Les heurts ont éclaté vendredi après-midi et se sont poursuivis jusque tard samedi entre partisans du président Alpha Condé, candidat de la majorité en campagne pour le scrutin du 11 octobre, et sympathisants de candidats de l’opposition dont son principal adversaire, Cellou Dalein Diallo, selon des témoins et des sources de sécurité.
Samedi, une source hospitalière avait fait état de 23 blessés – 16 par balles, six par des jets de pierres ou des coups de bâton, un dans un accident de la circulation. Le bilan a été revu à la hausse par le chef de mission en Guinée de l’ONG médicale humanitaire indépendante Alima, Olivier van Eyll, joint dimanche de Conakry par l’AFP.
« Nos équipes, en collaboration avec la Croix-Rouge guinéenne, ont assisté l’équipe médicale de l’hôpital régional de N’Zérékoré pour soigner environ 80 blessés par balle ou par des jets de pierres plus ou moins graves entre vendredi et samedi », a déclaré M. van Eyll, précisant : « Il y a eu malheureusement un cas de décès parmi les blessés ».
Selon lui, douze des blessés ont passé une nuit à l’hôpital et ont été libérés le lendemain, les autres cas n’ont pas requis d’hospitalisation.
En raison des violences, le préfet de N’Zérékoré, Aboubacar Mbop Camara, a imposé un couvre-feu de 18H00 à 06H00 dans la ville à compter de dimanche et jusqu’à nouvel ordre, a affirmé à l’AFP une source à la préfecture.
La décision a été prise à l’issue d’une réunion avec des responsables municipaux, des représentants de partis politiques, des dignitaires communautaires et coutumiers, elle vise à « apaiser les tensions et ramener le calme dans la ville », a indiqué cette source.
L’instauration du couvre-feu a été confirmée par un proche collaborateur du préfet, évoquant « un grand risque de conflit communautaire » à N’Zérékoré « à cause de mauvaises informations distillées par les différents partis politiques ».
Selon un responsable de la gendarmerie sur place, le commandant Fodé Mohamed Sylla, 13 personnes ont été arrêtées en lien avec ces violences et devraient être prochainement présentées à la justice.
« Sept d’entre elles l’ont été dans la journée d’hier (samedi), et les six autres ce dimanche », et certaines d’entre elles « avaient des fusils de fabrication artisanale », a précisé le commandant Sylla.
Toutes seront présentées à la justice devant laquelle elles « répondront de leurs actes », a-t-il ajouté.
Il s’agit du deuxième incident de ce type en Guinée depuis l’ouverture de la campagne électorale le 10 septembre.
Le 20 septembre, au moins 17 personnes avaient été blessées dans des violences entre partisans d’Alpha Condé et de Cellou Dalein Diallo à Koundara (nord), d’après des sources de sécurité et des témoins.
Dans un communiqué publié dimanche, la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE UE) déplore « les derniers incidents survenus au cours de la campagne » en vue de la présidentielle en Guinée.
« Ces incidents témoignent d’une atmosphère de campagne extrêmement tendue. Tous les acteurs du processus électoral devraient avoir à coeur d’éviter que le recours à la violence n’accompagne leur démarche », déclare cette mission déployée depuis le 2 septembre.
Elle appelle un apaisement du climat « pour que tous les acteurs politiques puissent diffuser sans obstacles leurs idées et leurs programmes de société à la population », et elle « invite toute la classe politique à tenir des discours responsables en évitant tout propos pouvant inciter à la violence ».