pouvait rebondir en relançant ses capacités de financement de son économie.

On sait ce qu’il en advint. En moins de 15 ans, le miraculé africain est retombé dans un coma financier encore plus profond. Et se retrouve, sébile en mains, pour espérer recevoir le vaccin qui le sauverait d’une mort inéluctable.

Que ce sommet soit initié par la France ou qu’elle dicte au FMI de libérer les droits de tirages spéciaux des pays africains en plus de donner à ceux qui sont sous sa coupole linguistique les avoirs financiers (une avance de 5 milliards d’Euros) qu’ils détiennent à la banque de France au titre d’une coopération néo-coloniale, sont autant d’indices qu’hélas le continent reste le bébé qui ne grandit pas, se contentant d’attendre son baby-sitter, n’importe lequel, cette fois-ci français, pour recevoir le lait qui lui manque parce que ses propres géniteurs sont invisibles, ne répondent pas à l’appel de leur devoir.

C’est honteux que ce soit Paris, capitale d’un pays en voie de sous-développement, qui joue à la mère Teresa, sans en avoir les moyens ni la légitimité, ni la crédibilité, simplement parce qu’elle a su se montrer opportuniste en constatant le degré d’irresponsabilité des moutons de Panurge qui trônent dans les lieux de décisions publiques, au cœur des Etats, du continent.

Trente-ans plus tôt, en 1992, ’Amérique latine avait eu un traitement plus digne, parce que fruit d’un débat collectif. On s’en souvient. Le contexte était plus lourd que celui que connaît aujourd’hui l’Afrique et les dirigeants latino-américains plus actifs, impliqués. Ils avaient, comme ceux d’Afrique, beaucoup à se reprocher. Par leur abandon, ils s’étaient enivrés des pétrodollars recyclés par les banques américaines à la suite des surplus d’épargnes des pays arabes engrangés par les pétromonarchies arabes consécutivement aux retombées de deux chocs pétroliers, pendant la précédente décennie. Surendettée, avant même la crise du Peso Mexicain deux ans plus tard, l’Amérique latine dut compter sur la communauté internationale pour retrouver des capacités de financements de ses économies.

Ce fut un plan novateur, autour des Brady Bonds (obligations Brady, du nom de l’alors Secrétaire US au Trésor), dit du Plazza, l’hôtel New-Yorkais, où il fut mis au monde, qui permit le rachat-recyclage des dettes des pays de l’hémisphère occidental.

Depuis lors, l’Amérique latine, par des efforts d’intégration économique et de redéfinition d’une stratégie d’autonomisation, sans revenir aux stratégie d’importation substitution pour l’industrialisation qu’elle pratiquait, tente de garder la haute-main sur sa souveraineté. Elle n’est sans doute pas encore sortie de ses démons d’une gestion approximative et Olé Olé de ses économies, comme l’attestent la crise Argentinienne de 2001 et l’écroulement de l’économie de la redistribution Brésilienne, corrompue par Lula et ses acolytes politiciens avant de recevoir le coup de massue du populiste Bolsonero, mais qui peut nier le fait qu’elle se fait respecter ?

Tel n’est pas le cas de l’Afrique, sommée de se présenter à Paris, et qui y arrive divisée et fragilisée. Le tiers à peine de ses Etats y sont. Et nul ne doute qu’en laissant à la France l’initiative d’organiser, selon ses propres intérêts, un tel évènement, elle se ridiculise sous les yeux d’un monde qui est informé à la seconde de ce qui se passe par une nouvelle technologie absente des crises souveraines du passé.

Les mesurettes qui en sortiront n’auront qu’un seul avantage pour les participants africains. C’est de pouvoir pousser la chansonnette en se vantant, comme des gamins, d’avoir contribué à l’annulation des dettes de leurs pays. Sans réaliser que ce faisant ils se sont fermés les voies d’accès aux financements massifs mais vertueux qui ne vont que vers des destinations indemnes du risque de défaut ou d’incapacité à payer ce qu’elles empruntent. Dans cette horde de minables qui vont entonner le chant triomphal, on peut compter sur le Pavarotti Sénégalais. Comme lui, beaucoup de dirigeants africains, que Docteur Macron, l’Eric Raoult de l’économie africaine, a promis de sauver du Covid-Economie.

Ce sommet est du mercurochrome appliqué à un patient atteint d’un cancer en phase quasi-terminale. Ne le répétez pas trop fort. Ils s’imaginent entre les mains d’un sauveteur bienveillant alors qu’il s’agit d’un voleur qui profite de leur faiblesse pour les dépouiller de ce qui reste de leur coffre-fort…

Comme les officiels africains qui sont évacués sanitairement vers les hôpitaux étrangers, Occidentaux pour l’essentiel, c’est donc un continent inconscient qui ne pourra pas deviner ce que son infectiologue fera de son corps affaibli pendant que ses contaminateurs se contenteront de jouer les utilités sur les bords de la Seine.

En réalité, le fait est trop inédit pour ne pas être relevé; l’Afrique se fait recoloniser en territoire étranger avec son assentiment.

* Adama Gaye,

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Dérive d’une certaine jeunesse guinéenne en politique https://conakryplanete.info/2020/06/13/derive-dune-certaine-jeunesse-guineenne-en-politique/ Sat, 13 Jun 2020 18:08:11 +0000 https://conakryplanete.info/?p=14647 La jeunesse guinéenne, est entre marteau et l’enclume, c’est-à-dire entre miel et quinquéliba. Autrement dit, elle se doit d’opter pour son bien personnel ou celui du peuple guinéen.

Deux options qui donnent à réfléchir car sur le plan politique, nos anciens, nous ont légué une politique matérialiste ou chaque individu qui la fait, ne la fait pas par conviction, ni par des principes ou la connaissance des projets de sociétés vis-à-vis de la jeunesse.

Elle est faite dans l’attente toujours d’une contrepartie immédiate, on se préoccupe plus de soi que de l’avenir du pays. Voyant actuellement la jeunesse guinéenne faire de la politique, on se dit qu’on est loin d’avoir un résultat satisfaisant du moment où, à l’instar des autres pays, nous sommes très en retard dans le processus de développement et de démocratisation.

Depuis l’indépendance à nos jours nous, sommes gouvernés toujours par les mêmes personnes (de père à fils) avec les mêmes expériences et vécus.

Jeunes, il est temps de nous réveiller car la vie cours à grande vitesse, il est temps d’ouvrir les yeux car on a besoin : d’hôpitaux, des écoles (avec un enseignement de qualité), des routes, de l’eau et d’électricité, et surtout un coût de vie abordable pour tous.

Nous avons juste besoin du minimum pour vivre, si le futur nous appartient donc il faudra qu’on le mérite.

SY Salimatou
Une citoyenne inquiéte

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L’ethnocentrisme politique en Guinée : Un facteur de blocage de la consolidation de la démocratie guinéenne ! https://conakryplanete.info/2019/11/29/lethnocentrisme-politique-en-guinee-un-facteur-de-blocage-de-la-consolidation-de-la-democratie-guineenne/ Fri, 29 Nov 2019 13:37:18 +0000 https://conakryplanete.info/?p=14477 Depuis l’indépendance de la Guinée jusqu’à nos jours, le débat politique reste axé sur l’ethnocentrisme politique qui paradoxalement en lieu et place d’être une grande richesse se retourne malheureusement contre la Guinée et les guinéens au point de constituer aujourd’hui l’un des obstacles majeurs de son développement et par conséquent d’empêcher la sauvegarde des acquis démocratiques.

En effet cela est dû au fait que les acteurs politiques guinéens dans leur entièreté procède à la substitution de l’intérêt communautaire à l’intérêt national; au favoritisme, népotisme, clientélisme, accentuation des inégalités sociales etc…
Et pourtant aucune démocratie ne peut fonctionner dans une société éthniciste, aucune vision d’ensemble des choses, aucune politique ne peut être entreprise, avec succès dans un tel contexte.

L’autre facteur qui favorise l’ethnocentrisme politique c’est le refus des acteurs politiques d’institutionnaliser le pouvoir politique. Le mythe du chef a eu en Guinée depuis le régime de Sékou Toure des conséquences très négatives, de donner au pouvoir politique un caractère patrimonial. Ceux qui gouvernent se comportent comme si le pouvoir était leur propriété personnelle, un élément de leur patrimoine qu’ils pourraient transmettre à leurs héritiers. Et ces comportement commence d’abord au sein de leur parti politique respectifs et se poursuivent une fois au pouvoir. Un fait inadmissible dans une société qui se veut démocratique. Et c’est pour ne l’avoir pas compris que certaines constitutions étaient du taillées sur mesure dans ce pays, en faveur d’un chef inamovible, et que le tripatouillage de la constitution actuelle est envisagé en vue d’assurer la pérennité d’un régime, et ainsi l’alternance au pouvoir sera rendue pratiquement impossible.

Le deuxième facteur favorisant cette situation est dû à la vaste plaisanterie démocratique orchestrée par la classe politique guinéenne, avec comme tendance majeure la prolifération des partis politiques inutiles.
En Guinée les hommes politiques et les partis politiques poussent comme des champignons, chacun veut faire de la politique, même s’ils n’ont ni la capacité, ni les compétences, ni les valeurs et vertus morales pour occuper les services publics, ils s’y engagent quand même, puisque L’état guinéen est le seul endroit où l’on peut devenir riche sans fournir des efforts.

Le phénomène est souvent couplé avec celui d’un réel vagabondage politique dont les coupables se retrouvent acteurs au sein de plusieurs partis politiques qu’ils créent suite à des désaccords avec leurs anciens collaborateurs. Ce qui m’emmène souvent à dire d’ailleurs que mouvance et opposition sont deux faces de la même médaille. Et ce fait prouve que le système multipartite facilitant la création de ces partis politiques est mal ficelé en Guinée et favorise immanquablement la discorde sociale dans ce pays avec la naissance de nombre élevé de partis politiques et des candidats qui semblent confondre les élections présidentielles aux élections de quartiers de Conakry.

Une telle situation exhorte assurément une politique qui ne se fait que dans le contexte régionaliste, ethnocentrique et clientélisme et encourage la comédie démocratique et la polarisation des divisions ethniques.

En effet les partis politiques en lieu et place d’être des organisations véhiculant, des idéologies, où on parle de projets de sociétés, de projets de développement de la société guinéenne, un endroit où l’on parle de l’édification d’une société démocratique, caractérisée par une culture politique élevée qui demeure un travail quotidien et incessant; sont passés plutôt maîtres dans l’organisation de véritables calembours déguisés en alliances politiques. Celles-ci se font et se défont au gré des enjeux électoraux, juste avant leur précipitation mécanique dans une dislocation plus ou moins parfaite. Et les grands partis de l’opposition sont victimes constantes des manipulations du pouvoir visant la scission au sein de leur formation politique.

C’est la raison pour laquelle, pour lutter contre ces phénomènes de blocage de la consolidation de la démocratie; notamment l’ethnocentrisme politique, la comédie démocratique, il est impératif d’institutionnaliser le pouvoir politique et les partis politiques d’abord, afin d’amener les dirigeants à se conformer aux textes préétablis, et ne pas être tenté de les modifier à leurs ambitions politiques personnelles, enfin les amener à reconnaître qu’ils ne sont que des représentants de la nation et non les propriétaires de la souveraineté. Et pour éradiquer l’instrumentalisation des questions ethniques pour accéder au pouvoir, il faudrait mettre impérativement en place des systèmes qui reconnecteront les partis politiques avec leur mission primaire ; celle de constituer des vecteurs d’idéologies axées sur la résolution de problèmes de développement dans un monde bloqué par la complexité d’idéaux socio-politiques et économiques.

Aissatou Chérif Balde

La politique autrement dans l’unité des Guinéens dans la prospérité.

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ERE SEKOU TOURE : le complot fondateur https://conakryplanete.info/2018/06/20/ere-sekou-toure-le-complot-fondateur/ https://conakryplanete.info/2018/06/20/ere-sekou-toure-le-complot-fondateur/#comments Wed, 20 Jun 2018 11:01:12 +0000 http://conakryplanete.info/?p=13048 L’ère des complots en Guinée s’ouvre en 1960 avec l’opération « Persil », une opération de déstabilisation menée par les services français. Une équipe du 11e choc, le bras armé du SDECE, s’est installée à Dakar. Des Guinéens de la diaspora ont été entraînés aux techniques de guérilla. Mais l’opération doit être démontée. Son échec est immédiatement exploité par le pouvoir guinéen, fragilisé par ses échecs économiques et ses luttes internes. Et de ce premier complot qui, d’une certaine façon a engendré tous les autres qui ont suivi, réels ou imaginaires, nos confrères font un traitement en sept articles dont nous publions ci-dessous le premier

1/7 : Menace aux frontières

Ahmed Sékou Touré, président de la Guinée, photographié le 10 novembre 1959 à l’aéroport de Londres après son arrivée d’Amérique.
Planet News LTD / AFP

À la charnière des mois d’avril et de mai 1960, le dirigeant guinéen Sékou Touré fixait l’un des grands traits de ses années de pouvoir en dénonçant un complot ourdi de l’étranger et en faisant juger puis condamner ses supposés complices. Manipulation ? Réponse nécessaire à une opération secrète de l’ancienne puissance coloniale ? Au terme d’une enquête historique de plusieurs mois, RFI raconte l’histoire de ce complot « fondateur » pour la gouvernance du régime de Sékou Touré. Car s’il y a bien eu une tentative de déstabilisation menée depuis le Sénégal et la Côte d’Ivoire par les services français, les condamnations et la communication qui ont suivi démontrent l’extrême habileté politique du leader guinéen. Dans ce premier volet de cette série en sept volets, nous revenons sur les faits qui se sont déroulés entre avril et mai 1960, deux mois au cours desquels les Guinéens ont réalisé qu’il y avait une menace à leurs frontières.

Conakry, 11 avril 1960. Des drapeaux vert et jaune habillent la grande salle dans laquelle s’installent, les uns après les autres, les délégués venus assister à la deuxième conférence de solidarité afro-asiatique[1]. Un slogan sur une banderole rouge vif barre l’un des murs « L’Algérie sera le tombeau de l’impérialisme français ! » Un peu plus loin, une autre banderole indique « Liquidation de l’impérialisme et du colonialisme ! » La conférence est ouverte par un discours du dirigeant guinéen, Ahmed Sékou Touré. Le secrétaire général de la conférence, l’Égyptien Youssef El Sebaï présente lui, le rapport politique. Il y dénonce les manœuvres « néo-colonialistes » belges, britanniques et françaises, illustrées (dit-il) par la création de la « prétendue communauté »[2]. Le journal Le Monde rapporte que des tracts, décrivant la conférence comme une « manœuvre de propagande communiste » ont été distribués dans les boîtes aux lettres de Conakry[3].

L’origine de ces tracts ? Inconnue. Mais une ombre plane effectivement sur le rassemblement. Selon La Croix, « les bruits les plus alarmants » circulent lors du congrès afro-asiatique[4]. Un diplomate français est plus précis : en ce mois d’avril, la capitale guinéenne bruisse de rumeurs selon lesquelles des personnalités importantes du régime préparent un renversement du pouvoir. Une date circule : celle du 24 avril, présentée comme celle du « grand jour ». La rumeur place même à la tête de la conspiration Barry III (Ibrahima Barry), le ministre de la Justice[5].

En avril 1960 Sékou Touré fait face à une triple menace. Il risque un débordement par les durs de son régime, les plus favorables à l’Est et au communisme. Il doit également contrôler la possible émergence d’une force d’opposition « modérée ». La troisième menace, elle, est sans ambiguïté subversive. Il s’agit d’une tentative de renversement armé du régime qui a bénéficié du soutien du SDECE (Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage), les services secrets français. Le pouvoir parviendra d’un seul geste à contenir ces trois périls… à retrouver, pour un moment au moins, une marge de manœuvre politique qu’il semblait avoir perdue. Il réussira, par la même occasion, à éliminer un chef religieux emblématique des tensions de l’époque entre le pouvoir et la communauté musulmane. C’est cette histoire que nous allons reconstruire tout au long de de cette série…

Les nouvelles qui vont tout précipiter viennent du Fouta Djalon. De la préfecture de Mali. Un homme, Boubacar Djelly Dieng est arrêté. Des caisses d’armes venant du Sénégal retrouvées (lire plus bas : Le « complot des armes » à Mali, une mémoire locale).

Le 19 avril, Ahmed Sékou Touré s’adresse aux cadres du PDG (Parti Démocratique de Guinée). Les informations qu’il a à partager avec eux sont de la plus haute gravité. Il dénonce des entreprises de subversion « encouragées par l’étranger », annonce qu’il sévira sans pitié contre les responsables de ces mouvements, « quels qu’ils puissent être ». Le mot d’ordre descend jusque dans les quartiers : des manœuvres dirigées de l’extérieur menacent le pays. Elles iraient « jusqu’à la menace d’intervention militaire sur les frontières »[6].

Toute la nuit, les patrouilles armées circulent dans la capitale. Les points névralgiques sont contrôlés. Les véhicules arrêtés et fouillés. Les responsables des sections ont été chargés de mener des perquisitions chez les suspects. Ils doivent procéder à des arrestations quand des preuves suffisantes ont été recueillies. Les premières personnes sont mises sous les verrous[7].

Vue de Mali, dans le Fouta Djalon en Guinée. | Coralie Pierret

Le 20 avril 1960, Sékou Touré prend cette fois-ci la parole devant la foule. Il s’exprime longuement en langue vernaculaire et reprend, avec plus de véhémence encore, les accusations de la veille. Les Guinéens l’entendent par la suite sur les ondes de Radio Conakry : « Un nouveau complot, déclare-t-il, un des plus monstrueux depuis le 28 septembre, a été publiquement démasqué, preuves à l’appui ». Le responsable guinéen rappelle le précédent de décembre 1959, où dit-il « l’impérialisme français » avait subi « un échec sanglant ». Puis il en vient au nouveau « complot » : « comme toujours, le colonialisme français s’est acquis la complicité de certains éléments africains pour organiser sa sale besogne. S’appuyant sur leur cupidité et leur ambition démesurée, les adversaires de la cause africaine n’ont pas hésité, cette fois encore, à organiser à travers le pays un réseau de Contre-révolutionnaires, dont les mobiles sont bien évidents »[8].

Ahmed Sékou Touré mentionne dans ce discours l’existence de préparatifs militaires le long de la frontière du Sénégal, notamment la construction d’un poste émetteur, et parle de l’installation de camps militaires le long de la frontière avec la Côte d’Ivoire. Des avions devaient survoler la Guinée le 25 mai et lâcher « un million de tracts » appelant au soulèvement des populations. Des spécialistes du sabotage devaient également être recrutés. « 5 000 » assure le leader guinéen. Ahmed Sékou Touré précise qu’un libanais, M. Chaoul et un inspecteur des télécommunications chargé des installations téléphoniques ont été arrêtés en tant que « principaux organisateurs du complot ». D’autres personnalités guinéennes ont également été mises sous les verrous. Tout cela, dit-il, a été révélé par la saisie d’une correspondance manuscrite avec des organisations gaullistes extérieures[9].

Une résolution du Bureau Politique National du PDG est « adoptée à l’unanimité des 60 000 militants présents au meeting ». Elle pointe « l’acharnement aveugle des impérialistes contre la jeune république de Guinée et l’inconscience des provocateurs indignes du titre de citoyen guinéen qu’ils recrutent parmi les soi-disant intellectuels ambitieux et sans scrupules, sous-produits du régime défunt, sans lien avec le peuple, véritables punaises égarées au sein du Parti. »[10]

Le 21 avril, cette fois-ci, c’est une conférence de presse qui est convoquée. Ahmed Sékou Touré y revient sur certains détails : il a eu connaissance de l’installation de dépôts de munitions et de camps aux frontières du Sénégal, du Soudan et de la Côte d’Ivoire, ainsi que de la mise en service prochaine d’une station de radio voisine du territoire guinéen. Des tracts ont été imprimés et devaient être lâchés sur le territoire guinéen. « D’anciens officiers guinéens de l’armée française, dit-il, ont été sollicités pour servir d’encadrement au soulèvement populaire »[11]. Sékou Touré exhibe un tract censé représenter une pièce à conviction. Il annonce que la répression contre ceux qui se sont associés à cette entreprise sera « impitoyable ». Il se livre également à un développement – qui peut paraître surprenant au premier abord[12] – sur la légalité d’une éventuelle opposition politique. Il indique que, si on présente aux plus hautes instances un projet de parti d’opposition qui semble conforme aux intérêts supérieurs du pays, le PDG accordera une subvention de démarrage d’un million, des véhicules et un local. L’argumentaire ne sera pas repris dans les jours qui suivront[13].

Conakry, elle, reste étroitement surveillée. Le palais présidentiel, la poste centrale, les dépôts d’essence sont gardés par des soldats en armes. Les arrestations se poursuivent jusqu’à l’intérieur du pays, mais il se confirme progressivement qu’aucun des ministres n’a été inquiété. Pas même Barry III, qui apparaît à plusieurs reprises aux côtés d’Ahmed Sékou Touré.

Le 3 mai 1960, le chef de la région de Mali, dans le Fouta Djalon, reçoit l’ordre de mettre de toute urgence en route pour Conakry les armes saisies, qui doivent être présentées au corps diplomatique. Des instructions similaires sont transmises par Keïta Fodéba, ministre de la Défense Nationale et de la sécurité guinéenne, au chef de la région de Beyla. Neuf personnes arrêtées à Youkounkoun doivent également être transférées à Conakry[14]. Lors de l’ouverture de la session parlementaire, ce même jour, le chef de l’État guinéen prend la parole à la suite du président de l’Assemblée Nationale. Ont été réunis pour l’occasion les chefs de mission diplomatique, les directeurs des principales entreprises commerciales et industrielles et des représentants des syndicats. Le représentant français a pris soin de ne pas assister à la cérémonie, « craignant justement que l’affaire du ″complot″ ne fût de nouveau évoquée dans des termes inadmissibles ». La France est effectivement mise en cause par Ahmed Sékou Touré : « Tout le long de nos frontières avec la République du Sénégal et de la Côte d’Ivoire ont eu lieu des infiltrations d’armes et de munitions, ont été établies des installations militaires dont l’importance suffit à situer au niveau de l’armée de la communauté française le dessein criminel qui a été projeté pour compromettre la sécurité et le développement de notre nation. » Une exposition des armes saisies « au domicile des conspirateurs » s’ouvre à la permanence du PDG à Conakry. Et la liste des armes trouvées près de la frontière avec le Sénégal est rendue publique.

Le 6 mai, prenant à nouveau la parole devant les cadres du PDG, Ahmed Sekou Touré s’attarde cette fois-ci sur les responsabilités des « contre-révolutionnaires » à l’intérieur du pays. « Ceux-là, a-t-il dit, se trouvent à tous les échelons des comités de section au gouvernement, et leur action est plus néfaste au pays que les manœuvres dirigées de l’extérieur ». Il annonce également la création d’un tribunal populaire qui rassemblera des membres de l’Assemblée Nationale, du bureau politique, de l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée et de la jeunesse. Une « commission technique de travail » sera formée en son sein. Elle recevra les pleins pouvoirs en matière d’investigation et d’enquête, réunira et examinera les dossiers. Les magistrats n’en feront pas partie.

Les diplomates sont invités à venir constater à la permanence nationale du PDG les « preuves du complot ». Toutes les ambassades sont représentées à l’exception des ambassades britannique et française. Un représentant de l’ambassade d’Allemagne qui vient à cette exposition confirme que les fusils exposés sont bien des Mauser, mais il estime qu’une partie seulement viendrait des manufactures qui existaient sur le territoire de l’actuelle RFA. Le reste proviendrait, selon lui, de la RDA[15].

Le 9 mai, Sékou Touré dénonce le caractère « permanent » du complot mené contre la Guinée[16]. Au cours d’une « conférence des cadres », le leader guinéen dresse également un premier bilan des sanctions judiciaires adoptées[17]. Le tribunal populaire a rendu un jugement au sujet de trois réseaux et a prononcé 19 condamnations à mort : à Mali (dans le Fouta Djalon), trois condamnations à mort ont été décidées, 21 personnes sont condamnées à des peines de travaux forcés. À Youkounkoun, huit personnes sont condamnées à mort, mais pour la plupart en leur absence : 7 condamnés sur les 8 ont réussi à s’enfuir au Sénégal. À Conakry, enfin, 8 personnes sont condamnés à la peine capitale. L’ancien inspecteur du travail Diallo Ibrahima, tout d’abord. À ses côtés, Sekou Fofana, Mamadou Camara, l’imam de Coronthie El Hadj Lamine Kaba, Camara Facine dit M’Bombo, Senghor Ousmane Bakele. Le libanais Said Chaoul, suspecté d’avoir été le chef de ce groupe, est lui aussi condamné même s’il s’est « suicidé » en détention. Claude Bachelard, Français, spécialiste radio, se voit infliger la peine capitale par contumace, il a réussi à fuir vers le Sénégal. Pierre Rossignol, qui détenait un poste émetteur non déclaré, a pour sa part été arrêté. Il est condamné à 20 ans de travaux forcé et à la confiscation de ses biens. Les services français croient savoir qu’il a évité la condamnation à mort grâce à une intervention d’Ismaël Touré, le demi-frère du leader guinéen, qui a « fait valoir qu’une telle peine risque de provoquer des incidents avec la France, ce qui ne serait pas le cas avec une peine de travaux forcés »[18]. Un ressortissant suisse, Francis Fritschy, est condamné à 15 ans de travaux forcés. Il avait accompagné Bachelard à l’aérodrome le jour de sa fuite[19].

Le « complot des armes » à Mali, une mémoire locale

Au nord du pays, Mali est la dernière préfecture enfoncée dans les vallées de la région guinéenne du Fouta Djalon, avant la frontière sénégalaise située à soixante-dix kilomètres. Aucune route bitumée ne traverse cette ville délaissée. Les poteaux électriques de la société publique Electricité de Guinée y sont en cours d’installation. « Le courant n’est pour le moment jamais arrivé jusqu’ici », lance un habitant. Dans les masures obscures et éparses, un nom continue de résonner sur les hauteurs de Mali : celui de Boubacar Djelly Dieng, un personnage honni par le régime de Sékou Touré pour avoir « comploté contre la Révolution ».

Dans l’enceinte de l’école primaire, Monsieur Ila l’instituteur se souvient de la « nuit des écoles », des veillées organisées dans les établissements scolaires juste après l’indépendance de la Guinée. « À Mali en 1960, les paroles de nos chants d’écoliers évoquaient l’histoire de Boubacar Djelly Dieng et ses complices qui convoyaient des armes fournies par la France du Sénégal vers la Guinée pour déstabiliser le gouvernement naissant. »

De ce paysan et scieur de long (coupeur de bois qui transforme les troncs en planche, ndlr), il ne reste aujourd’hui presque rien. Ni photo, ni vêtement. « La cantine avec ses effets personnels que les autorités nous ont renvoyé à sa mort a brûlé dans un incendie », explique son fils. Seuls demeurent les souvenirs partagés au sein de la famille. Et plusieurs hectares dont a hérité Aliou Dieng.

La concession de Boubacar Djelly Dieng à Afia-Mali en Guinée. | Coralie Pierret

Ces terres se trouvent au village d’Afia-Mali, à trois kilomètres de la préfecture guinéenne. Au bord de la piste dégradée et fendue menant au Sénégal, un puit hors d’usage se devine au pied de deux arbres plantés par Boubacar Djelly Dieng. En contre-bas de sa concession, une bananeraie, œuvre également de l’ancien propriétaire, ombrage encore quelques natifs. Le temps a détruit les cases en paille de deux de ses épouses, seule la maison en banco qui abritait l’une d’entre elles est toujours debout. En face de ce vestige, tiré à quatre épingles pour l’occasion, Aliou Dieng qui parle rarement de son père, narre fièrement son histoire. « Il se déplaçait souvent jusqu’à Gaya, à quelques kilomètres d’ici en direction du Sénégal car il y possédait un terrain. J’avais cinq ans quand mon père s’est fait arrêter à la frontière. Ici, dans notre concession, je voyais des caisses mais personne ne savait ce qu’il y avait dedans. » C’est à cause de ces caisses en bois que ses deux « marâtres » se feront plus tard arrêter. Car après la perquisition à leur domicile, « des munitions et des armes issues de ces coffres ont été déballées en centre-ville. »

Toute la population locale semble alors suspectée de complicité. Le neveu de Boubacar Djelly Dieng, Ousmane, raconte que se sont enchainées une « quinzaine d’arrestations », y compris dans les coins reculés de ce Mali villageois. « Les forces de l’ordre sont allées au bas-fond, incitant la population à se dénoncer. ″Ceux qui ont transporté les armes, venez, nous allons vous offrir un cadeau″, disaient les gendarmes et policiersAinsi un à un, les habitants ont été arrêtés, y compris ceux qui n’avaient pas participé au trafic », précise Ousmane Dieng.

Le récit du « complot des armes » dépasse rapidement la lisière de la préfecture. Ousmane, qui est alors en huitième année au lycée de Labé, l’apprend depuis cette ville, capitale de la région : « En avril 1960, nous célébrions une fête nationale lorsqu’on nous a appris que des armes auraient été découvertes à Mali, introduites par certains guinéens à travers la frontière. Nous, élèves originaires de Mali, nous étions très gênés. » Les armes trouvées chez Boubacar Djelly Dieng avaient-elles été acheminées dans le but de fragiliser la Révolution ? Une chose est sûre : « Mon père n’était pas d’accord avec le régime de Sékou Touré », se rappelle son garçon.

Aliou Dieng, le fils de Boubacar Dieng | Coralie Pierret

Selon le récit familial, Boubacar Djelly Dieng est décédé fusillé au pied du mont Kakoulima, près de Conakry. « Mes belles-mères ne sont revenues que quelques années après », explique Aliou Dieng. Lui-même a subi les conséquences des soupçons : « Deux ans après les arrestations, les autorités locales refusaient mon inscription à l’école. Mon oncle a fait les corvées pendant trois mois à la préfecture pour que je puisse enfin être accepté ». Des cadres de l’époque sont également  mutés. Ainsi, le grand frère de Boubacar Djelly Dieng, fonctionnaire de la récente administration guinéenne, doit déménager à Dubréka au début des années soixante.

Aujourd’hui encore, les photos d’époque qui trônent sur le buffet du salon d’Ousmane témoignent de l’importance de sa famille, de ses prérogatives et de ses privilèges d’alors. La famille Dieng a longtemps régné « sans partage » sur Mali. Depuis le début du siècle, de père en fils, les chefs de canton se succédaient ; le dernier fut le frère de Boubacar Djelly Dieng. Formé à l’école normale William Ponty de Dakar, Alpha Mamadou Cellou Dieng a occupé la fonction de 1925 à 1957, date de la suppression de la chefferie traditionnelle. Le prestige passé a-t-il nourri des jalousies familiales ? « Boubacar a été dénoncé par une parente éloignée du côté maternel, une certaine Nioca. Par la suite, elle a été décorée de la médaille d’honneur sous la Première République », indique Ousmane, professeur d’histoire à la retraite.

Ousmane Dieng, le neveu de Boubacar Dieng | Coralie Pierret

Si chez les Dieng de Mali, Boubacar a laissé le fantôme d’un homme courageux et hardi, la famille d’un de ces complices a, elle, perdu le fil de cette histoire. « Vous avez de la chance de nous trouver de ce côté de la frontière aujourd’hui, toute la famille était au Sénégal il y a quelques jours à cause d’un décès » témoigne la fille d’Amadou Oury Wara. Accusé d’être lui aussi un comploteur, en fuite, il a élu domicile au Sénégal et n’est jamais revenu. Il a a priori fini ses jours en « Haute Volta », l’actuel Burkina Faso. « Il me semble », tente de se souvenir l’aînée de la famille, avant de décrocher la seule photographie qu’il lui reste de son père qu’elle dépoussière dans son jardin. La brise fraiche et capricieuse du Fouta Djalon souffle. À quelques buttes et virages de cette concession, au bout d’une piste sinueuse, la « dame du Mali » se dresse. Et de cette célèbre falaise, il est possible, les jours de beau temps, d’apercevoir le fleuve Gambie et la ville sénégalaise de Kédougou.

Source : Rfi Savoirs

 [1] Selon la chronologie établie par Pierre Siraud, le chargé d’affaire de France en Guinée, la séance inaugurale de la deuxième conférence de solidarité des Peuples afro-asiatiques a eu lieu le 11 avril 1960, la séance de clôture le 15 avril. Cf. « Rapports de la Guinée avec les pays étrangers », TD n°351/AL du 8 avril 1960. Archives Diplomatiques. La Courneuve. Boîte 51QO/43.

[2] La « Communauté française » est, selon les termes de la constitution de la Ve République, un cadre juridique de type fédéral dans lequel doivent s’inscrire à partir de 1958 les relations entre la France et les colonies qui auront choisi le statut d’ « État membre ». La Communauté correspond à une volonté française de l’époque de maintenir ces territoires dans la sphère d’influence de Paris, en dépit des idées indépendantistes qui s’y installent.

[3] Cf. « CONAKRY : M. Sekou Touré a ouvert lundi la ″conférence de solidarité″ afro-asiatique sous le signe de la ″liquidation du colonialisme″ », Le Monde, 12 avril 1960.

[4] Cf. TK « Une forte opposition au gouvernement se développe en Guinée », La Croix, 28 avril 1960, p8.

[5] Ces éléments supplémentaires sur les rumeurs d’avril et le fait que le nom d’Ibrahima Barry circule sont rapportés par Pierre Siraud, le chargé d’affaires de France en Guinée, dans son Télégramme 361/365 du 20 avril 1960. Archives diplomatiques, La Courneuve, Série Afrique-Levant 1960-65, boîte 51QO/43.

[6] Cf. Télégramme 361/365 du 20 avril 1960. Archives diplomatiques, La Courneuve, Série Afrique-Levant 1960-65, boîte 51QO/43.

[7] Cf. « L’affaire du complot » Télégramme 431/AL du 30 avril 1960, Archives diplomatiques, La Courneuve, Série Afrique-Levant 1960-65, boîte 51QO/43.

[8] Cf. Télégramme n°368/373 du 21 avril 1960, Archives diplomatiques, La Courneuve, Série Afrique-Levant 1960-65, boîte 51 QO/43.

[9] Les informations complémentaires citées dans ce paragraphe sont rapportées dans l’article « Un complot contre-révolutionnaire découvert à Conakry annonce M. Sékou Touré » dans Marchés Tropicaux, 23 avril 1960, p 997.

[10] Cf. Télégramme n°368/373 du 21 avril 1960, op cit.

[11] Télégramme n°375/76 du 22 avril 1960, archives diplomatiques, la Courneuve boîte 51QO43.

[12] Mais qui ne l’est pas si on considère que le régime se sent également menacé par les modérés du régime, cf. volet 8 de cette série « Un coup politique derrière le complot ».

[13] « L’affaire du complot » Télégramme 431/AL du 30 avril 1960, Archives diplomatiques, La Courneuve, Série Afrique-Levant 1960-65, boîte 51QO/43.

[14] « Les événements de Guinée » Document du SDECE réf. 31396/A du 24 mai 1960. Op. cit.

[15] « Les événements de Guinée » Document du SDECE réf. 31396/A du 24 mai 1960. Op. cit.

[16] « Situation Intérieure » Télégramme Diplomatique 532/AL archives diplomatiques, la Courneuve boîte 51QO/43.

[17] Cf. « Les lendemains du Complot » Télégramme n° 479/AL du 14 mai 1960, Fonds Foccart Arch. Nat. 5 AGF/1637 et « Les événements de Guinée » Document du SDECE ref. 31396/A du 24 mai 1960. Op. cit. Nous retenons ici le décompte des condamnations réalisé par le SDECE.

[18] Les événements de Guinée, document du SDECE référence 31919/A du 15 juin 1960 p3. Service Historique de la Défense, Archives de Vincennes, boîte GR 10 R 853.

[19] Un document officiel Suisse du 23 février 1961 rappelle les principaux éléments de l’affaire Fritschy. Né en 1934, originaire de Laufon, un moment photographe technicien auprès de l’ONU à Genève, Francis Fritschy part s’installer pour la Guinée en février 1960, « afin d’y exercer son métier ». « Deux mois et demi après son arrivée, notre compatriote fut arrêté et incarcéré, sous prétexte d’avoir participé à un complot contre l’Etat. Sans avoir pu comparaître devant une juridiction et se défendre, un tribunal populaire prononça contre lui une peine de 15 ans de travaux forcés en même temps qu’étaient condamnés à mort ou à des peines de travaux forcés plus élevées 38 africains et 2 autres Européens. Des renseignements de provenances différentes permettent de conclure que Fritschy n’avait participé à aucun complot politique. Cependant, par inconscience, notre compatriote a commis l’imprudence de conduire à l’aéroport de Conakry un Français qui s’est enfui avec un avion du club d’aéronautique parce que devenu suspect aux yeux des autorités guinéennes. » « Affaire Francis Fritschy », s.B.32.11Guinée – GT/dw. Berne, le 23 février 1961. Documents Diplomatiques Suisses. Consulté sur http://dodis.ch/16793

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Plume à Aboubacar Diallo du 25 janvier 2016 https://conakryplanete.info/2016/01/25/plume-a-aboubacar-diallo-du-25-janvier-2016/ https://conakryplanete.info/2016/01/25/plume-a-aboubacar-diallo-du-25-janvier-2016/#comments Mon, 25 Jan 2016 15:36:32 +0000 http://conakryplanete.info/?p=10329 plume-300x186plumePoint d’état de grâce ! A peine nommée, qu’elle se doit de se dresser sur ses arçons au plus vite pour prendre le taureau par les cornes. Mais quoique, ayant des marges de manœuvres rognées du fait des errements de la gouvernance Alpha Condé, l’équipe de Mamady Youla, n’aura d’autre choix que de s’assumer en agissant, au risque de périr…

A sa constitution, des défauts congénitaux d’hydrocéphalie et des malformations constatées à maints endroits de ses membres inférieurs et supérieurs. Et le brasier de la critique de s’enflammer à son sujet. Et le viatique politique qui a mis les pieds d’Alpha Condé à l’étrier, de s’agiter, de faire la moue, et de marquer sa désapprobation. Le feu couve encore sous la cendre fumante d’une hargne incoercible d’en découdre. Mais, en attendant de savoir comment le ‘’roublard’’ Alpha Condé s’y prendra-t-il, en attendant de savoir comment il réussira à éteindre l’incendie qui est parti pour consumer sa case tenant de boue et de crachat, en attendant de savoir comment il se sortira d’épaisseur, comment il calmera cette fronde intérieure, son gouvernement, doit se débrouiller comme il peut, pour agir vite et bien, pour faire face, d’une part, à la poussée syndicaliste, et d’autre part, à l’impératif de sauver le secteur privé guinéen d’une mort lente et insidieuse qui le consume. Oui, c’est une tâche ingrate dans ce sens qu’elle sera réparatrice des balancements et des errements d’une gouvernance qui n’aura permis aucune vraie rupture notamment dans la moralisation de la vie économique. On le sait, on ne le dira jamais assez, en l’espèce, le premier mandat d’Alpha Condé, a été, il faut le dire, à mille lieux d’une gestion modèle. Mais plutôt un bric-à-brac, un charivari de déperditions fiscales, de prévarications, de délinquances économiques avérées, mais aussi et surtout de contrats de gré à gré passés avec à la clé des lettres de garantie à la limite suicidaires et des marchés tronqués et truqués. Au bout du rouleau, un déficit budgétaire abyssal, des clignotants économiques dans le rouge vif. Voici ce dont hérite Mamady Youla et son équipe. A charge pour eux d’aller puiser au tréfonds de leur science et de leur génie pour inverser la tendance et éviter une ébullition sur le front social et économique. Mais comment s’y atteler, comment y parvenir avec une classe prolétaire et une plèbe, qui montrent des signes d’impatience et qui déjà croulaient sous le poids d’une vie suffisamment chère, qui se voient comme en voie d’être conduites à l’asphyxie avec en prévision une hausse de la TVA, de nouvelles impositions touchant divers produits, au point de n’épargner même ceux de grande consommation, la farine et l’huile, pour ne citer que ceux-là. Pour échapper à cet étouffoir, la classe ouvrière ne demande ni plus ni moins qu’une baisse conséquente du prix des produits pétroliers, à hauteur d’une chute vertigineuse de celui des plattes qui progressivement sont réduits à leur plus pauvre expression, sur le marché international, toisant la barre des 25 dollars le baril. La classe ouvrière, la société civile et l’opposition politique, qui font chorus sur la question, n’entendent aucunement reculer d’un iota. Le gouvernement Youla, préoccupé par comment combler les trous d’air béants dans son budget de famine pour l’Etat lui-même, est comme tenté d’user d’entourloupette pour s’en esbigner. Ce qui sera une pilule trop amère qui ne passera point à la gorge et fera monter le thermomètre, à coup sûr. Et comme si cela ne suffisait pas, la preuve par neuf que l’équipe Youla est comme cernée de feux de part en part, il y a la gronde des universités privées, qui couve. Faute de paiements perçus depuis de longs moments, celles-ci menacent de mettre la clé sous le paillasson et ainsi déverser dans la rue plus de quarante mille jeunes pousses, qui, à coup sûr, se feront entendre à leur tour. Il en est de même de quantité de PME locales, qui piquent du nez, pressées par les banques primaires et croulant sous le poids des dettes. Là-aussi, la faute à un Etat mauvais payeur, la faute à un Etat décidé d’étrangler, d’étouffer son secteur privé, un Etat décidé de tuer l’économie, l’emploi, la production, bref un Etat voyou…Mais en attendant, lui-même risque d’être emporté, balayé par le tsunami du feu roulant des pressions sociales, syndicales et politiques. Tout un cocktail Molotov, prêt à exploser !

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Plume à Aboubacar Diallo (Attentats à Paris) https://conakryplanete.info/2015/11/16/plume-a-aboubacar-diallo-attentats-a-paris/ https://conakryplanete.info/2015/11/16/plume-a-aboubacar-diallo-attentats-a-paris/#comments Mon, 16 Nov 2015 15:33:03 +0000 http://conakryplanete.info/?p=7979 Aboubakar DialloLa planète entière, encore terrifiée, meurtrie trois jours après des attentats djihadistes d’une violence inouïe, à Paris, dans la capitale française. Et l’onde de choc de l’horreur, qui l’a traversée de part en part. Preuve si besoin en était, de la fragilité des pays du monde, face au fléau du terrorisme, et de l’impérieuse nécessité d’une croisade coordonnée. Nul n’étant à l’abri.

 La planète terre, l’univers des humains, plus que jamais incertaine, livrée à l’hérésie des forcenés et autres psychopathes, bien décidés à en découdre et à la rendre invivable. Oui, la planète terre tout en entière, est désormais comme prise dans le Radeau de la méduse nébuleuse, prise en tenaille mortelle des feux incandescents que darde le Soleil et Mars, réchauffement climatique s’entend et ceux décochés à longueur de semaine par des enragés, des déchaînés d’une cause qu’eux seuls intègrent au plus profond d’eux-mêmes. Les attentats survenus il y a trois jours, en plein Paris, et qui ont foudroyé en plein cœur, la France et le monde entier, sont un cran supérieur, le signe d’une insulte et d’un big-bang annoncé et qui se profile. Qui n’a pas été transi de répugnance, de révolte intérieure, de voir des fous de Dieu, semer la barbarie et l’horreur, à leurs pieds, à tout vent, de France et de Navarre ? Personne, ni aucun pays. Partout, ce fut, c’est encore la meurtrissure à son summum ! D’un bout à l’autre, l’univers tout entier, a exprimé son indignation et son rejet de cette violence sans nom, mais aussi sa solidarité et sa ferme détermination, à combattre jusqu’au trognon le fléau du terrorisme. Ce n’est pas un défi de Sisyphe, ni la tablature d’un cercle, mais ce n’est non plus une sinécure, tant il est vrai que l’ennemi à combattre, est difficile, très difficile à cerner et à circonscrire. Oui, l’ennemi à affronter, est disparate, polyforme, diffus et éparpillé. Il essaime tous les continents, toutes les régions. Aucune portion de notre univers, n’échappe à sa furie meurtrière, à sa soif de sang humain, à sa folie de semer le chao à tout bout de champ, sans crier gare. Sans se poser trop de questions sur ses mobiles à lui, des mobiles obscurs et sordides. Oui, car ces fous de Dieu, ces damnés de Dieu, qui tuent justement au nom de Dieu et de l’islam, n’agissent qu’en leur unique et crasseux nom, de missions, ils n’en ont point reçu de Dieu, le Créateur, qui a rendu la vie humaine, hautement sacrée. Qu’ils soient de DAESH, de l’EL, des Shebabs qui écument la corne de l’Afrique, de Boko Haram qui ensanglante depuis près de dix ans la zone Nigéria-Cameroun, voire au-delà, d’Aqmi, dansar-al charia, d’Ansardine et d’autres mouvements djihadistes, maîtres du Nord-Mali et d’une bonne partie de la bande sahélo-saharienne, ces impies, frappent à l’aveuglette et ont fini de mettre en péril la paix et la sécurité internationale. Pas un seul pays au monde, ne peut se targuer d’être muni d’un bouclier si puissant, qui enraye leurs plans démoniaques d’attentats, généralement, solidement charpentés et coordonnés. La funeste liste des crimes perpétrés par eux, n’est pas prête pourtant de se refermer, si l’humanité n’engage pas contre eux, une lutte acharnée, déterminée et totale. D’où l’impérieuse nécessité d’une croisade coordonnée, d’une guerre intense, sans repos ni répit. La sécurité des humains et de leur univers de vie, en dépend entièrement. Autrement, c’est le déluge de feu et de sang, c’est l’apocalypse ! Aujourd’hui, c’est la France qui pleure ses morts et se contorsionne de douleurs, avant elle, il y a eu les Etats-Unis et bien d’autres pays de l’occident, il y a eu aussi le Kenya par plusieurs fois, l’horreur de l’université de Nairobi bouillonne encore dans nos mémoires, il y a eu tout le fatras d’attentats sanglants commis par Boko Haram au Nigéria et au Cameroun, il y a eu ceux des Shebabs en Somalie, en Erythrée, et dans toute la corne de l’Afrique, il y a eu la Tunisie, le musée de Bardo et les stations balnéaires de Sousse, pour ne citer que ceux-là. Oui, c’est vrai que les horreurs qui ont touché nous autres du continent des damnés de la terre, n’ont point eu la même ponctuation médiatique, ni le même émoi, encore moins le même élan de solidarité. C’est vrai que la vie de nous autres, n’est pas moins précieuse que celle des autres. A l’Europe de changer impérativement de bésicles et de fusil d’épaule, à ses dirigeants d’être plus clairvoyants, et d’arrêter de soutenir et d’encourager la guerre chez les autres et contre leur religion, autrement, la chape de plomb ne retombera guère !

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Plume à Aboubacar Diallo du 26 octobre 2015 https://conakryplanete.info/2015/10/26/plume-a-aboubacar-diallo-du-26-octobre-2015/ https://conakryplanete.info/2015/10/26/plume-a-aboubacar-diallo-du-26-octobre-2015/#comments Mon, 26 Oct 2015 11:36:34 +0000 http://conakryplanete.info/?p=7127 plume d'aboubar dialloComme à la queue-leu-leu, à quelques exceptions près, ils lui font tous allégeance, mais la plupart, plus pour servir des agendas personnels que dans le souci exclusif de servir le pays. Oui, le mirage du cap 20/20 quand tu les éblouis !

Et cette image pour le moins du monde inattendue, impensable, inimaginable, surtout dans un contexte comme celui que nous vivons, où le mercure politique affiche le rouge écarlate, où les nerfs suffisamment à fleur de peau, sont loin de se rafraîchir, même si un calme factice règne et semble faire penser hâtivement au bout du tunnel.

Oui, c’était de l’insolite, oui, c’était si étrange, mais si fascinant et merveilleux, c’est aussi cela la politique ! Par le passé, les deux se sont vus au moins deux fois, à des occasions solennelles, toujours, autour du même menu qui vaille : La Guinée, ce qui compte après tout. Oui, chaque fois qu’ils se sont vus, qu’ils se sont parlé, on a vu les lignes bouger, ne serait-ce que d’un iota. Mais jamais, leur rencontre, n’a autant attisé les passions, jamais elle n’a été autant et si abondamment commentée, jamais elle n’a suscité autant d’intérêt et d’interrogations.

Oui, c’est vrai ! Oui, c’est vrai, Alpha Condé, Sidya Touré, les deux, bras dessus bras dessous, et Baïdy, proche du second mais jamais trop loin du premier, comme aux retrouvailles d’une bande de copains, s’esclaffant, se tapant épaules et ventres, faisant amis amis, c’était si intriguant, si singulier, mais si beau, si magnifique ! Que se sont-ils dit ? Quel est leur deal ? Vont-ils travailler ensemble ? Rien n’est moins sûr ! Mais Sidya, n’a pas attendu longtemps, pour lever un coin de voile sur le mystère, en y allant de cette phrase qui n’est pas passée inaperçue : « au bout de tout ce processus, ce qui compte, c’est le pays… ».

Les mots ont le poids de leur sens et de leur contexte. Oui, ce qui compte, c’est bien le pays, c’est bien la Guinée, cela semble le souci le mieux partagé, pour peu qu’on se fie aux discours politiques. Oui, mais pourquoi ce n’est que maintenant qu’on s’en rend compte, ce n’est que maintenant qu’on semble avoir pour seul souci, le pays, qu’on semble comprendre que ce qui compte, c’est le pays ? Où était-il pour ne réaliser cela que maintenant ? Tant d’interrogations qui valent leur pesant d’or.

Oui que je salue comme ces milliers voire ces millions de guinéens, qui ont regardé cette image avec soulagement ou qui l’ont reçue avec des clameurs publiques, cette rencontre, désormais gravée en lettres de marbre, dans l’histoire politique de la Guinée, mais laissez-moi m’interroger sur les desseins inavoués qui la sous-tendent de part et d’autre. Pour Alpha, une seule finalité compte, en se faisant Sidya Touré à la suite d’autres, c’est isoler, c’est anéantir politiquement l’adversaire qui lui a le plus mené la vie dure et qui lui a gâché le sommeil, le long de son premier quinquennat, Cellou en l’occurrence. Tant qu’à faire pour lui nuire, pour le réduire à quia, pour lui porter l’estocade, après lui avoir fait mordre la poussière par deux fois, il n’hésitera point. Peu importe le chemin pour y arriver, quitte à user du sabre Sidya ! Pour ce dernier, une seule finalité compte, c’est le cap 20/20. Quitte à faire chattemite, et ravaler au loin son égo surdimensionné, quitte à mettre au rebut ses récriminations et ses chicaneries ! Oui, à partir de là, que faut-il en déduire ? Est-ce le pays qui compte ou l’agenda personnel ? Jugez-en par vous-même ! Mais rien d’étonnant, rien de grotesque ! J’ai pensé assister à quelque chose d’incroyable, à un scénario impossible. J’ai pensé voir deux hommes en un, parlant de Sidya Touré. Qu’a-t-il fait de toutes ses soufflantes contre l’élection même qui renouvelle le bail de son probable nouvel allié ? Oubliées les attaques au vitriol et les dénonciations le long du processus y ayant conduit ! Oubliées la non reconnaissance des résultats de ce qui a été présenté comme une mascarade électorale, et la demande de son annulation. Oui, la politique a ceci de si particulier qu’il est l’art de mentir et de tromper. Sous les tropiques, au bord des rivières du sud, tourner casaque, voire retourner à ses vomissures, éhontement, n’a rien de malsain ! C’est Don Kass qui a ouvert la voie à suivre ! Mais que faire quand on a été rendu à ses propres turpitudes et à son poids plume ?

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Plume à Aboubacar Diallo du 14 Septembre 2015 https://conakryplanete.info/2015/09/14/plume-a-aboubacar-diallo-du-14-septembre-2015/ https://conakryplanete.info/2015/09/14/plume-a-aboubacar-diallo-du-14-septembre-2015/#comments Mon, 14 Sep 2015 11:50:20 +0000 http://conakryplanete.info/?p=5766 plume d'aboubar dialloIl se joue d’eux comme des pions sur un damier, les transbahutant continûment dans le sens à sa guise. Sans trop forcer sa science de vieux bonze acquise au gré de quarante ans de combat digne d’un maquisard, utilisant à profusion la stratégie de la guerre de tranchée, qui consiste à y attirer l’ennemi pour l’y enfoncer, il finit toujours par se les faire.

Le scenario du « déjà vécu ». Le scenario du « déjà entendu », celui du cul-de-sac. A croire que des tuiles précédemment subies, à croire que de toutes les mésaventures subies de lui, le long d’un quinquennat claqué au plan politique dans de futiles chamailles, ils semblent n’en avoir pas assez pris pour leur matricule, c’est navrant, c’est triste, mais c’est aussi de ça, de cette naïveté toute candide, de cette niaiserie digne d’enfants de cœur, que lui, a toujours tiré et continue de tirer ses marrons du feu et tout le bénéfice politique qui va avec. Qui est-il pour ne pas en abuser ? Lorsqu’on sait qu’on a en face de soi de gros nains du bois dont on fait les flûtes, lorsqu’on sait qu’on a en face de soi des roseaux qui plient à tout, lorsqu’on a su qu’il suffit d’un rien pour les faire mordre à l’hameçon, lorsqu’on sait qu’ils finissent toujours par vouloir avaler, sans le croquer, après de puériles agitations, le bonbon qu’ils ont refusé au prime abord, on ne peut qu’abuser d’eux, on ne peut qu’abuser de leur crédulité sans fin. S’il n’en était pas ainsi, dites-moi, comment N fois, ils ont crié au loup dans la bergerie, N fois, ils se sont fait manger leur laine sur la peau ? Comment N fois ils ont rué dans les brancards, N fois, ils ont été drainés à conclure des ententes, N fois, ils ont crié après comme des écorché-vifs ? Comment est-ce possible ? Dites-moi que ceux-là, sont d’innocentes âmes entrées en politique comme par accident, comme par hasard ! Autrement, une moindre fois, « chat échaudé craint l’eau froide », ils auraient pu savoir où poser le pied, pour ne pas continûment marcher sur les mines anti-personnelles dont il a pavé leur chemin et tout le microcosme politique guinéen. A nouveau, je les entends pousser des cris d’Orfraie, se lamentant de ceci, réclamant cela ! Tout cela alors qu’ils sont pieds et poings joints, au fond du traquenard géant, du cul-de-sac béant, dans lesquels il les a toujours conduits, comme d’habitude. Oui, qu’ils sont pris à la prison, au piège de leurs propres turpitudes, infichus de soupçonner une mauvaise quasi incurable d’un adversaire qui a appris à leur donner le change, après les avoir fait espérer d’une volonté pourtant factice de se conduire mieux que la précédente fois. A nouveau, les voici courir dans tous les sens, comme derrière des moulins à vent, les voici à nouveau réduits à quia, les becs dans l’eau, à bailler aux corneilles, conduits à un point de non retour, de gros otages du temps. Oui, le temps, le temps qui ne s’arrête point, le cadran qui tourne aussi cyniquement, contre eux, assaillis de questions auxquelles il faut trouver des solutions (le fichier à mille lieux d’être assaini, le réverbère des conseils communaux et le caillou Ramatoulaye Bah), et amenés, dans le même temps, à aller à la chasse de voix, là-aussi, avec un désavantage concurrentiel fichtrement criard. Il est à se demander, à faire un tour de Conakry, si le sortant n’était pas seul candidat à sa propre succession, tout l’espace public publicitaire lui ayant été dédié, finalement peint au jaune, les nains politiques eux, réduits là-aussi à leur plus pauvre expression, réduits à se contenter de l’affichage mural ou à ne pas exister. Malheureusement, ils n’ont jamais rien vu venir comme depuis cinq ans, malheureusement, ils alarment à nouveau qu’ils sont à un doigt d’abandonner un combat perdu d’avance, en y allant de ce pied. Mais que faire ? Se retirer au milieu du gué, et ne plus avoir comme recours que la rue, sachant que quoi qu’il arrive, le train de l’élection présidentielle, arrivera à quai le 11 octobre, ou se résigner en victimes expiatoires, et participer à légitimer, à créditer une victoire que tout laisse présager en y allant dans les conditions telles qu’elles se présentent à eux ? Voici le choix cornélien qui est le leur ! Pauvres d’eux !

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Plume à Aboubacar Diallo du 1er juin 2015 https://conakryplanete.info/2015/06/01/plume-a-aboubacar-diallo-du-1er-juin-2015/ https://conakryplanete.info/2015/06/01/plume-a-aboubacar-diallo-du-1er-juin-2015/#comments Mon, 01 Jun 2015 01:50:05 +0000 http://conakryplanete.info/?p=1010 plume-300x186Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les maigres espoirs d’une issue possible à la longue et éprouvante crise politique dans laquelle la Guinée est engluée depuis bientôt cinq ans, s’étant envolés, comme il fallait s’y attendre, il est désormais à craindre une nouvelle poussée de fièvre, une bourrasque dont nul ne peut prédire l’issue.

Et enfin, la comédie s’arrêta, et avec elle la trêve de dupe! Ceux qui avaient cru un chouia à l’armistice, ont fini par se rendre à l’évidence, certes sur le tard, mais ils en ont désormais le cœur net qu’il n’y avait rien à attendre de tout cela, ils en ont désormais le cœur net que tout cela n’était qu’un gros théâtre tel qu’on en joue entre deux batailles, juste le temps pour les commandements et les troupes de souffler, de recharger les accus et surtout de réajuster les stratégies, avant de reprendre les hostilités, peut-être pour le combat final, plus prosaïquement parlant. Et au bout, comme depuis cinq ans, c’est la Guinée qui continue d’être prise dans la nasse de leur escobarderie, de leur duplicité. Mais il n’y a rien qui surprenne, c’était un scénario écrit d’avance. Les camps en belligérance eux-mêmes, savaient que l’abîme entre eux était hadal. Ils savaient qu’ils en étaient arrivés au point de non retour, au point culminant de la longue crise de confiance entre eux, qui est allée s’approfondissant au fil des échecs qui se sont accumulés. Ils savaient aussi et surtout que chaque camp en était arrivé comme définitivement, à brûler ses vaisseaux, en jurant devant ses grands dieux de ne point faire marche-arrière, même contre tout l’or du monde. Ils savaient donc qu’ils s’arcboutent sur des positions à la fin, irrémédiablement irréconciliables. Ils savaient tout cela, mais nous ont quand même laissé à nouveau nous monter le bourrichon, du moins ceux qui tardaient encore à se rendre à l’évidence. Finalement, on reste bien enferré dans notre crise politique, doublée de la pire crise sanitaire jamais enregistrée, partie elle aussi pour n’en plus finir, pour s’éterniser. On avait pourtant prédit que toute cette mise en scène, n’accoucherait de rien, on avait surtout dit qu’Alpha Condé n’était pas homme à s’amender, qu’il n’était pas homme capable de dérider, une fois qu’il est monté sur ses grands chevaux et qu’il a juré sur le palpitant, diantre, que diable l’emporte si jamais il cédait d’un pouce, on avait dit que comme à son habitude, il se jouait de tous comme des pions sur un damier, jouant la montre, toujours pour donner le change à ses adversaires, toujours pour leur couper l’herbe sous les pieds, pour finalement les mettre devant une situation de fait accompli, les réduisant à quia et à deux ronds à flan, le bec dans l’eau, pour enfin mettre en œuvre son plan satanique qui consiste à triompher à tout prix, même sans gloire, en ne livrant même pas bataille, ou en le livrant contre des combattants de faire-valoir, parce qu’il aura réussi à enlever aux majors toute envie de livrer bataille, et qui à la fin, bouderont tout pour lui laisser grand boulevard ouvert, mais non sans anicroches, mais non sans que qu’il y ait grabuge, mais vogue la galère, adviendra que pourra, mais il en est ainsi, rien ni personne ne le divertira ni le dérouter, la trajectoire est toute tracée. Il sait qu’il aura à affronter l’opposition dans la rue presqu’au quotidien, il sait que sans répit, il devra faire face à leur furie qui ne faiblira point, à contrario, qui décuplera à mesure qu’elle ouvrira les yeux sur le grand Oméga, solidement charpenté pour l’ultime objectif, un second bail vaille que vaille. Les dés sont jetés, le temps du semblant est arrivé à échéance, les batteries ne tarderont plus à être démasquées, en ce moment, il ne restera plus qu’à s’en remettre à Dieu, lorsqu’ils seront prêts à tout brûler. L’heure est grave, l’heure est très grave, la cocotte-minute, chauffée à blanc, prête à exploser. Les discours des commandements, ont pris un tel tour de vis de raideur que le pire est à craindre, les troupes quant à elles, elles ont fini de fourbir les armes…, Attention, Attention !!! A bon entendeur salut !

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Plume à Aboubacar Diallo du 25 Mai 2015 https://conakryplanete.info/2015/05/29/plume-a-aboubacar-diallo-du-25-mai-2015/ https://conakryplanete.info/2015/05/29/plume-a-aboubacar-diallo-du-25-mai-2015/#comments Fri, 29 May 2015 14:26:34 +0000 http://conakryplanete.info/?p=997 plume-300x186Un calme de veillée d’armes avant la bourrasque. Oui, à ce qui semble se dessiner, la Guinée, pourrait bien très vite renouer avec ses vieux démons qui ne l’avaient quitté que le temps d’une rencontre qui n’a finalement pas valu perpette. Tout ça par la faute d’un homme qui joue la montre.

Puisque la montagne des illusions les plus démentielles qui s’étaient amoncelées autour d’un Yalta donné pour être celui du déclic, s’est effondrée tel un château de cartes, puisque ceux qui y avaient placé le moindre espoir de paix, ont été confondus à leur naïveté bigrement candide, et ont fini par changer de paradigmes et surtout de bésicles, puisque l’opposition et son chef de file, en sont rendus à la conclusion que l’adversaire politique d’en face, n’est pas du métal à forger un homme de dialogue et de compromis, mais plutôt un homme qui n’en fait et n’agit qu’à l’aune de son agenda personnel, celui d’une réélection, vogue la galère, quel que soit ce que cela coûtera, puisque tout cela n’est plus que vérité de la Palice et que chaque camp s’est mis soudain à numéroter ses abattis, on attend plus qu’ils démasquent leurs batteries. On ne le dira jamais assez, loin de nous de jouer les Cassandres, mais jugez-en par vous-mêmes, vous conviendrez avec moi que l’heure est grave, que l’heure est très grave, la roublardise et la veulerie ayant atteint le seuil de l’intolérable, oui, la roublardise et la veulerie quand elles ont été semées à tout vent, en tout lieu et en toute saison, et qu’elles ont fini par aveugler celui qui pense pouvoir les manier à volonté à tout bout de champ, pour se soustraire de tout ou pour donner le change à tous, elles finissent par lacérer et par se retourner contre celui qui en fait usage de cette façon. Voici où il a mené la terre de nos ancêtres, voici où il nous a conduit, dans un cul de sac d’une profondeur abyssale, d’une vacuité hadale. Que de faits se sont produits pour nous en convaincre, pour assoir notre conviction, notre conviction qu’il n’est pas homme à se réformer, qu’il n’est pas homme à s’amender, qu’il n’est pas homme qui, à des moments, est capable de s’élever au-dessus des calculs politiques fichtrement nauséabonds, pour voir la nation en face, pour savoir qu’elle va à vau-l’eau, que de faits nous donnent finalement raison que la seule chose qui vaille pour lui, c’est sa réélection, le reste n’étant que Roupie de Sansonnet, et qu’il fera flèche de tout bois pour y arriver : jouer la montre par une stratégie de pourrissement ou une guerre d’usure, au même moment copter des personnages faire-valoir pour se donner bonne conscience, au même moment détourner les attentions en arpentant le pays à lui conquis, pour dit-on aller à la rencontre des populations à la base, alors qu’il s’agit bien d’une campagne déguisée avant l’heure, au mépris des règles et normes d’une urgence sanitaire qu’il a contribuée lui-même à dévoyer. Mais il faut compter avec l’opposition en face de lui, pour ne pas se laisser aller à ce jeu, pour ne plus se laisser prendre à ce piège dans lequel elle s’était fait pourtant prendre plus d’une fois. Il faut compter avec elle pour qu’elle ne continue plus à avaler ses couleuvres, il faut compter avec elle pour qu’elle prenne la mesure de la gravité du moment, pour savoir qu’elle ne se loupera point. Mais ça il le sait mieux que personne, mais il n’en fera qu’à sa tête, rien n’y fera, pas mêmes les pressions douces de ses voisins ou de la communauté internationale. Mais ce qui est à dire est ceci : Depuis près de cinq ans, le peuple ne hume que l’air impur des colonnes de fumée qui s’échappent des pneus usés brûlés sur nos chaussées par des manifestants, depuis près de cinq ans, tel un scénario écrit à l’avance, c’est le même rapport de force dans nos villes et quartiers, les mêmes scènes d’intifada, de guérilla urbaine, le peuple est lassé de tout ça, il ne demande plus qu’à en être épargné désormais. Quand on claque un mandant à gérer une et seule crise, c’est que quelque part, on se doit soi-même de balayer devant sa porte. A bon entendeur salut !

reste-t-il désormais

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https://conakryplanete.info/2015/05/29/plume-a-aboubacar-diallo-du-25-mai-2015/feed/ 3 997
Plume à Aboubacar Diallo du 18 Mai 2015 https://conakryplanete.info/2015/05/18/767/ https://conakryplanete.info/2015/05/18/767/#comments Mon, 18 May 2015 13:25:44 +0000 http://conakryplanete.info/?p=767 plume-300x186Il est à se rendre compte que le tripatouillage des textes fondamentaux, a encore de beaux jours devant lui, en Afrique, continent repaire des damnés de la terre. On avait cru que l’onde de choc de Ougadougou, l’avait traversée de part en part et fait son effet, hélas ! Elle est toujours là, pour tout gâcher, la grande hypocrite, nommée « communauté internationale ».

D’où qu’ils soient, passés à trépas ou en sursis dans un cachot où ils attendent d’être écrasés comme des punaises, peut-être moins bien, Godefroid Niyombare et Cyril Ndayirukiye, sont des héros. Des héros d’une révolution certes inaboutie, mais des héros d’un Burundi qu’ils voulaient sauver du chaos, d’un Burundi symbole d’une Afrique qui recule, d’une Afrique qui déchante et dégoûte, d’une Afrique qui fait honte à cause d’une boulimie du pouvoir à la limite un défaut congénital avec lequel naissent ceux qui la dirigent, une boulimie que rien ne peut ni ne doit limiter dans le temps, pas même les textes fondamentaux censés réguler la vie des Etats-nations. Nioyombaré et Ndayirukie, vous êtes et vous resterez des héros d’un grand acte salvateur et hautement républicain, même s’il n’a pu aller jusqu’à plein accomplissement, oui, parce que la grande hypocrite en a décidé autrement, parce qu’elle n’a pas voulu qu’elle le soit, quoi que, l’Afrique vous pleurera pour toujours. Vous vous êtes offert en sacrifice pour stopper une hérésie, celle d’un psychopathe, d’un fou du pouvoir qui tient le Burundi d’une main de fer dans un gang de sang, le sang de ses compatriotes, le sang de tous ceux qui ont osé s’opposer à son obsession démoniaque de faire sauter un verrou que nul n’a le droit de toucher, l’Afrique entière vous reste et vous restera reconnaissante à jamais. En votre place, c’est la Sainte Canaille, le peuple au gré d’une action d’ensemble, qui aurait pris son destin en main, pour redresser sa marche victorieuse vers plus de démocratie et d’Etat de droit, comme il l’a fait au pays des hommes intègres, au pays de Sankara. Mais le Burundi est à mille lieux du Faso, donc différent sociologiquement, ethnologiquement, donc politiquement. Le Burundi, c’est surtout son handicap là aussi malformation congénitale, de deux ethnies meilleures ennemies du monde, voici une des raisons de l’échec de l’œuvre de Nioyombare et Ndayirukie. Mais l’autre raison, celle a turlupiné plus d’un, celle à cause de laquelle tout a foiré, c’est bien cette hypocrisie bien connue de cette grande commère, appelée pharisaïquement « communauté internationale ». Oui, parce qu’elle a manqué de clairvoyance et de bonne foi, parce que peut-être elle trouve son compte dans le chaos burundais, au lieu d’aider au parachèvement d’une action aussi salvatrice, elle se mît à maugréer, à bafouiller et à râler comme à son habitude, en condamnant, mais pire à soutenir le retour aux manettes du scélérat de Bujumbura, que tout donnait éjecté, poings et pieds joints, motus bouche cousue d’un exil forcé tanzanien. C’est un recul, c’est une trahison, c’est un acte de félonie envers un peuple, un continent, décidés à s’opposer par tous les moyens à toute velléité satanique de modifier nos constitutions pour s’éterniser au pouvoir. De part en part en Afrique, on avait cru à une belle suite à la révolution burkinabè, ce qui aurait tonné fort jusqu’à ébranler le palais de la Nation de la Gombé à Kinshasa, et le palais de la Marina, à Cotonou pour ne citer que ceux-là. Aujourd’hui que ce bloc enfariné qui ne rime à rien qui vaille, qu’on appelle communauté internationale, se fasse malmenée de partout, contestée pour son rôle parfois ambigu, le ton est donné en Guinée, cela ne doit guère surprendre. J’ai entendu de tout, formules classiques éculées mon œil, rétablir l’ordre constitutionnel, respect des institutions démocratiquement élues…j’en passe et des pires, pendant ce temps que faites chers messieurs Obama, Cameron, Hollande du respect de nos constitutions qui imposent qu’au terme de deux mandants, on n’a plus le droit de se représenter ? Que faites-vous-en ? Vous avez refusé d’aider à la conclusion d’une action qui dans la foulée de la tempête ougalaise, aurait fait tache d’huile, finalement c’est un gros coup de pétard mouillé, parce que vous n’avez pas cassé la patte à canard, le Burundi reste au bord du précipice, plus que jamais livré à la violence. Quid de l’Union africaine ? Les propos d’Edem Kodjo ont fendu le cœur de plus d’un, c’est simplement honteux. Pourtant, il y avait lieu de tenir l’échelle à Nioyombaré et Cie, pour ébranler à jamais les émules du président Mahatir de la Malaisie.

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DECES DE DJIBRIL LEVIA : ‘’Un homme ouvert et sympathique’’, selon Moustapha Naïté https://conakryplanete.info/2015/02/23/deces-de-djibril-levia-un-homme-ouvert-et-sympathique-selon-moustapha-naite/ https://conakryplanete.info/2015/02/23/deces-de-djibril-levia-un-homme-ouvert-et-sympathique-selon-moustapha-naite/#comments Mon, 23 Feb 2015 13:40:18 +0000 http://conakryplanete.info/?p=109 BaidyLevia-620x234L’ancien candidat du RPG-arc-en-ciel à Kaloum, au compte des dernières élections législatives, Djibril Lévia Bangoura, est décédé ce matin à la clinique Sino-guinéenne de Kipé. Selon le ministre de la jeunesse et de l’emploi des jeunes, Moustapha Naïté, que nous avons joint alors qu’il était dans la maison mortuaire, le défunt souffrait d’une infection pulmonaire.

Il était, dans un premier temps, alité à l’hôpital national Ignace Deen. Mais il a été tout récemment transféré à l’hôpital sino-guinéen de Kipé où il a rendu l’âme ce samedi matin. Selon Moustapha Naïté, le programme des obsèques n’est pas encore défini, dans la mesure où la famille ne s’est pas encore prononcée. Il pense tout de même que l’inhumation pourrait intervenir demain dimanche. Mais en attendant, le ministre de la jeunesse dit prier pour le repos de son âme. Il dit garder du défunt l’image d’un homme ouvert, gentil et sympathique.

Il est à préciser que DJibril Levia avait perdu la circonscription de Kaloum face au candidat de l’UFR, Baïdy Aribot. Une défaite que certains avaient imputé au manque d’envergure et d’aura du candidat du parti au pouvoir

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